La soirée électorale aixoise du second tour des élections régionales se tenait dans la salle des États généraux de Provence de l’Hotel de Ville. À Aix-en-Provence, Christian Estrosi arrive largement en tête devant Marion Maréchal-Le Pen avec 69,55% des suffrages, pour un taux de participation de 58,47%.
Dans la salle des États généraux de Provence de l’Hôtel de Ville d’Aix-en-Provence, où les résultats des bureaux de vote de la ville pour le second tour des élections régionales étaient rassemblés ce 13 décembre au soir, la retenue était de mise. Et le devoir de réserve des élus, dans ce lieu de neutralité politique, n’en est pas la seule raison. Ici, la victoire du camp Estrosi est totale, avec 69,55% des votes, contre 30,45% pour Marion Marechal-Le Pen. La candidate frontiste n’arrive en tête dans aucun des 93 bureaux de vote aixois et augmente de quelques points à peine son score du premier tour (27,86%). Chez les responsables des Républicains, la joie et surtout le soulagement prédominent, conscients que la région a failli basculer à l’extrême droite et qu’ils doivent en partie leur victoire au retrait de la gauche.
Aix, bastion préservé de la droite
À chaque annonce de résultats partiels par la maire, Maryse Joissains, des applaudissements mesurés résonnent dans la salle. Les sourires, oubliés au soir du premier tour, sont là et on se laisse aller à quelques photos de famille. Aix-en-Provence a été la seule ville des Bouches-du-Rhône à placer Christian Estrosi en tête au premier tour. Au second, il obtient 15 points de plus que sa moyenne régionale de 54,5%. Chez Sophie Joissains, seconde de la liste LR des Bouches-du-Rhône, et Dominique Augey, huitième, la « joie » et le « soulagement » sont de mise. Mais « ni triomphalisme ni cocorico » tant le score du FN a déstabilisé.
Une victoire avec la gauche
Paradoxalement, la gauche avait, de par son absence, un véritable rôle dans ce second tour. « Nous ne sommes pas les seuls à avoir gagné ce soir » nous confie Christian Kert, député LR des Bouches-du-Rhône. « La gauche a massivement répondu » continue-t-il. Un constat partagé par Maryse Joissains et l’ensemble des responsables présents à la mairie lors de cette soirée.
Gaëlle Lenfant, vice-présidente PS sortante de la région, fait part de sa « fierté d’appartenir à ce peuple de gauche qui a su basculer après l’abattement du 6 décembre » . Elle, qui « la mort dans l’âme » a dû voter Estrosi et « persuader les électeurs de gauche qu’il fallait le faire » apparaît soulagée que la région et le pays aient su faire « barrière » au FN.
Des leçons à retenir
Si le champagne est resté au frais, c’est aussi parce que, peu importe la victoire de Christian Estrosi, ce scrutin laissera des traces. « Il faut tirer les leçons du premier tour » développe Christian Kert. « C’est un choix d’abord contre le FN, ensuite pour les compétences de Mr Estrosi » interprète Maryse Joissains. Et le député de continuer. « Les partis politiques doivent prendre conscience de la fracture qui s’est formé entre les citoyens et leurs représentants. Il doit y avoir une nouvelle gouvernance avec des idées nouvelles » . « Il y a deux types de contestations: l’abstention et le vote vers les extrêmes, il faut les entendre » . Un discours de raison, entendu maintes fois au fil des scrutins, mais qui peine à se concrétiser.
La future gouvernance
La gauche sera donc absente de la future assemblée régionale, mais elle pourrait avoir son mot à dire. « Christian Estrosi doit tenir sa promesse de gouverner avec la gauche » assène Christian Kert. Un conseil territorial devrait ainsi voir le jour dans lequel elle devrait pouvoir s’exprimer « sans que cela ne devienne un ghetto de la gauche » atténue le député.
Dans l’une de ces envolées lyriques dont elle a le secret, Maryse Joissains a loué l’attitude « des élus locaux, bien meilleure que celle des responsables nationaux. » Le tout, en glissant quelques mots sur la future gouvernance, avec sa fille, Sophie Joissains qui « aura un poste à la culture ou à la politique de la ville, une vice-présidence ou une commission. » L’édile a également ressorti son cheval de bataille, « on ne va pas se taire à la région maintenant. » Et de revenir sur le thème de la métropole Aix Marseille Provence, « on a gagné oui, là je repars contre la métropole. » Un rapide retour aux manœuvres politiques du quotidien.