Il a soigné son annonce. Choisi le moment de sa séquence politique. Respect de la famille oblige, il a laissé passer le temps de la démission de Jean-Claude Gaudin à la présidence de la Métropole Aix-Marseille Provence. Attendu que Martine Vassal officialise sa candidature pour prendre la relève à la tête de l’institution. Lui ne vise que la mairie de Marseille. Et c’est désormais officiel. Le sénateur Les Républicains Bruno Gilles a annoncé ce jeudi 13 septembre qu’il brigue le fauteuil de Jean-Claude Gaudin en 2020 ; ce dernier ayant annoncé qu’il ne se représenterait pas pour un cinquième mandat.
Bruno Gilles était dans les starting-blocks depuis de longs mois. A quelques heures de son annonce, une nouvelle page Facebook baptisée « Bruno Gilles 2020 » faisait son apparition sur la toile, comme un signe annonciateur d’une déclaration imminente. C’est dans une lettre ouverte aux Marseillaises et aux Marseillais, envoyée sur les réseaux sociaux, que l’élu, âgé de 56 ans, a choisi de se déclarer. Un mode opératoire inattendu et inédit. Il y retrace son parcours, sa méthode, ses ambitions.
Le temps de convaincre
Vendredi 31 août, à l’occasion de la visite des chantiers navals de La Ciotat par Gérard Larcher, Bruno Gilles, présent, nous confiait être « en pleine forme, et prêt à revenir sur le devant de la scène.» Début décembre 2017, il entrait, en effet, à l’hôpital de la Timone pour y subir une transplantation cardiaque. Le temps, le repos, l’espoir, les amis aussi… ont permis à Bruno Gilles de retrouver la forme. En juin dernier, sept mois après sa greffe du cœur, l’ancien maire LR des 4e et 5e arrondissements, durant vingt ans, reprenait d’ailleurs le chemin du Sénat… dans un nouveau souffle. Durant tous ses mois de convalescence, il n’a jamais abandonné l’idée d’un jour succéder à Jean-Claude Gaudin, et gardé en mémoire une discussion avec le maire de Marseille qui le désignait comme un solide successeur.« En tout cas, on ne pourra pas faire une campagne courte pour les municipales. Le maire va devoir trancher en septembre », confiait-il à La Provence, en juin.
Alors que Jean-Claude Gaudin s’accorde quelques vacances, Bruno Gilles a décidé d’avancer ses pions et de se laisser le temps de convaincre y compris dans son propre camp. Il peut déjà compter sur le soutien d’Yves Moraine, qui juge la démarche « légitime, positive et constructive ». Dans un communiqué de presse qui a suivi l’annonce sur les réseaux sociaux, le maire LR des 6e-8e arrondissements de Marseille indique que Bruno Gilles « est un homme solide, intègre et loyale qui possède une remarquable expérience de terrain » avec « le souci permanent du rassemblement et de l’échange». Le président du Groupe de la majorité municipale se place également comme un « combattant acharné et vigilant de l’union », se portant volontaire pour « travailler en équipe à la préparation de (notre) projet » pour faire de Marseille, « la capitale d’une métropole puissante et rayonnante vers l’horizon 2040 ».
Fédérer largement
Dans une récente interview de Martine Vassal, sur France 3 Alpes-Provence, la présidente du Département des Bouches-du-Rhône, et présidente par intérim de la Métropole Aix-Marseille Provence disait attendre « qu’il se déclare », affichant son soutien : « bien sûr que je soutiens mon ami Bruno Gilles. » De son côté, le président de la région Sud, lui, déclarait sur Public Sénat, le 12 septembre, ne pas «avoir de conflit » avec Bruno Gilles, et insistait sur le fait que l’important reste « le projet pour la ville de Marseille.»
Bruno Gilles, lui, entend fédérer, en lançant un large mouvement participatif pour porter les ambitions de Marseille dans les années à venir et revendique dans son courrier le soutien de Jean-Claude Gaudin, Martine Vassal et Renaud Muselier. « Oui, ce projet, je le lance accompagné de tous mes amis politiques, de tous mes amis de la société civile, des femmes et des hommes voulant poursuivre la modernisation de notre ville, au plus près des préoccupations quotidiennes des Marseillais. » Il compte sur toutes les forces vives y compris sur la mobilisation de fédération départementale LR qu’il dirige depuis 2016 et pour laquelle d’ailleurs il est candidat à sa propre succession. L’élection aura lieu les 13 et 14 octobre 2018.
L’ancien maire LR estime que dix-mois ne seront « peut-être pas assez longs pour mettre en place un projet participatif », déclarait-il ce soir, sur France 3 Alpes-Provence. D’où sa décision d’être candidat très tôt. « Certains de mes ami(e)s politiques disaient qu’il fallait attendre, moi je pense qu’il faut partir assez tôt pour être en campagne sur le terrain durant ces 18 mois. » Il déclarait également dans cette interview que le soutien de Martine Vassal est « très important, parce qu’on a déjà beaucoup travaillé ensemble au sein de notre formation politique et surtout pour préparer les élections départementales », ne manquant pas de lui apporter à son tour son soutien pour la présidence de la Métropole. Et d’ajouter : « C’est un soutien de la part de Martine Vassal énorme, politique mais aussi amical, affectueux, comme le sera peut-être celui de Renaud Muselier », espère-t-il. (lire par ailleurs)
En attendant, dans sa lettre Bruno Gilles conclut par une citation de Georges Clémenceau : « Il faut d’abord savoir ce que l’on veut, il faut ensuite avoir le courage de le dire, il faut ensuite l’énergie de le faire. » Bruno Gilles sait visiblement ce qu’il veut.
La lettre de Bruno Gilles aux Marseillais