Les œuvres figuratives de Bottero et de Picasso ont laissé place aux peintures et dessins de Nicolas de Staël. 71 peintures et 26 dessins réalisés lors du séjour de l’artiste en Provence, entre juillet 1953 et juin 1954. Voyage dans cet univers coloré et lumineux à travers les salles de l’hôtel de Caumont jusqu’au 23 septembre.
Nicolas de Staël voit à Marseille un ciel tout rouge plonger sur la mer bleu marine. , les barques sont orange, les arbres bleus ou verts. Le cheval aussi s’habille en vert pomme… La véritable matière de cet artiste d’origine russe, c’est la couleur. À grands coups de pinceau ou de couteau, ce créateur tente de réduire le fossé entre peinture figurative et art abstrait. Il cherche surtout à présenter la réalité de la nature brute. Très peu de silhouettes humaines sur ses toiles, plutôt des routes et des lointains flous.
Contradiction
Né en 1914 à Saint-Petersbourg, où son père gouvernait la forteresse Pierre et Paul, cet homme tourmenté avoue avoir « toujours besoin d’une bonne contradiction pour peindre librement ». Entre 1953 et 1954, un an avant de choisir la mort (mars 1955, en sautant par la fenêtre de son atelier d’Antibes), de Staël traque la lumière implacable en Italie et en Provence. En un an, pas moins de 250 œuvres, assurant dans un message au marchand d’art Paul Rosenberg « de quoi réaliser la plus belle exposition que je n’ai jamais faite. »
Pour mieux percevoir ces variations de lumières et couleurs, dont il se gorge quotidiennement , il s’installe à Menerbes, au cœur du Luberon, surplombant la vaste cuvette du Vaucluse. Le moindre rocher devient sous ses brosses un rectangle blanchâtre, et ocre un toit de maison.
Légionnaire
Avant cette fureur créatrice, à l’âge de 25 ans, Nicolas Vladimirovitch s’engage dans la légion étrangère. Il tient l’autorité comme une des fulgurances en art, mais désire la conjuguer avec une autre passion, celle de l’hésitation.
À tous ceux qui rêvent de, et en, couleurs, le détour estival par l’hôtel de Caumont à Aix-en-Provnce est vivement conseillé. Bien avant le couple Macron pour les murs de l’Elysée, le président Obama n’avait il pas choisi s’accrocher dans le bureau ovale de la Maison Blanche un Nice de ce virtuose ? Qui confiera un jour au poète René Char son voisin : « Le soleil lui même fera des dentelles rares avec n’importe quelle serpillière ! »
Informations pratiques
> Nicolas de Staël en Provence, jusqu’au 23 septembre 2018
> 3 rue Joseph Cabassol – Aix-en-Provence
> Tous les jours de 10h à 19h / visite commentée tous les jours à 17h
> Tarifs 10 € à 14 €
> www.caumont-centredart.com