Il y avait beaucoup à dire, ce lundi 19 mars à La Coque, pour les membres de Medinsoft, après la décision de Jean-Claude Gaudin, président de la Métropole Aix-Marseille Provence de confier les clés d’Aix Marseille French Tech (AMFT) à l’équipe concurrente de Pascal Lorne. Au programme de cette réunion : la présentation des résultats de l’année 2017 et surtout lever les doutes sur l’avenir de Medinsoft.
La structure créée en 2003 n’est pas remise en cause. Elle poursuivra sa route sans faire de concurrence à la nouvelle gouvernance. « Les autres régions de France regarde notre territoire comme une réussite de la promotion de ce label, nous sommes aujourd’hui cités en référence comme modèle du dynamisme et de la réussite de French Tech. Toute cette actualité que nous avons portée, elle ne va s’arrêter là », annonce André Jeannerot, président de Medinsoft. Les actions vont ainsi se poursuivre au travers du travail effectué en commissions et qui ont été passées en revue : la vie économique, la formation, le logiciel libre, LegalTech, la smartcity, le marketing, ou encore le e-sport et le tourisme lancé fin 2017. « Des commissions opérationnelles, qui produisent selon le cahier des charges que Medinsoft leur confie, pour lesquelles il y a des résultats et qui permet de mettre en valeur toutes les entreprises performantes dans tous ces domaines d’activités », souligne le président de l’association.
L’objectif est même d’accélérer le développement de ces commissions et d’en créer de nouvelles sur le financement notamment, la e-santé, sur la création de contenus avec Primi (Pôle Transmedia Méditerranée), mais aussi sur l’international, « puisqu’on nous a reproché de ne pas faire grand-chose dans ce domaine, souligne André Jeannerot. Et pourtant, je peux vous dire que la présence sur le CES, à Barcelone, à Tel Aviv, ce sont des start-up de notre écosystème qui ont été accompagnées et briefées pour aller porter les succès à l’international. Si aujourd’hui, des grands organisateurs internationaux s’intéressent à Aix-Marseille French Tech, c’est bien parce qu’on l’a mis à l’honneur. »
L’association continuera donc à animer l’écosystème, à mener ses actions en les faisant pivoter lorsque cela sera nécessaire pour ne pas risquer la concurrence avec celles conduit par AMFT 2.0 ; en maintenant également l’organisation de son cycle d’événements en septembre à commencer par le Grand Opening. Medinsoft continuera aussi grâce aux conventions signées avec les grands groupes de la région Sud, l’Union patronale, le Medef Paca, la CPME…
« La boîte de Pandore »
Il était aussi question lors de cette réunion de « remettre les choses dans leur contexte ». Des éclaircissements en forme de « droit de réponse par rapport aux différentes critiques qui nous ont été adressées », souligne André Jeannerot, avant de céder la parole à Stéphane Soto. Le directeur général de Medinsoft a retracé les étapes qui ont marqué ces derniers mois autour du renouvellement de la gouvernance d’AMFT, expliquant la volonté de ne pas répondre aux « attaques » qui ont pu être formulées par souci de « préserver l’unité de l’écosystème ». Mais il a également admis avoir commis « une erreur » au mois d’août, lorsqu’après près de dix ans de gestion, il a souhaité avec André Jeannerot se mettre en retrait. « Evidemment, à ce moment-là, André et moi, nous n’avons pas conscience de la boîte de Pandore que nous ouvrons », poursuit Stéphane Soto. Pour lui, il est clair que l’attribution de la gestion à AMFT 2.0 est une question politique et il ne s’en cache pas. « Je pense que c’est le match retour de l’élection à la Chambre (de commerce et d’industrie), et moi comme d’autres de la French Tech, sont visés. Ce n’est pas grave…, le territoire a beaucoup mieux à faire que d’être la victime de luttes politiques », ajoute-t-il, soucieux de laisser cet « épiphénomène derrière » pour continuer à avancer. « Avec 49000 salariés nous sommes quasiment l’économie la plus importante de la métropole. Si le digital et l’innovation se portent bien, c’est l’économie qui se porte bien. Nous avons une responsabilité sur ce plan dans ce territoire, et nous entendons bien l’assumer ».
La gouvernance à parité avec Pascal Lorne ?
Par la voix de ses membres fondateurs Medinsoft a réaffirmé sa volonté de ne pas concurrencer l’équipe de Pascal Lorne. « On fera ce qu’il faut pour qu’il n’y en ait pas. Les deux équipes sont composées de gens intelligents et puis la nouvelle gouvernance s’inscrit essentiellement dans l’international », ajoute Stéphane Soto, qui avoue ne pas avoir eu de nouvelles de Pascal Lorne depuis la décision de Jean-Claude Gaudin, le président de la Métropole appelant de ses vœux à ce que les deux équipes trouvent un terrain d’entente. Ce n’est qu’à ce prix que les subventions seront débloquées. Stéphane Soto ne ferme pas la porte, mais estime que les « deux postes de complaisances proposés à André et moi » dans le conseil d’administration de l’équipe Lorne ne font pas office de proposition sérieuse. « Nous demandons la parité. Il y a des forces vives des deux côtés, il faut qu’elles soient utilisées au mieux pour l’intérêt du territoire. » Il dit attendre des « propositions sérieuses ». Dans l’hypothèse d’une fusion ou d’un rassemblement sous la même bannière, qu’en sera-t-il de Medinsoft ? « Nous verrons à ce moment-là, ce n’est que le véhicule », souligne Stéphane Soto. Quant à André Jeannerot il est prêt à se mettre autour de la table et n’en fait pas une affaire de principe. « Je ne suis pas attaché à ce que Medinsoft perdure. L’important c’est que ce territoire se développe. Je ne suis pas dans la politique, mais dans l’économie de développement ». Pascal Lorne et son équipe seront, demain mercredi 21 mars à 18h30 à La Criée pour présenter leur projets. Feront-ils de nouvelles propositions à l’équipe sortante ? Nous y serons.
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