Le cabinet d’influence Stan, basé à Marseille, connaît une forte croissance. Il fêtera, en position de leader français du conseil territorial, ses dix ans en 2023. Retour sur cette montée en puissance avec Gautier Testu, directeur associé.
Pourquoi le cabinet Stan a-t-il été créé à Marseille ?
Gautier Testu : Stan a été créé sur l’idée de mieux se faire parler les sphères publiques et privées. Le constat dressé à l’époque était que les décideurs publics et privés ne se comprenaient que trop peu, ce qui créait parfois des incompréhensions, des quiproquos et des situations de crise. En amont le travail de dialogue et de consensus territorial n’avait pas toujours été suffisamment bien construit. Comment faire encore plus dialoguer ces deux mondes ? C’est vraiment la question fondatrice. Il fallait donc proposer une stratégie pour que chacun puisse se comprendre et monter en connaissances les uns vis-à-vis des autres.
Les chefs d’entreprises ont tendance à accuser les politiques ?
G. T. : Oui mais c’est trop facile de dire qu’un élu ne comprend pas, ne sait pas ou ne s’intéresse pas. Il faut aussi lui donner envie, ne pas lui demander mais lui proposer ; une ambition, un projet, un sujet. Un élu a beaucoup de choses à faire, il a beaucoup de contraintes, ce n’est pas un expert. C’est aussi et avant tout au privé de conduire un travail d’acculturation et de lui donner des clés de compréhension.
Le parti-pris du cabinet Stan dès le départ est de miser sur les territoires. Pourquoi ?
G. T. : Presque dix ans après sa création par Nicolas Barthe, que j’ai rejoint quelques mois après, nous sommes toujours seuls, nous sommes 40 et nous continuons à accélérer. Le cabinet a commencé ici parce qu’il y avait un besoin et que personne n’y répondait. Mais la raison fondamentale c’est parce que l’on aime ça. Le territoire c’est notre environnement de travail mais c’est aussi notre cadre de vie. Ce qui change beaucoup de choses car nos finalités ne sont pas désincarnées comme cela peut parfois l’être au niveau national ou européen. Nous, lorsque l’on accompagne un projet industriel, mes collaborateurs le voient de leur fenêtre. Donc il faut y croire, l’apprécier et le défendre. Ce qui veut dire que nous faisons des choix et que nous savons refuser des dossiers. Parce que nous n’avons pas confiance et que c’est contre nos valeurs. Notre métier est de créer de la confiance, c’est également notre 1er capital et nous y tenons précieusement.
Depuis sa base des Bouches-du-Rhône Stan a rapidement essaimé…
G. T. : Oui. Nous sommes effectivement désormais présents dans les dix principales métropoles françaises. Nous avons des équipes implantées à Bordeaux, Paris, Lyon, Nantes, Strasbourg, Rennes, Toulouse, Lille. Nous avons implanté Nice il y a un an et le bureau emploie déjà quatre personnes…
Les contextes changent en permanence et il faut savoir s’y adapter
Gautier Testu
Est-ce que cela veut dire que les besoins sont partout les mêmes ?
G. T. Oui et non. Effectivement certains territoires ont une fluidité de dialogue plus forte entre les différentes parties prenantes, notamment publiques et privées. Mais rien n’est acquis, les contextes changent en permanence et il faut savoir s’y adapter. Tout évolue, à l’instar de Lyon qui était érigé en modèle de consensus territorial, de co-construction, très tempéré politiquement. Puis la majorité municipale et métropolitaine a changé avec une nouvelle manière de construire la relation territoriale, qu’il faut, pour un acteur privé, comprendre, analyser et dans laquelle y injecter de la confiance. Le climat politique a changé et certains acteurs se rendent compte que la relation territoriale est une activité qui doit être professionnalisée, pensée, conduite avec expertise. Stan a une valeur ajoutée encore plus forte dans ces moments de changement. Mais nous avons toujours beaucoup de choses à faire. Quelle que soit la situation politique, nous accompagnons les acteurs privés dans leur projet, de la conception jusqu’à l’animation.
Le lien de confiance que vous créez vaut aussi entre acteurs privés ?
G. T. Tout à fait. Il n’y a pas forcément la sphère publique dans les dossiers que nous gérons. Notre positionnement clé, c’est le dirigeant. Nous sommes d’ailleurs beaucoup plus dans la stratégie d’entreprise que dans la stratégie d’influence.
Ce qui vous rapproche du cabinet de conseils ?
G. T. Un cabinet de conseil se contente parfois de produire des beaux documents pour définir une stratégie mais il ne va pas intervenir pour la mettre en place. Nous, nous sommes dans l’action et nous faisons. C’est ce que l’on aime faire. Il ne s’agit pas seulement de définir une stratégie, il s’agit de la conduire. Nous nous engageons.
Nous intervenons tout autant dans l’industrie, que dans l’énergie, l’environnement, l’urbanisme, la culture, le sport, le médical.
Gautier Testu
Avez-vous des spécialisations par secteur ?
G. T. : Non, nous traitons tous les secteurs mais nous avons des expertises fortes avec une quarantaine de collaborateurs partout en France. Nous intervenons tout autant dans l’industrie, que dans l’énergie, l’environnement, l’urbanisme, la culture, le sport, le médical. Nous sommes en capacité de traiter une grande variété de problématiques et thématiques relevant de l’ancrage territorial. Comment une entreprise crée son jeu territorial, dans le long terme, avec les parties prenantes, en faisant coïncider l’intérêt privé et l’intérêt général ? Voilà la mission du cabinet Stan, quel que soit le secteur d’activité.
Pourriez-vous nous donner quelques exemples de vos interventions ?
G. T. : Dans l’urbanisme par exemple, nous nous impliquons dans les grands projets d’aménagements. Comment fait-on accepter et porter par un territoire un projet telle qu’une tour comme La Marseillaise ? Nous avons accompagné un vrai projet de territoire, porté par plusieurs acteurs, qui permet de créer des centaines d’emplois locaux avec une convention qui engage, avec le Club 29, qui contribue à en faire une vitrine et y réunit les 300 plus belles entreprises de la Région, etc… Cette tour de bureaux qui aurait pu être froide et anonyme est devenu un vrai totem qui bénéficie à tout le territoire.
Autres exemples : comment conçoit-on avec un aéroport une stratégie pour ouvrir des lignes aériennes internationales depuis les territoires ? Comment accompagne-t-on le leader des énergies renouvelables dans sa relation avec ses différents environnements, partout en France, afin d’y déployer ses projets de productions multi-énergies ?
Dans le domaine du mal-logement, nous avons fédéré des entreprises régionales autour de cette problématique de l’habitat pour tous. Dans le domaine de la petite enfance nous sommes aux côtés de Babilou, le leader mondial, pour développer la place des crèches sur les territoires.
Vous accompagnez les entreprises jusqu’où ?
G. T. : Notre principale brique, c’est le conseil, et en particulier le conseil aux dirigeants en stratégie d’influence. Notre cœur historique, c’est la stratégie, que l’on conçoit et que l’on déploie. Et qui peut se décliner en communication, en événementiel, en relations presse, en formation, en accompagnement au changement, en intelligence économique… Ce sont des outils que nous pouvons mobiliser dans le cadre d’une stratégie définie.
Quelle est la prochaine étape du développement du cabinet Stan ?
G. T. : Notre priorité est de continuer à approfondir notre réseau territorial en France. Il y a aussi bien les dix grandes métropoles, où nous souhaitons être toujours plus implantés, que des pôles urbains où nos clients ont parfois des enjeux, et sur lesquels nous devons savoir les accompagner. Nous construisons et nous animons sur ces zones un réseau de partenaires. Nous nous appuyons aussi sur des senior advisors qui nous aident à entrer dans une granularité encore plus forte. Aujourd’hui, nous savons travailler sur les 20 premières métropoles françaises. En parallèle, nous développons fortement nos pôles formation, communication et intelligence économique, qui sont en capacité également de travailler sur l’ensemble des territoires du cabinet.