Le palais de la Bourse avait des allures de speed dating en ce début de semaine, car neuf groupes français sont venus à la rencontre des start-up locales, avec la ferme intention de repartir avec le plus de contacts possibles.
Airbus Helicopters, Engie, GRDF, Orange, la SNCF… : tous les responsables, des pôles innovations de ces groupes, étaient présents pour mettre en lumière les actions de leur société en faveur de l’innovation. L’intention était surtout de faire bonne impression, auprès des 54 start-up présentes, pour le pitch des patrons. Le concept, et l’originalité, de cet événement réside dans le fait que c’est au tour des sociétés intéressées de donner envie aux électrons libres, que sont les inventeurs, de faire le premier pas et de se manifester. Car de l’aveu de tous, les rencontres sont plutôt compliquées à établir. Entre des groupes hiérarchisés et des micro-sociétés n’ayant pas pignon sur rue, les probabilités de se croiser sont rares, et les petits ont parfois peur de sonner à la porte de celui qui pourrait mettre en application leurs innovations. Voilà, pourquoi la Société Générale ou encore La Poste se sont déplacées, pour séduire les start-up locales. « Attention, ce n’est pas de la drague à sens unique. Au début, nous avons affiché nos problématiques et demandé à ces petites sociétés de trouver des solutions, explique Hugues Hansen, le p-dg de Startinpost. Puis les porteurs des 20 meilleurs projets ont ensuite la chance de pouvoir nous rencontrer en entretien individuel » lors d’un speed dating de l’innovation.
Cette méthode en deux-temps permet surtout de mettre chacune des parties à égalité. Il n’y a pas de plus fort mais que des coopérations gagnant-gagnant. Thierry Jacquinod, le directeur des agences Gares Grand Sud, résume : « C’est aussi un moyen de montrer que nous avons besoin d’eux, que nous sommes accessibles et que ce n’est pas si difficile de se rencontrer. Je pense que les start-up n’osent pas taper à nos portes. Big up for start-up permet de fixer un cadre et de favoriser la rencontre ».
Le concept pop-up : une cabine tenue par les hélices
Et les besoins de ces groupes sont immenses entre big data, « le robot multimodal qui guidera les passagers dans le cadre de la gare Aix TGV, ou les robots qui garent les voitures, sans oublier les capteurs pour mesurer les émotions des personnes pour comprendre les possibles frustrations ou joies des voyageurs » du côté de la SNCF.
Pour Airbus Helicopters le défi est tout autre, « nous venons chercher l’innovation là où elle se trouve et pas que dans le numérique. »Philippe Quilgars de poursuivre : « Par exemple, nous développons actuellement, le concept pop-up qui est une cabine tenue par les hélices. Ces dernières se détachent, à souhait, et la cabine poursuit son chemin sur la route. Ce projet est à mi-chemin entre la voiture et l’hélicoptère, nous sommes sur de la mobilité urbaine à l’état pur. » À toutes les personnes qu’un tel projet fait rêver, le premier prototype volant est prévu dans un an.
La cybersécurité ou les e-services sont aussi recherchés pour développer les activités de groupe comme La Poste qui font face à un monde en mutation. Pour cela, des partenariats sont noués car l’objectif n’est pas d’absorber les start-up, elles perdraient ainsi leur liberté et leur pouvoir d’innovation, mais « nous finançons les expérimentations pour voir s’il y a des potentiels de business. Et c’est seulement après, si la start-up lève des fonds que nous choisissons ou non d’investir. »
Big up for start-up fonctionne comme un accélérateur de particules. Il permet d’aller plus vite, d’éviter la case secrétariat, la recherche d’adresse mail, et surtout, il noue des contacts « à l’ancienne ». Dans les affaires, rien ne vaut une bonne poignée de main. Philippe Quilgars de conclure : « Il y a proverbe africain disant : seul on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin ». L’atomisation de la recherche est rendue possible par le financement des grands groupes, et ces derniers innovent par la liberté de ces petites structures. Cet équilibre fragile, entre liberté et financement, est entretenu par des événements comme big up for start-up.
Sofiane Ammar : « On enregistre les premières commandes…»
Après son discours, en tant que partenaire territorial de l’événement, Sofiane Ammar, le responsable en charge de l’accélérateur de start-up du projet thecamp, est revenu sur l’avancement du projet, mais aussi la présence du président lors de l’inauguration.
Source site internet “thecamp”
Où en est thecamp ? S.A. Concernant la construction, le bâtiment sera livré à la date prévue ce qui est quand même remarquable pour un chantier de cette importance. Donc tout ça prend bonne tournure, car nous sommes quasiment en finalisation, cela devrait être livré fin juillet. Pour la partie offre de service, tout ce qui concerne l’écosystème, l’expérientielle sur la formation, l’incubation, l’open innovation, les kids camps… : on est tous dans les starting-blocks. On a pas mal de sujets déjà délivrés, on a même des clients qui commencent à commander, donc tout ça prend forme. On commence déjà à enregistrer des commandes, donc on commence à tourner pour bencher (étalonner, ndlr) nos offres, et on espère maintenir la date d’ouverture au 15 octobre, pour le lancement officiel des services. Non seulement, nous ne sommes pas en retard, mais nous sommes même en avance. L’équipe est quasiment finalisée aujourd’hui, nous sommes dans un bon timing.
À quelle phase êtes-vous dans le Spark Life Contest ? S.A. On est passé de 125 start-up à 42, qui ont toutes pitché (présenter un projet, ndlr) à Viva Tech, suite à cet exercice on en a choisi 17. On va arriver à un benchmarking de 10 start-up, d’ici fin juillet, sélectionnées pour la journée de Londres qui aura lieu le 17 octobre. On est dans un timing totalement favorable, on a nos 17 sociétés dans un écosystème assez ouvert, et tous les partenaires du Spark Life Contest ont choisi le contenu de leur start-up, ce qui est intéressant, car en faisant un tour d’Europe sur six villes, et arriver à ce résultat, on en est très satisfait. On pense même à une saison 2, pour accélérer le mouvement, et travailler sur un contenu encore plus riche sur un Park Life qui pourrait traiter des problématiques de la qualité de la vie, mais sur des niches particulières, et peut-être augmenter le contenu de ce projet.
Quelle est la ligne directrice de ces 17 projets ? Y-a-t-il des start-up du territoire ? S.A. Il fallait trouver un axe clé dans le thème de la qualité de vie avec trois thématiques. Sur les 17 projets, on a retrouvé l’accroché de ces trois domaines, qui permet à la Smart City de thecamp d’englober les start-up sélectionnées. Pour en revenir aux entreprises locales, il y en a bien sûr, mais je n’ai pas le droit de les citer.
Le président Macron sera-t-il présent lors de l’inauguration de thecamp ? S.A. Je ne saurais vous dire, personnellement, je n’ai aucune information.
Mais, vous espérez sa venue ? S.A. Je l’espère. M. Macron était venu nous rendre visite. Ce tiers lieu est européen et international. Je tiens à dire qu’il n’y a pas plus de trois tiers lieux dans le monde dans le même genre que thecamp, avec cette variété, et le couple public/privé… On espère effectivement son passage.