C’est un choc pour tous les Européens. Le Brexit ébranle depuis ce matin les convictions des citoyens, mais aussi évidemment la sphère économique. Et pas seulement la « planète finance », bulle désincarnée où les Bourses et les cours des monnaies s’effondrent. Ici, au plus près du territoire, si nul ne peut prédire les conséquences à moyen et long termes de cette sortie de l’Angleterre, les entrepreneurs ne s’en réjouissent pas.
« Un réveil brutal » pour Johan Bencivenga
L’UPE 13, Union pour les Entreprises des Bouches-du-Rhône (représentant du Medef) n’a pas tardé à réagir. Son président, Johan Bencivenga, a souligné que « notre territoire a, ces dernières années, séduit de nombreux investisseurs britanniques. Nous espérons vivement que cette décision ne remettra pas en cause cet intérêt qui a été favorable au développement de la croissance et de l’emploi. Ce matin, le réveil fut brutal. Œuvrons dès à présent pour une nouvelle Europe qui soit davantage en adéquation avec les exigences actuelles en matière économique et sociale ».
L’organisation patronale a reconnu dans un communiqué qu’il est « nécessaire d’apporter une réponse solide aux inquiétudes des citoyens afin de rendre le projet européen plus démocratique, plus intelligible et partagé. »
Laurent Cohen, président du Club WTC Apex, club d’entreprises exportatrices en région Paca, estime pour sa part que « les entrepreneurs, les exportateurs locaux manifestent une inquiétude face à cette décision. Ils souhaitent que ce lien fort soit maintenu et demandent aux gouvernements français et britannique ainsi qu’à l’Union Européenne de tout mettre en œuvre pour assurer une continuité économique ».
Pour un éminent homme d’affaires de la place provençale, le choix des Anglais n’est pas une surprise. « Le seul modèle qu’a su proposer l’Europe, c’est un modèle hyper concurrentiel et la liberté de circulation des capitaux. L’homme de la rue a le sentiment de ne pas pouvoir se défendre et d’être dirigé par des technocrates déconnectés. Dans de telles conditions, il ne faut pas s’étonner. »
« Ceux qui ont voté non n’ont pas forcément compris tout ce que l’Europe leur apportait. Mais cela leur a peut-être été mal expliqué… » : un Anglais de Marseille
Même les Anglais sont divisés sur le sujet : le « Out » l’a emporté outre-Manche à 51,9%. Ce qui signifie que près de la moitié des électeurs souhaitaient rester dans l’UE… Thomas Barnes, étudiant anglais vivant à Marseille depuis une douzaine d’années, est ainsi déçu par le résultat du vote : « Je suis déçu parce que l’UE est un grand projet, qui aurait dû permettre à l’Europe de rivaliser avec les Etats-Unis. C’était une force aussi pour l’Angleterre, même si finalement les Anglais ont toujours eu un pied dedans et un pied dehors dès le départ. Ceux qui ont voté non n’ont pas forcément compris tout ce que l’Europe leur apportait. Mais cela leur a peut-être été mal expliqué… »