L’ancienne usine Legré Mante est encore une fois au cœur d’une lutte entre les habitants et les promoteurs. Après avoir fait capoter le projet Océanis en 2013, les riverains s’unissent aujourd’hui contre le projet du nouveau propriétaire de la friche industrielle, le Suisse Gingko.
Ce dernier a racheté les huit hectares de terrain, au pied des calanques avec vue sur mer, en 2017. Spécialiste de la dépollution des sites sensibles, il promet de nettoyer la zone contaminée par des métaux lourds (plomb, cuivre, cadmium) et de l’arsenic. Deux ans et demi plus tard, les études sur l’ancienne usine Legré Mante sont toujours en cours et les habitants alertent sur une demande de permis de construire déposée le 20 décembre dernier : « Les risques sanitaires ne sont pas encore évalués et les mesures de protection et de prévention nécessaires n’ont pas été prises. Dans ces conditions, l’autorisation d’un permis de construire est inconcevable », s’insurge Rolland Dadena, de l’association Santé Littoral Sud.
Pour mener ce combat, une alliance s’est construite avec dix associations et un comité d’intérêt de quartier : l’association santé littoral Sud, l’association Pointe Rouge défense littoral, l’association naturiste phocéenne, le collectif laisse béton, le CIQ de l’Escalette, l’observatoire des quartiers Sud Marseille, la fédération d’action régionale pour l’environnement Sud, les excursionnistes marseillais, les jardiniers de la mer et l’union calanques littoral.
« L’avenue de la Madrague de Montredon est une impasse déjà complètement saturée. On ne peut plus absorber de voitures supplémentaires »
Henry Augier
En plus du danger sanitaire, les opposants dénoncent « le tsunami de béton qui déferle sur la ville ». En lieu et place de l’usine de plomb, Gingko prévoit de réaliser une centaine de logements, une résidence de tourisme de 116 chambres et une résidence sénior de 87 places… Le tout avec plus de 300 places de parking. Le propriétaire s’est adjoint les services de Constructa pour le conseiller dans le développement commercial du projet. « L’avenue de la Madrague de Montredon est une impasse déjà complètement saturée. On ne peut plus absorber de voitures supplémentaires », insiste Henry Augier, le président de l’union calanques Littoral. Et d’évoquer aussi la saturation du réseau d’assainissement du quartier. Autant d’arguments qu’ils comptent mettre à profit dans leur croisade contre le projet de Gingko.