« J’ai entendu un débat il y a peu de temps à la radio, sur l’utilité ou non de cette journée. Et moi, je fais partie de ceux qui pensent que cette journée… est indispensable. » Sophie Joissains, était présente vendredi 13 mars à la mairie d’Aix-en-Provence, pour témoigner son soutien à Catherine Silvestre ; adjointe au maire, déléguée aux affaires sociales, « qui comme chaque année, organise cette journée des droits de la femme. » Durant toute la matinée, plusieurs intervenants se sont mobilisés pour valoriser les droits des femmes, et dénoncer les violences conjugales. En 2015, une femme par jour meurt encore sous les coups de son conjoint, preuve que cette mobilisation est, malheureusement, une nécessité. Policiers, substitut au procureur, psychologue, juriste et associations : tous étaient présents pour intervenir et témoigner de leur expérience. Des femmes, mais aussi des hommes, une façon de démontrer que ce combat mobilise la société dans son ensemble.
« Tous les prétextes sont bons pour frapper sa femme »
Tenue vestimentaire, repas servis « en retard », fréquentations, sorties : en 2015, ces prétextes sont encore utilisés pour battre sa femme. L’alcool et les stupéfiants sont généralement associés à cette escalade de la violence. Jean Prosnier, substitut au procureur de la République et référant aide aux victimes, explique que « pour le parquet d’Aix-en-Provence, ces faits sont une priorité ».
Le problème est que les procédures actuelles sont longues et limitées, « cela complexifie considérablement la tâche des policiers », s’alarme l’intervenant, qui enchaine sur une seconde problématique récurrente « les faits sont-ils caractérisés ? C’est la grande difficulté des fonctions de procureur. Souvent, ce type de faits se déroule dans un lieu qui est par définition masqué. Rares sont les auteurs de violences conjugales qui se permettent de commettre des faits de violence en présence d’autres personnes. » Le domicile conjugal est donc le cadre principal de ces faits. Difficile pour la justice, sauf témoignage du voisinage, de caractériser ces faits de violence domestique.
Manque de logements sociaux adéquats
Depuis 2000, la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) garantit l’intégration d’un seuil de 20% d’habitation à caractère social, dans chaque commune. Il n’est cependant pas possible d’assurer une partie des logements, uniquement pour le cas des femmes en difficulté. De plus le déficit de logements sociaux en France ne facilite pas la tâche et les conditions de vie y restent précaires. Dans un cas de violence conjugale avérée, la première des priorités est d’éloigner la personne de son conjoint violent. Face à ce double problème, les associations peuvent assurer une partie de l’accompagnement, en proposant des logements, mais les solutions restent limitées. La situation est encore plus complexe si l’homme ne peut lui aussi pas subvenir à ses besoins, en cas de séparation du couple. Même dans cette configuration, l’Etat doit garantir une protection sociale. A Aix-en-Provence, le parquet dispose de « quatre places en hébergement d’urgence » au foyer Polidiri, indique Jean Prosnier.
L’après-midi des ateliers étaient organisés au Château de l’Horloge, au Jas-de-Bouffan, sur le thème “être femme en 2015”. Catherine Silvestre et Elizabeth Klefstad (notre photo), ont témoigné devant notre caméra.
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