Dans le cadre d’une campagne nationale pilotée par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques), la fédération Atmo France a mesuré la présence de résidus de pesticides dans l’air dans 50 sites de France entre juin 2018 et juin 2019. Les résultats des prélèvements sont tombés le 22 juillet dans un communiqué AtmoSud (lire l’intégralité de la note technique page suivante).
Dans le Vaucluse, trois sites ont été observés : Avignon et Cavaillon (sites arboricoles) et Carpentras (milieu viticole). Au total, 45 substances ont été retrouvées sur l’ensemble des trois sites, dont 26 qui étaient déjà suivies depuis 2012 et 19 nouveaux composés qui ont été évalués pour la première fois (3 n’ont pu être quantifiés). La répartition est homogène entre les 3 catégories avec 15 insecticides, 15 fongicides et 12 herbicides.
AtmoSud met en avant trois statistiques sur la présence de résidus herbicides, insecticides et fongicides dans l’air :
(1). Parmi les herbicides, le glyphosate figure parmi les plus connus du public. En Région Sud, c’est sur le site arboricole de Cavaillon qu’il a été détecté avec la concentration la plus élevée au niveau national (0,156 ng/m3).
(2) Deux insecticides obtiennent les concentrations les plus élevées (à 12 ng/m3) parmi les 50 sites nationaux de la campagne : le pyrimicarbe à Carpentras et le phosmet à Cavaillon.
(3) Pour les fongicides, le folpel est un fongicide essentiellement retrouvé proche des sites viticoles. Carpentras est le 7e site national en termes de concentrations et le 1er site de maraichage (1,413 ng/m3).
Utilisés dans le secteur agricole, par les collectivités, pour le traitement des parcs et des jardins, et à titre privé, les pesticides sont présents dans l’eau, dans les sols mais aussi dans l’air. En plus de dégrader l’écosystème et de perturber les sols et les eaux, ces substances ont des conséquences sur la santé. « Certaines substances ont à moyen ou long terme des effets cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction» rappelle AtmoSud.
Une première et dernière étude faute de moyens ?
Surveiller la présence des pesticides s’avère indispensable. Depuis 2012, AtmoSud réalise chaque année des prélèvements dans l’air pour connaître la concentration des résidus pesticides dans l’air mais l’association s’appuie sur des subventions éparses de l’Etat, de l’ARS, de la Région Sud et en grande partie de fonds propres.
Même constat à l’échelle du territoire français, les fonds octroyés sont répartis de façons inégalitaires entre les régions et réduit ainsi les marges de manoeuvres de certaines associations. Faute de moyens financiers, la campagne de prélevements des résidus pesticides dans l’air dite « inédite » risque d’être la première et la dernière organisée sur toute la France.
Contacté par Gomet’ le 29 juillet, Alexandre Armengaud, responsable de la coopération scientifique chez AtmoSud a confié l’impossibilité pour AtmoSud de réitérer les travaux de prélèvements de résidus de pesticides cette année par manque d’argent. Pour pallier ce manque de moyens la fédération Atmo France et AtmoSud souhaitent que l’Etat via le ministère de l’agriculture ou de l’environnement, accorde des dotations spécifiques de façon équitable et durable pour chaque association afin de surveiller la présence de ces substances. « On est prêt pour une surveillance pérenne, car nous avons une méthode qui permet de comparer avec d’autres régions les résultats obtenus. On a prouvé techniquement qu’on a un protocole qui fonctionne à l’échelle nationale. Maus il faudrait harmoniser les fonds financiers pour poursuivre nos observations», assure Alexandre Armengaud.