Le Front de gauche a vécu, Jean-Luc Mélenchon s’éloigne pour rassembler autour d’une VIe République et pourtant, les communistes ont toujours l’espoir chevillé au corps. La preuve : ils sont partis étudier chez Gaby Charroux, le député-maire de Martigues, l’un des derniers bastions où « le PCF représente encore une force ». Entre discussions autour du projet de loi de finance, réforme territoriale et soutien aux salariés des moulins Maurel, délogés récemment de leur entreprise par des CRS, l’ambiance est studieuse et reste empreinte d’une certaine confiance.
Il faut dire que tous les éléments sont réunis pour que la gauche de la gauche se fasse entendre. Le Sénat vient de rebasculer à droite, la troisième défaite électorale en six mois pour François Hollande, avec en toile de fond un débat économique emmené par les frondeurs du Parti socialiste, qui critiquent la ligne sociale-libérale de Manuel Valls. Le « moment est crucial », confie d’ailleurs Éliane Assassi, présidente du groupe communiste, républicain et citoyen (CRC) au Sénat à l’Humanité. Pour elle, c’est la « sanction » d’une politique austéritaire « sans précédent dans l’histoire de la Ve République ».
Mais alors comment faire pour fédérer ? Certains esquissent une solution, comme le sénateur Dominique Watrin, sénateur du Pas-de-Calais : « Le logiciel d’union de la gauche a vécu. Il faut passer à un logiciel de rassemblement populaire ». Ou le député de Seine-Saint-Denis, François Asensi, qui souhaite « lancer le mot d’ordre d’un nouveau Front populaire ». Entre rassembler la gauche et rassembler le peuple, la question n’est donc pas encore totalement tranchée.
Sans Mélenchon, comment exister médiatiquement ?
Ce que les parlementaires oublient également de rappeler, c’est que trois sénateurs communistes sur les cinq renouvelables dimanche dernier ont perdu leur siège (il y a 18 communistes au Sénat). Le PCF poursuit donc sa lente chute dans l’opinion publique, malgré son bon score à la présidentielle de 2012, en partie grâce au miroir médiatique déformant de Jean-Luc Mélenchon.
Car en réunissant 11% des voix, le candidat du Front de gauche avait surtout réussi à rassembler une opposition de gauche à François Hollande, siphonnant ainsi les voix de Lutte ouvrière, des écologistes ou de la Ligue communiste révolutionnaire, réduits comme peau de chagrin.
Là où Jean-Luc Mélenchon parvenait à hisser ses idées sur toutes les tribunes, le PCF, seul, a du mal à se faire entendre. Si le rejet de la politique du président de la République est massif, « nous ne sommes pas visibles, pas audibles, pas crédibles », explique Éric Bocquet, sénateur du Nord, toujours dans le même article. Réinventer la gauche, c’est peut être déjà réinventer sa façon de communiquer…
(Crédit photo : Flickr/CC/thierry ehrmann)