par Christian Apothéloz
La chronique politique s’est installée dans ce prologue comme si la partie se jouait au sein des Républicains, dans la lignée du maire sortant. C’est oublier un peu vite la géopolitique marseillaise. Le maire a cartonné en 2014 avec 38% des voix, mais aux présidentielles François Fillon fait moins de 20% à Marseille. Ceux qui sont tacitement ou explicitement en lice, Renaud Muselier, Martine Vassal, Valérie Boyer ou Bruno Gilles se disputent un territoire étroit qui représente au mieux le quart des votants. En fait Marseille compte 500 000 électeurs. Environ 370 000 viennent voter. Et l’électorat se distribue en quatre blocs de + ou – 80 000 voix.
1. La droite extrême avec le Front national aujourd’hui Rassemblement national, 2. L’extrême gauche, orpheline du parti communiste et qui se reconstruit avec la France insoumise plus une poussière de voix sur les formations trotskistes. 3. Une gauche avec un centre gauche que Gaston Defferre a longtemps incarnée 4. Une droite et un centre droit qui fut le pré-carré que Jean-Claude Gaudin a su conquérir et labourer.
L’électeur marseillais ne cautionne pas la polarisation gauche-droite
Donnée marseillaise : jamais les formations centristes, un peu à gauche, ou un peu à droite n’ont perduré et finalement toutes les tentatives pour structurer un centre se sont traduites par une attraction aimantée vers un pôle de droite ou de gauche. Par contre l’électeur marseillais ne cautionne pas cette polarisation fruit du mode de scrutin et a marqué sa préférence pour ceux qui rassemblent au centre.
Géographiquement ces quatre blocs de 20% se sont cristallisés sur les territoires avec aux cours des 20 dernières années deux mutations.
1. Au Nord, le FN – RN qui a commencé par prospérer dans la foulée de la droite au Sud, est devenu l’expression des quartiers nord avec la conquête d’une mairie de secteur et des scores puissants dans les 13-14-15-16e arrondissements. Les socialistes brillamment représentés par Jibrayel et Andrieux y ont apporté une contribution historique. Il s’est installé un face-à-face durable et glaçant d’une moitié de la population qui ne veut plus vivre avec l’autre.
2. L’est de Marseille fut longtemps une réserve du Parti socialiste. Un socialisme conservateur que la dynastie Masse faisait fructifier. Or ces quartiers ont basculé à droite, entre extrême droite et droite dure, grâce à une habile politique de logement, un découpage savant et un glissement de la population d’un clientélisme à un autre.
Face à ces données, de la dure géopolitique, on voit toute la difficulté de l’exercice des candidats; Exercice difficile à droite où aucun leader, pour l’instant, ne s’installe naturellement. Difficulté pour le parti présidentiel qui a profité largement du délitement du parti socialiste, mais qui devra d’abord conquérir et consolider son bloc de 20% pour avoir droit à la parole.
Le 1er volet de notre série
[Analyse] Municipales 2020 Marseille : tout peut changer très vite (1/5)
La semaine prochaine :
Citoyen, a voté… citoyen a fuité…