L’attentat survenu dimanche 1er octobre sur le parvis de la gare Saint-Charles de Marseille, revendiqué par l’Etat islamique, a fait deux victimes, des cousines de 20 à 21 ans, tuées à coups de couteau. L’agresseur, Ahmed H., 29 ans, connu pour des faits mineurs, avait sept identités différentes et possédait un passeport tunisien. Aujourd’hui et demain, rassemblement et minute de silence auront lieu en hommage aux victimes.
Elles s’appelaient Laura et Mauranne. Deux cousines âgées d’une vingtaine d’années seulement. L’émotion est grande après que ces deux jeunes filles aient été mortellement poignardées, dimanche 1er octobre, sur le parvis de la gare Saint-Charles. Un homme, dont l’identité reste encore à confirmer, a frappé de plusieurs coups de couteau une première victime « avant de repartir en courant, a expliqué, ce lundi 2 octobre, le procureur de la République, François Molins, lors de la conférence de presse. Puis faisant un mouvement circulaire, revenir sur ses pas, il a asséné pareillement plusieurs violents coups de couteau à la seconde victime ». La vidéo montre qu’une passante a courageusement tenté d’intervenir avec un porte-drapeau afin d’arrêter l’assaillant. Selon les témoignages recueillis, l’agresseur a crié « Allah Akbar », en tuant les deux jeunes femmes puis en se ruant sur les militaires de l’opération Sentinelle, « qui ont fait feu sur lui à deux reprises, après sommation verbale ».
Sept identités inconnues des services anti-terroriste
Après relevé de ses empreintes digitales, l’auteur des faits est apparu comme ayant été signalisé à sept reprises depuis 2005 sous sept identités différentes. La dernière signalisation date du 29 septembre 2017. Elle correspond à une interpellation à Lyon pour des faits de vols à l’étalage. « Procédure au cours de laquelle, il a été placé en garde en vue jusqu’au 30 septembre en milieu d’après-midi », avant d’être relâché, la procédure ayant été classée sans suite faute de preuves caractérisées.
La dernière identité qu’il présente aux enquêteurs, figurant sur un passeport tunisien, au nom de Ahmed H. ainsi que les sept autres alias sont inconnus des services spécialisés anti-terroriste, de même aucune condamnation ne figure à ce jour sur son casier judiciaire. Cet acte, qui a fait l’objet dans la nuit d’une revendication de l’organisation terroriste Daesh, laisse la cité phocéenne en émoi.
Une minute de silence sur les campus d’Aix-Marseille
Laura, étudiante en deuxième année d’infirmière à Lyon, était venue rendre visite à sa cousine, Mauranne, originaire du village d’Eguilles, pour fêter son anniversaire avec quelques jours d’avance. À la faculté de médecine, où Mauranne suivait une brillante scolarité, beaucoup sont sous le choc. « C’est terrible, c’est terrible ce qui arrive… », a exprimé avec une très vive émotion Yvon Berland, président d’Aix-Marseille Université à l’occasion d’une conférence de presse organisée à la faculté de médecine. « Mauranne allait y entamer sa troisième année et obtenait des résultats particulièrement brillants », a-t-il souligné, réaffirmant toute sa consternation à la suite de cet événement. « Au-delà de l’enquête, ce qui nous importe c’est de témoigner de tout notre soutien à la famille, notre affection, parce qu’on est très choqué ».
Rassemblement à 18 heures à Eguilles
Une cellule d’aide psychologique en lien avec l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille va être mise en place pour les étudiants, notamment de la promotion de la jeune fille. Une partie des cours est suspendue aujourd’hui. 76 000 étudiants d’AMU et 8 000 membres du personnel des campus d’Aix-Marseille observeront une minute de silence ce mardi 3 octobre à 12 heures.
Aujourd’hui, lundi 2 octobre, c’est à 18 heures qu’un rassemblement aura lieu sur le parvis de l’hôtel de ville d’Eguilles, en hommage à Mauranne. Le village près d’Aix-en-Provence, où elle vivait avec sa famille, «se retrouve aujourd’hui dans un deuil profond », confiait ce matin, le maire Gérard Dagorne, très affecté par ce drame puisqu’il connaît cette famille. « Quand on est père, grand-père, responsable d’une communauté, c’est une émotion particulière qui vous prend aux tripes. »