La société publique locale (SPL) La Ciotat Shipyards qui a remplacé en 2010 l’ancienne société d’économie mixte Semidep-Ciotat, créée en 1995 a été l’objet d’un rapport de la Chambre régionale des comptes Provence Alpes Côte d’Azur portant sur la gestion de la période 2016 à 2022 (voir l’intégralité en document source). Il a été rendu public le 17 octobre 2024.
Le capital de LCS est détenu par quatre actionnaires : la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (minoritaire), la Métropole Aix-Marseille-Provence, le Département des Bouches-du-Rhône et la commune de La Ciotat.
« L’activité de la société consiste à exécuter le contrat de concession qui lui a été attribué par le département en 1996. La convention a pour objet principal la reconversion et le développement économique du site industriel des chantiers navals ainsi que la création d’emplois sur le territoire de La Ciotat. Le contrat comprend également la gestion du Port‑Vieux, qui n’apparaît toutefois pas comme prioritaire dans la stratégie de la société. Les actionnaires interviennent en faveur de la société par des apports en capital et l’octroi de subventions » rappelle en préambule la CRC dans sa synthèse.
« La société n’apparaît pas structurée pour conduire des projets lourds »
Elle pointe plusieurs problèmes, assortis de recommandations. Selon les magistrats « la compatibilité de ces financements avec le droit européen n’est pas assurée. » Côté RH et comptabilité, la CRC reste pour le moins sur sa faim : « La société a vu son effectif augmenter depuis 2016, qui reste de taille modeste, avec un effectif de 44 salariés pour un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros en 2022. La dynamique salariale importante ne repose pas sur des bases clairement définies. La gestion administrative, très externalisée, doit être améliorée. La société ne dispose pas d’une comptabilité analytique lui permettant de s’assurer que les tarifs pratiqués couvrent les charges de chaque activité et qu’il n’existe pas de financements croisés entre le site industriel et le Port-Vieux, ou au sein des activités du site industriel. »
La chambre régionale poursuit : « Les tarifs appliqués évoluent sans règles objectives, ils reposent sur des dispositifs historiques non précisés. La société n’apparaît pas structurée pour conduire des projets lourds. La réalisation de la plateforme pour les méga-yachts, qui a été livrée dans les délais prévus en 2022, a été marquée par une conduite de projet déficiente, des contentieux, des protocoles transactionnels multiples et un dérapage des coûts. »
Le modèle économique en question
« La réparation et la rénovation de yachts (refit, en anglais) sont devenues la spécialité du site. La société n’intervient pas directement sur les navires mais loue des emplacements et des locaux à des sociétés privées et leur fournit des services de manutention. Elle se rémunère par les redevances qu’elle encaisse en contrepartie de ces prestations. Pour se maintenir ou se développer dans ce secteur hautement concurrentiel, la société doit réaliser des investissements de plus en plus importants. L’apport financier des actionnaires a été notable depuis 2016, complété par une forte participation du secteur privé, notamment celle d’une filiale du leader mondial du secteur du refit, installée sur le site depuis 2017 » (la société MB92 basée à Barcelone, ndlr).
Un mode d’intervention « atypique » dans le domaine maritime
L’observation principale du rapport est l’invitation à changer de statut : « L’intervention de collectivités locales au travers d’une société publique locale est atypique dans le domaine maritime. Si elle se justifiait dans les années 2000 pour engager la réindustrialisation du site, la situation économique actuelle est différente. Au regard de l’importante croissance économique du site, de la présence d’une société, leader mondial du refit détenant les principales autorisations d’occupation pour des durées particulièrement longues, la pertinence du maintien d’une société publique locale n’apparaît plus évidente.»
Le rapport a fait l’objet de deux réponses écrites, annexées au dossier. D’une part de Jean-Yves Saussol, l’ancien directeur qui avait été démis de ses fonctions en 2021 et qui défend son bilan. Jean-Yves Saussol avait été remplacé par Philippe Vincensini. Cet ancien directeur général des services de la Ville de La Ciotat n’a pas été renouvelé et a quitté le poste fin juillet 2024 (selon nos informations, il n’est toujours pas remplacé). D’autre part de Patrick Ghigonetto, représentant de la Métropole Aix-Marseille Provence, maire de la commune voisine de Ceyreste et président de la SPL LCS. Lui aussi défend point par point la stratégie et l’organisation de la société et conteste le bien-fondé d’une privatisation.
Document source : le rapport d’observations définitives de la CRC sur la SPL La Ciotat Shipyards
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Le site de la Chambre régionale des comptes Provence Alpes Côte d’Azur