Une coque iPhone en tiges de tournesol ? C’est l’une des propositions des designers qui se succèdent au sein de ce centre de recherche en design, Atelier Luma, tête chercheuse et exploratoire dans la galaxie de la Fondation Luma de Majja Hoffmann. « Dans toute l’Europe, les régions rurales luttent pour affirmer leur identité et leur pertinence économique, explique Cloé Castellas, chargée de communication à Luma. Il est essentiel de concevoir des solutions pour parer au malaise croissant observé dans ces régions. Ici, les designers issus du monde entier se concentrent sur la Camargue et son mélange unique de nature brute, d’histoire, d’artisanat traditionnel et d’agriculture moderne pour établir des partenariats fructueux avec des experts locaux afin de façonner l’avenir de cette région rurale. »
Les designers planchent sur différents projets à des stades d’aboutissement plus ou moins avancés sur des co-produits agricoles : aiguilles de pins, coquilles de moules, cannes de Provence, roseaux, etc. Certains explorent ainsi les possibilités qu’offrent le sel comme nouveau matériau dans la construction, d’autres ont déjà mis au point un prototype de papier électronique à base de poudre d’algue et de poudre d’amidon de pomme de terre, auquel ils intègrent un circuit imprimé plat, l’encre jouant de conducteur.
Les sous-produits du riz ont de l’avenir
L’un des projets phares d’Atelier Luma concerne la paille de riz. Car la riziculture en Camargue génère chaque année 15 000 tonnes de déchets naturels. L’importance de ce volume de fibres naturelles a conduit Atelier Luma à lancer des recherches approfondies sur ce co-produit des marais camarguais. Résultat : mélangée à de l’amidon de pommes de terre et pressée sur une fibre textile, la paille de riz devient du biostratifié, à partir duquel on peut, par exemple, construire des meubles. Une première série de stratifiés a vu le jour et les recherches se poursuivent en collaboration avec le projet Géographies de la couleur, qui a établi un nuancier des couleurs de la région. L’incorporation de pigments des carrières d’ocre du Luberon participe, par exemple, de l’esthétique de ces matériaux. « La production de ces biomatériaux innovants aux couleurs régionales représente de nouvelles options pour l’industrie locale », ajoute Cloé Castellas.
Les co-produits du riz ont également déjà différentes applications. La balle de riz (enveloppe du grain), par exemple, est un isolant écologique apprécié pour son faible coût. Les sous-produits du riz allègent aussi les bétons dans la construction. Le gluten de riz est une colle naturelle. Et une nouvelle utilisation se développe, alors qu’elle est connue depuis des siècles : la poudre de riz dans la cosmétique, qui absorbe le sébum. A partir de la paille de riz sont également conçus des tissus qui ont des propriétés ignifuges. « Airbus se sert de la cendre de balles de riz pour leurs avions », précise Bertrand Mazel, président du Syndicat des riziculteurs de France.
Liens utiles :
> Atelier Luma est « un cercle de réflexion, une structure de production et un réseau d’apprentissage de la Fondation Luma. Basé à Arles, atelier Luma veut co-développer des usages innovants des ressources et des façons de dynamiser les activités de la bio-région en utilisant le design comme un outil pour la transition. Depuis sa création en 2016, atelier Luma conduit des projets liés à six thèmes stratégiques: Précieux déchets, Produire (dans) la ville, Mobilité vertueuse , Hospitalité de demain, Food Circle, Education circulaire. » Source Atelier Luma
> Le forum annuel Luma Days (2e édition cette année) a lieu du lundi 14 au samedi 19 mai autour de plusieurs thèmes : Déchets, Nourriture, Éducation, Mobilité, Production et Hospitalité. Avec une attention particulière pour l’environnement, la coopération public / privé, la durabilité, l’entrepreneuriat social et l’avenir du travail.