Le directeur général de Région Sud Investissement, Pierre Joubert, partenaire du baromètre régional des levées de fonds réalisé par Gomet’ et dont les chiffres du 1er semestre 2024 ont été révélés le 8 juillet dernier, analyse l’activité de ses six premiers mois de l’année. Le fonds régional public, financé pour moitié par l’Europe, connaît une année de transition avec le lancement de RSI 3 programmé pour 2025. Explications.
Pour Région Sud Investissement, nous vivons une période de transition, puisque nous passons d’un fonds dédié aux sociétés en difficultés conjoncturelles à RSI Transition, très orienté sur la finance verte. C’est en quelque sorte un beta test par rapport à notre futur fonds qui va durer cinq ans à partir du 1er janvier 2025. Il sera sur les mêmes thématiques : financer des sociétés en synergie avec les accords de Paris.
Nous avons ce semestre déjà des résultats intéressants alors que tous les chiffres n’ont pas été donnés puisque nous avons des closings entre fin juin et début juillet, mais nous avons plutôt de très belles entreprises et de très bonnes nouvelles. Le second semestre s’annonce prometteur.
Un deal flow un peu lent en début d’année
C’est la conséquence d’un changement de stratégie entre le fonds REACT EU 2023 et le fonds RSI TRANSITION de 2024 ! Nous avons eu un deal flow un peu lent qui s’est accéléré avec l’été ! Ce sera une bonne base pour l’année 2025 et notre nouveau fonds ! Sur Région Sud Investissement, il nous reste encore un peu d’argent, mais nous allons quand même finir la phase d’investissement relativement tôt, car il faut closer avant le 31 décembre. Avec la durée des due diligences, nous nous arrêtons en octobre. Nos comités sont déjà plutôt chargés mais cela va encore s’accélérer en septembre et octobre ! La jonction devrait se faire sans perte en ligne entre RSI Transition et RSI3 donc, mais l’activité a été lente en début d’année et cela s’est vraiment accéléré depuis avril
Un fonds de 53 millions d’euros
Nous sommes toujours en phase de consultation pour désigner notre prestataire sur le nouveau fonds RSI3, la réponse sera rendue publique au mois d’octobre lorsque, la Région, votera. C’est un gros fonds, de 53 millions sur cinq ans. Nous gardons les mêmes priorités que RSI Transition et RSI2: amorçage, capital-risque et petit capital développement. On ne peut plus les différencier par rapport à la taille des tickets d’investissement. Nous nous rendons compte que « capital risque et petit capital développement », ne veulent plus dire grand-chose parce que nous avons de plus en plus des levées de 10-15 millions €. Nous finançons de plus en plus l’industrie avec des fonds nationaux et internationaux qui viennent investir dans ces opérations. Les levées de fonds pour ces entreprises industrielles sont revues à la hausse en permanence. Certains tours durent plus longtemps, ils ont commencé l’an dernier, mais ils continuent cette année car ils ne sont pas complètement “closés.” Cela prend un peu de temps, mais il y a des effets d’entraînement.
Un effet de levier de six inédit
La dernière statistique que nous avons, est l’effet de levier de RSI. Il bat tous les records. Nous avons fait fois six l’an dernier sur le haut de bilan. Donc, quand on met un euro, il y a en a six qui entrent dans l’entreprise uniquement sur le haut de bilan. C’est du jamais-vu et c’est une performance à souligner. Nous avons aujourd’hui un effet de levier par rapport aux sociétés de gestion classique qui est similaire voire plus d’après les chiffres que nous avons. Cela démontre l’attractivité du territoire. Beaucoup d’acteurs, en plus de nous, mettent en visibilité les entreprises. C’est un travail collectif !
Le deal flow des BA compliqué au deuxième semestre 2023…
Il y a eu un passage à vide fin 2023 chez les business angels ; ils ont eu un deuxième semestre 2023 un petit peu compliqué, mais le deal flow est en train de repartir en hausse de manière conséquente et c’est une bonne chose ! Nous allons de nouveau beaucoup entendre parler d’eux au deuxième semestre.
Nous avons énormément de fonds institutionnels, des fonds nationaux qui viennent investir dans la région. A nouveau, beaucoup se repositionnent sur de la série A avec un peu moins de risque que sur l’amorçage.
La conjoncture politique nationale ou géopolitique a peu d’impact à court terme
Nous sommes sur des tailles d’entreprises où le changement de contexte politique n’est pas immédiat, cela prend du temps. Quand nous avons des toutes petites entreprises, des petites TPE, des PME, des start-up, généralement, elles continuent sur leurs modèles d’affaires. Bien sûr, l’impact d’une politique produit ces effets mais cela se diffuse lentement. Elles ne se posent pas trop la question, elles espèrent que l’innovation qu’elles détiennent sera suffisamment différenciatrice et intéressante sur le marché. Pour les jeunes entreprises, l’important, c’est la création de valeur.
Une entreprise est performante quand elle génère du chiffre d’affaire pas quand elle lève des fonds. Lever des fonds n’est pas un objectif, c’est une conséquence d’un projet susceptible de créer de la valeur. Par exemple, sur la transition, l’impact ne sera pas immédiat, il sera dans un deuxième temps, de manière indirecte. Ce sera d’abord les grands groupes qui donneront le go par l’évolution de la réglementation et la mise en place de critères extra-financiers. Le monde politique n’est pas directement impactant à très court terme pour les très petites structures, sauf si un dispositif d’aide (directe ou indirecte) s’arrête.
Pour RSI 3, le dispositif qui va commencer en janvier 2025, nous sommes financés pour moitié par le Feder, un des Fonds européen de développement régional. La stratégie a été décidée et améliorée depuis trois ans mais maintenant la stratégie est en place et il est fort peu probable qu’elle évolue ! Donc pendant cinq ans à partir du 1er janvier 2025, nous aurons une stratégie stable et une grande visibilité sur nos objectifs.
Pierre Joubert