Le Temps, de Lausanne, constate que l’électorat français n’a voulu ni du frexit ni du grand soir révolutionnaire, mais aussi que le logiciel de la Ve république est désormais brisé. Restent en présence deux visions de la France : l’une retranchée derrière ses frontières, l’autre ouverte sur le monde. Et le choix final pourrait changer la face du monde.
À Londres, The Guardian confirme que l’Hexagone a rejeté les figures traditionnelles de la scène politique, perçues comme les forces de l’immobilisme. En Autriche, nos confrères du Standard observent le même séisme. La Ve république est ébranlée, car les finalistes se situent hors des deux grandes familles qui, depuis plus de soixante ans, façonnaient la vie politique française. Conservateurs et socialistes sont à terre. Ces deux grandes formations se sont tiré une balle dans le pied, écrit aussi le New York Times.
Caméléon diabolique
Madame Merkel et Monsieur Juncker ont transmis au gagnant du premier tour leurs félicitations. Mais pour la presse suisse et belge, comme 24 heures, ce succès est celui d’un ovni qui met à mal le clivage droite gauche. Si le journal grec Katimeri tient le score de l’ancien ministre comme une bonne nouvelle, sans triomphalisme, il est apprécié par le Washington Post comme un centriste atypique. Emmanuel Macron reste une énigme, converge le New York Times. Depuis Madrid, El Pais le dépeint comme un caméléon politique à l’habileté diabolique.
Vu de Rome, Il sole caractérise l’ancien conseiller de l’Elysée comme « celui qui gagne parce que les autres se cassent la figure », tout en gardant espoir, car il s’agit d’un europhile. Foreign Policy, depuis les États-Unis, confirme que l’Europe a trouvé son champion. Réserves du quotidien El Periodico, soulignant que Marine Le Pen peut l’emporter au second tour. Une perspective qui effraie l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Un confrère du quotidien israélien Haaretz relativise la puissance de l’extrême droite, en observant que la fille Le Pen n’obtient que « seulement 5% de plus que son père il y a quinze ans.» The Economist souligne combien le vote du 7 mai sera crucial si la France veut « tenir tête au populisme nationaliste.»