Les élèves de 1ère bac pro automobile (Auto1) du lycée professionnel Frédéric Mistral, dans le quartier de Sainte-Anne (8e), ont plus souvent l’habitude de travailler la mécanique que de faire de long discours. Pourtant, ce jeudi 9 mai, tous ont pris la parole au moins une fois. Lors de débats préparés ou impromptus. Certains sont évidemment plus loquaces que d’autres. L’aisance de quelques jeunes aurait même fait pâlir les meilleurs orateurs. Innée ou non, cette assurance orale a été travaillée pendant de nombreuses heures puisque les jeunes suivent depuis deux ans le projet baptisé « AirLoquence ».
Imaginé par Victor Hugo Espinosa, président de la fédération L’air et moi, cette opération a pour but de montrer que le développement de la créativité et la prise de parole en public sont des atouts importants pour l’apprentissage de l’éco-citoyenneté et l’action en faveur de la préservation de l’air dans les lycées. Au sein de Frédéric Mistral, il a en tout cas fait ses preuves.
Présentation du programme #AirLoquence, qui sensibilise des lycéens à la question de la qualité de l’air tout en leur permettant de gagner en confiance pour prendre la parole en public. Ici au lycée professionnel Frédéric Mistral de #Marseille pic.twitter.com/ahyRb3hPFY
— Gomet’ (@Gometmedia) 9 mai 2019
« Je n’ai plus peur de parler en public »
Andréas, jeune garçon, pioche un papier. « Dis-nous un petit texte à partir du mot qu’il y a écrit », lui donne pour consigne Victor Hugo Espinosa. « Sport », annonce l’étudiant. Sans tarder, il commence : « Le sport c’est le bien-être. On ne peut pas vivre sans, en tout cas pas moi. Le sport c’est pour se détendre quand on est énervé, frapper dans un sac. Sans sport c’est la vie ». Cet exercice, les élèves ont eu à le répéter au cours d’une dizaine de séances. Pour les aider, Victor Hugo Espinosa leur a donné une méthode. « On part d’un mot auquel on associe quatre images. Par exemple, pollution de l’air avec usine, respirer, maladie, voiture. De là, on peut parler pendant au moins une minute. Puis on associe encore d’autres mots pour parler plus longtemps ».
Une technique qui marche. Même si ça coince un peu parfois pour certains chez qui la timidité reste tenace malgré les exercices. Quand bien même, les progrès sont là. Si l’équipe enseignante du lycée les ont remarqués, les élèves eux-mêmes en ont conscience. « J’ai appris à mieux m’exprimer et j’arrive mieux à parler aujourd’hui », témoigne Youcef. Walid, son camarade, enchérit : « Ça nous a servi à parler devant du monde, à ne pas avoir peur, à ne pas être timide ». Moins de stress, moins de peur face au regard des autres et aussi plus de bienveillance entre eux. Il en découle même une meilleure ambiance au sein de la classe, ce que les professeurs apprécient. « Apprendre à parler, à dire les choses, c’est important. Ça évite beaucoup de problèmes et ça vous servira dans votre futur », met en avant Victor Hugo Espinosa, pas peu fier de l’aisance acquise par chacun des adolescents.
Et l’environnement dans tout ça ?
Les jeunes ont gagné en confiance, aucun doute là-dessus. Mais l’objectif de sensibilisation à la qualité de l’air a-t-il aussi été atteint ? Rédouale est le premier à se jeter à l’eau pour s’exprimer. « On a appris beaucoup de choses oui, et notamment que si on ne met pas tous du nôtre, on ne pourra pas protéger la planète et elle risque de mourir ». Les élèves ont préparé des débats pour cette journée, sur les thématiques de la pollution émise par les voitures et sur les conséquences du dérèglement climatique. Ils ont ainsi chacun eu à se renseigner sur ces sujets pour monter une argumentation. Des recherches qui ont amené Nabil à changer quelques habitudes depuis. « Maintenant je privilégie les douches plutôt que les bains. C’est un petit geste, mais si tout le monde le fait ça devient important. J’ai un scooter aussi. Il pollue beaucoup donc j’évite de trop le prendre ». Thomas, lui, essaye aussi de convaincre ses parents de ne plus avoir recours systématiquement à la voiture, d’autant plus pour les petits trajets du quotidien.
Outre les élèves de première du lycée Frédéric Mistral, neuf autres établissements de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur sont partenaires du projet AirLoquence, comme Saint-Exupéry (15e), Victor Hugo (1er) et des établissements de Draguignan ou encore Nice. L’idée est de tester avec eux des enseignements pour ensuite les dupliquer un peu partout. Ce projet s’inscrit dans un programme plus global, baptisé L’air et moi, qui depuis 10 ans sensibilise écoliers, collégiens et lycéens à la pollution de l’air. Un sujet plus que d’actualité et qui nécessite d’agir quand on sait que la pollution atmosphérique cause 7 millions de décès prématurés dans le monde par an, dont 50 000 en France.
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