Le forum « Question Centrale, défense et aéronautique » organisé par Gomet’ et Centrale Méditerranée mercredi 12 novembre après-midi à Marseille a permis de croiser les regards, à la fois militaires, industriels, académiques et économiques. Le tour d’horizon intense et alimenté par une actualité très riche, à l’heure du réarmement français et européen qui s’accélère face aux menaces extérieures, a permis d’offrir aux quelque 300 participants, étudiants et décideurs publics et privés, un panorama des défis qui sont désormais devant nous.
Le gouverneur militaire de Marseille, commandant de la zone de défense sud, le général de corps d’armée Yves Métayer, en poste dans la région depuis la fin de l’été, a pris le temps de rencontrer les participants de l’événement dans l’espace rencontres avant d’intervenir en plénière lors d’un discours où il n’a pas caché les enjeux de la transformation en cours. « Ce n’est pas nous qui choisissons nos ennemis, c’est lui qui vous désigne. Et vous pourrez faire toutes les protestations possibles d’amitiés, il restera votre ennemi et vous empêchera de cultiver votre jardin.» Le décor est planté sans fioritures par Yves Métayer, en tenue militaire puisqu’il doit participer juste après son passage sur le campus de Centrale à un exercice opérationnel à Istres.

« Nous vivons aujourd’hui le retour de la force et de la violence de manière totalement déshinibées. Quand un Etat a besoin de satisfaire ses revendications, il ne passe plus par le droit international, par l’ONU, etc. Il utilise la force militaire.» Et d’égrener les exemples récents : l’Ukraine, l’Arménie, les menaces de la Chine sur Taïwan, ou encore les survols de drones en Europe, y compris en France, dans le cadre d’une guerre hybride organisée par une puissance extérieure.
Yves Métayer : « « Il y a une opportunité pour les Européens de saisir leur destin »
Pour le général, qui vient de passer quatre ans à Paris l’état-major des Armées, il n’est plus temps de caractériser l’ennemi. Il s’agit désormais d’être prêt à se défendre. En particulier quand le fidèle allié et protecteur les Etats-Unis regarde ailleurs, vers l’Asie, et adopte une nouvelle méthode transactionnelle, basée sur le commerce plus que sur les valeurs démocratiques. « Il y a une opportunité pour les Européens de saisir une bonne fois pour toute leur destin, notamment leur architecture de paix et de sécurité. » Les efforts d’investissements dans le cadre de la loi de programmation militaire doivent y participer mais ils ne feront pas tout, avertit le général Métayer : « L’engagement majeur, ce ne peut pas être que l’affaire des armées. Les défis sont tels que c’est l’affaire de toute la nation. »

Le pays, la région, le territoire d’Aix-Marseille étaient bien représentés sur le campus de Centrale, avec de nombreux fleurons industriels comme Airbus Helicopters, Naval Group, Thales, Dassault, Onet Technologies ou d’entreprises duales, à l’instar de Barjane ou Proneem.
Des décideurs militaires (Direction générale de l’armement, Centre d’information et de recrutement des forces armées) et institutionnels, engagés dans les projets territoriaux (Pôle aéronautique Jean-Sarrail d’Istres, Pôle Safe, Pacte Sud Avenir Hélico, One Provence…) ont témoigné de leur mobilisation. Les étudiants de Centrale Méditerranée emmenés par les représentants de KSI, la junior entreprise de l’école, ont démontré leur intérêt et fait part de leur questionnement face à ce monde en bascule. Le début d’un changement de paradigme.

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