Malgré la victoire du printemps marseillais sur l’ensemble de la ville, c’est donc un scrutin sans vainqueur que nous venons de connaître. Le troisième tour dira la suite. Mais on compte déjà des vaincus.
Commençons par le plus affaibli : Bruno Gilles. Sa belle détermination, son entêtement dirons certains, ne lui ont pas ouvert d’espace politique. Formé à droite, grandi à droite, il a timidement voulu s’affranchir de son ADN, mais n’a convaincu personne, même pas avec l’attelage baroque de Lisette Narducci, le caméléon politique du Panier et du très anarchiste patron du Tourtsky Richard Martin. Échappant à la tutelle de Renaud Muselier, il n’a pas perturbé le scrutin, mais y a laissé ses ambitions.
Martine Vassal : à la rentrée 2019, tout semblait lui sourire
La grande perdante est à l’évidence Martine Vassal. À la rentrée 2019, tout semblait lui sourire. Elle avait associé des experts, des entrepreneurs, des forces vives à son programme, elle avait transformé le département et fait des chèques généreux à la cité phocéenne. Elle s’affichait sociale et écologique. Mais elle n’a pas résisté aux tempêtes.
Son double positionnement d’héritière légitime, mais partisan du renouveau a peu convaincu. N’est pas Giscard qui veut, lui qui avait réussi à convaincre la France du « changement dans la continuité ». La révélation de ses colistiers a sonné le glas du renouveau : toute la Gaudinie y était. Les difficultés se sont cumulées avec une gestion distante des effondrements de la rue d’Aubagne, avec l’affaire de l’école Ruffi traitée comme insignifiante, avec un programme attrape tout.
Son équipe a alors consacré le dernier trimestre 2019 et le début 2020 à une surenchère de communications, de travaux, de ravalement de façades et d’églises, (pas d’écoles), de pavages et de goudronnages, souvent au nom de la métropole ou du département, un activisme désordonné qui a étonné les Marseillais à qui l’on serinait depuis des années « qu’il n’y avait plus d’argent ».