Devant la presse ce lundi 3 juin, Lionel Canesi ne cache pas sa surprise en présentant les derniers chiffres de son baromètre économique : « On s’attendait à des très mauvais résultats à cause des gilets jaunes et finalement, on bat des records », annonce incrédule, le président de l’ordre régional des experts comptables. Pour le premier trimestre 2019, les petites et moyennes entreprises de la région Provence Alpes Côte d’Azur affichent leur plus forte croissance depuis la création du baromètre en 2015 avec + 3,2 % (en indice de chiffre d’affaires) comparé à la même période l’année précédente.
La région passe de nouveau au-dessus de la moyenne nationale qui s’établit à +2,6 % et occupe le sixième rang du pays derrière le Pays de la Loire, leaders, mais au coude à coude avec la Normandie, le Centre Val de Loire, la Bretagne et l’Occitanie, toutes quatre à seulement +3,5 %. Une fois n’est pas coutume, la région Sud est devant les championnes habituelles : Nouvelle Aquitaine (+2,9 %), Auvergne-Rhône-Alpes (+2,4 %) et surtout l’Île-de-France (+1,9 %).
La dynamique se retrouve dans tous les départements du territoire. La palme revient cette fois au Var avec +4,4 % talonné par les Bouches-du-Rhône avec +3,8 %. Avec +1,9 %, le Vaucluse affiche la moins bonne performance : « La plus grande polarisation de l’activité autour d’Avignon et Orange l’a rendu plus vulnérable à la crise des gilets jaunes », estime Lionel Canesi. « Dans les Bouches-du-Rhône, à part le centre-ville de Marseille, la situation a finalement été mieux gérée et l’impact reste moindre ».
Les entreprises réinvestissent après cinq trimestres de baisse
Après cinq trimestres consécutifs de baisse, les entreprises régionales affichent enfin une reprise de l’investissement à +0,7 % comparable à la moyenne nationale (+0,8 %). Au total, depuis la fin de l’année 2017, la baisse moyenne de l’investissement dans la région est de 5,5 %. Un chiffre à comparer avec les bons résultats de fin 2016 et les neufs premiers mois 2017 « qui avaient profité d’un effet d’aubaine avec des nouvelles aides fiscales », explique l’expert comptable. En ce moment, les entreprises peuvent également bénéficier des taux d’intérêts historiquement bas auprès des banques pour emprunter et financer leurs investissements.
Contrairement au trimestre précédent, la hausse de ce début d’année profite à tous les secteurs suivis par les experts comptables. La filière transport-logistique voit son chiffre d’affaires progresser de 5,4 % et ses investissements s’envolent de 24,3 %. En deuxième position, l’hôtellerie-restauration se porte également bien avec une activité en hausse de 4,9 %. L’industrie et le commerce sont les deux seuls secteurs à ralentir leurs investissements avec respectivement une baisse de 13,6 % et de 1,9 % ; mais le chiffre d’affaires progresse cependant de 4,3 % et 3,7 %. La construction voit son activité croître également de 2,4 %.
Des offres d’emplois qui ne trouvent pas preneur
Selon les experts comptables, cette très belle performance de début d’année va se ressentir sur les créations d’emplois : « On commence créer de l’emploi à partir de +2 % de chiffre d’affaires », explique Lionel Canesi. Cependant, il note que malgré leur volonté d’embaucher, les entreprises peinent à pourvoir leurs postes. « On a changé d’époque. Maintenant, ce sont les entreprises qui doivent draguer les candidats à grand coup de campagne marketing », observe-t-il. Ensuite, il estime qu’il y a un problème de fond sur l’adéquation des formations avec les besoins d’un territoire : « On doit s’adapter aux situations de chaque bassins d’emplois. On a peut-être pas besoin d’autant de jeunes diplômés en philosophie sur l’ensemble du pays, on doit rationaliser l’offre de formation à la base ».