Lever de rideau sur la Cité de l’image à Arles. Le débat sur la mesure phare du conseil municipal d’Arles, jeudi 3 avril, a été animé et nourri (1h15 de débat). Le vaste projet urbain baptisé « Cité de l’image » est dévoilé et présenté par le 1er adjoint Jean-Michel Jalabert.
La ville d’Arles propriétaire d’un foncier de 6,65 hectares, dit des Minimes, est stratégique. Il est situé à proximité de l’hyper-centre d’Arles, en bordure de l’axe routier de Pont-de-Crau, proche de la Fondation Luma, de l’IUT et de l’école MoPa. Il a fait l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt, en vue de le vendre. Les candidats devaient faire leur proposition sur la base d’un projet de création de quartier, qualifié de « Cité de l’image », qui comprendra de l’habitat, des espaces de formation inclus dans un campus de l’image, et des surfaces d’activités économiques, ludiques et culturelles.
Ce futur quartier veut s’inscrire dans une logique d’écoquartier et de développement durable. Un appel à manifestation d’intérêt a été publié sur le site de la Ville du 4 octobre 2024 au 6 janvier 2025. Deux groupements se sont portés candidats. La proposition baptisée projet “Mix-Cité” du duo de promoteurs Redman (Aix) et Vestia (Montpellier), dessiné par l’urbaniste Rougerie + Tangram (Marseille), a été retenue.
La mairie explique son choix par une série d’arguments qui « offrent la meilleure adéquation avec les conditions définies par la Ville pour un programme concourant : au développement d’une pôle de formation et d’activités autour de l’image, à la prise en compte des enjeux de mobilité et de maillage inter-quartiers, au positionnement du projet en écoquartier, offrant une large place aux mobilités douces, à la végétalisation des espaces communs, à l’intégration de l’opération dans son environnement urbain avec ses contraintes et atouts, à une approche bioclimatique de l’habitat. » Il est donc proposé au conseil municipal la cession de l’ensemble des fonciers constituant le site des Minimes, à un prix total de 6,9 M€, payable comptant.
Cité de l’image : écoles, incubateur, bureaux, cinéma, logements intergénérationnels et parc
Dans le détail, l’opération propose, au nord du périmètre, un campus de l’image de 6 500 m2, avec déjà 4500 m2 destinés au groupe EDH spécialisé dans les métiers du cinéma, de l’audiovisuel et des industries créatives, basé à Paris. Le projet est dessiné par l’architecte star Jean-Michel Wilmotte, déjà choisi pour réaménager l’ancien collège Mistral de la ville.
Un incubateur d’entreprises travaillant autour de l’image et de l’animation numérique, Station A, est également annoncé sur une surface de 4 500 m2. Plusieurs espaces seront dédiés à tout l’univers du numérique, comme un lab autour de la réalité virtuelle, une plateforme des savoirs numériques pour la formation continue.
La Cité de l’image comprendra également un multiplex de cinéma sur 3 000 m2 avec une salle de sport et une de réalité virtuelle. Le 1er adjoint annonce également la présence d’une halle gourmande, de commerces et de restauration ainsi qu’une salle de sports et la présence de la Luma Factory. « Luma y développera des activités autour du vivant et de l’agriculture », observe Jean-Michel Jalabert.
La partie sud sera consacrée à l’habitat avec la création de 760 logements intergénérationnels, répartis en 300 logements en accession libre, 160 logements étudiants et 300 logements sociaux pour « principalement trois catégories : les jeunes actifs (80 logements) des étudiants ou saisonniers (80 logements) et des résidences seniors (80 logements) ». Deux parking silo d’un total de 850 places doivent permettre aux résidents et utilisateurs de se garer puis de privilégier les mobilités douces sur le périmètre. Et « un grand parc paysager de trois hectares constituera un véritable poumon vert » au sein du quartier, souligne la Ville.
L’opposition dénonce un projet construit « sans les Arlésiens »
Après la présentation, l’opposition de gauche tire à boulets rouges. Tour à tour les élus Marie Andrieu, Jean-Frédéric Dejean, Mohamed Rafaï, Virginie Maris ou encore Carole Guintoli dénoncent à la fois la méthode et le fond du projet. Il s’agit d’un « déni de démocratie », selon Mohamed Rafaï, qui estime que le projet n’a pas été discuté en amont et qu’il doit être retiré de l’ordre du jour.
Tout y passe, bien au-delà de la Cité de l’image. Pêle-mêle, le groupe municipal Parti des Arlésiens vilipende la verticalité du pouvoir municipal, et même son « parisianisme », de « la poudre aux yeux avec des éléments de langage », le manque de considération pour l’impact environnemental, notamment sur la biodiversité, une valorisation du terrain qui ne serait pas à la hauteur ou encore une vision ségrégative du logement social et un coût des formations privées envisagées prohibitif. Pour l’opposition c’est un projet hors-sol, néfaste et construit sans les Arlésiens, dans un but « électoraliste ».
Les critiques s’adressent aussi sur le fond à la programmation et à la cible du projet : les étudiants, les seniors et du logement social ciblé sur les jeunes actifs. La mairie est accusée de catégoriser la population, notamment sur le logement social. Le projet de campus avec le choix d’un groupe privé est particulièrement contesté compte tenu des prix à l’inscription (10 000 euros), hors de portée des budgets des ménages moyens arlésiens, dénonce encore la gauche.
Patrick de Carolis : « Deux visions de la ville »
La majorité conteste les arguments et défend sa démarche. « La concertation démarre aujourd’hui », défend le 1er adjoint. Sophie Aspord, déléguée à l’urbanisme, l’aménagement du territoire, le foncier et le patrimoine, rappelle de son côté l’ensemble des procédures à venir pour rassurer. Cette cession sera précédée d’un avant-contrat avec des conditions, en particulier l’obtention de la (ou des) autorisation(s) d’urbanisme nécessaire(s) au projet, d’avoir purgé les délais de recours et de retrait administratif.
Patrick de Carolis conclut le débat en constatant qu’il met en évidence « un fossé entre deux visions de la ville, celle du passé et celle de l’avenir que nous portons (…) et je laisserai les Arlésiens trancher ». Le début des travaux sur le quartier de l’image est envisagé pour 2026.
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