En 2016, lorsqu’il inaugure le premier centre de santé privée de la région, Jean-Jacques Zenou, invente un modèle inédit et risqué. Ancien prof d’économie dans les quartiers nord, multi-entrepreneur dans le domaine de la formation et du Web, président de Radio JM, il a choisi pour son implantation un immeuble Arts Déco, sur le cours Belsunce. Il y a investi 1,2 million d’euros dont 850 000 € de crédit bancaire et 300 000 € financés par son bailleur pour la rénovation de l’immeuble.
L’objectif affiché est d’avoir une offre de soins de qualité avec des cabinets hyper équipés pour tous et avec toutes les spécialités. Chaque cabinet dispose d’un plateau technique moderne. Les médecins sont salariés, mais rémunérés en fonction des actes. Le centre compte sept généralistes, sept dentistes, deux ORL, un dermatologue, un gynécologue, deux sages-femmes, un psychiatre…
Cara Santé : 30 000 rendez-vous médicaux en 2019
Quatre ans plus tard, les résultats sont au rendez-vous. Le centre Cara santé réalise deux millions d’euros de chiffre d’affaires, il est à l’équilibre depuis deux ans et dégagera même en 2019. 41 personnes sont salariées dont seulement sept administratifs. Jean-Jacques Zenou pratique un management de proximité, renforce l’accueil quand il le faut et intervient au médiateur face aux incivilités. Mais il veille à limiter chaque dépense, afin de garantir la viabilité du modèle. Car contrairement aux centres de santé mutualistes ou municipaux, Cara Santé ne reçoit aucune subvention publique tout en pratiquant un accueil social : 60 % des patients sont en précarité. Cara Santé pratique le tiers payant intégral et accepte la CMU avec un service de deux personnes pour traiter les dossiers.
En 2019, 23 000 patients sont venus pour un rendez-vous dont 6 400 nouveaux patients et 6 800 sont venus pour un rendez-vous dentaire donc 1 600 nouveaux patients.
Jean-Jacques Zenou s’est heurté au départ à l’opposition du Conseil de l’ordre des médecins qui l’accusait de faire « une médecine bâclée » et de combattre l’exercice libéral de la profession. « Ils m’ont fait la guerre », note le directeur. Aujourd’hui les relations se sont apaisées avec le changement de gouvernance du Conseil de l’ordre. Le recrutement des médecins révèle la volonté d’une nouvelle génération d’exercer ce métier en privilégiant la qualité de vie avec un revenu régulier. Les médecins retraités trouvent là aussi un lieu d’activité où ils se concentrent sur leur métier sans avoir à se préoccuper de la gestion ou du matériel. L’Agence régionale de santé et le ministère regardent avec intérêt cette expérience. Jean-Jacques Zenou est devenu délégué régional de la Fédération des centres de santé et la loi Buzyn donne toute sa place à ces nouveaux lieux de soins.