Au soir du 18 juin [77 ans après l’appel londonien de Charles de Gaulle], 1 370 000 électeurs buccho – rhodaniens auront désigné les 16 personnes qui les représenteront à l’Assemblée Nationale. Il y aura 249 déçus sur les 265 postulants actuels.
Seize députés, il faut le souligner, c’est l’un des plus importants contingents parlementaires venant d’un seul département. Il n’y a que Paris, avec 18 fauteuils, et le Nord, (21 sièges), qui disposent de plus d’élus que les Bouches- du-Rhône. A titre comparatif, les Hautes-Alpes et la haute Provence n’envoient à Paris que 4 élus, deux pour le 04 comme le 05.
Parmi les seize sortants, deux anciens ministres socialistes qui ne se représentent pas : Marie-Arlette Carlotti et l’ancien garde des sceaux Michel Vauzelle. Dix, en revanche, sollicitent le renouvellement du contrat pour cinq ans, dont six Les Républicains, (Valérie Boyer, Bernard Deflesselles, Christian Kert, Bernard Reynes, Dominique Tian et Guy Teissier) et trois socialistes (Patrick Mennucci, Henri Jibrayel et David Ciot). Ainsi que l’écologiste François-Michel Lambert à Gardanne. Un poste est vacant dans le nord marseillais- depuis l’obligatoire retrait de Sylvie Andrieux, condamnée par la justice à porter un bracelet, et inéligible.
Mis en examen pour détournement de fonds, le maire radical de Velaux a renoncé à se porter candidat. Son homologue communiste de Martigues aimerait passer le flambeau au leader départemental de son parti. Retraite aussi pour Vincent Burroni, qui fêtera son 70e anniversaire en octobre.
Dernière fois
En toute hypothèse, au moins six nouveaux promus deviendront cet été législateurs ; et peut-être pour la dernière fois, car non seulement le président Macron a promis la disparition du département – par fusion avec la métropole Aix-Marseille Provence – mais aussi de « réduire d’un tiers le nombre de parlementaires ». Mécaniquement, aux législatives de 2022, ne resteraient que 11 places. Sans parler de l’instauration d’une dose de proportionnelle dans la modernisation du mode de scrutin, également promise.
Concernant les étiquettes des députés sortants, à noter que le Parti socialiste comptait sept représentants et la droite six. Tandis que Parti communiste, comme le radical et le mouvement écologiste, chacun un.
Podium manqué
Côté rapport des forces politiques en présence, les résultats du second tour de la récente présidentielle indiquent que le Front national ne l’emporte que sur deux circonscriptions, les 12 et 13e, au sud de l’étang de Berre, englobant Fos, Marignane et Vitrolles. Partout ailleurs, dans 14 “circos” sur 16, Macron gagne. Parfois très largement, comme sur Marseille 4e (78%) ou 2e, 70%. Cependant, l’actuel chef de l’Etat n’a devancé ses rivaux au premier tour que dans une seule circonscription, la 14e, au nord d’Aix, vers le Puy-Sainte- Réparade. Il arrive même parfois troisième, derrière Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, comme dans la 7e, autour de l’Estaque.
En outre, sur la totalité des Bouches-du-Rhône, Emmanuel Macron rate d’une marche (si l’on ose ainsi dire) le podium. Précédé par Bleu Marine, France insoumise et Les Républicains, il n’obtient que 13% des électeurs inscrits, exactement 265 821 voix.
Presque paritaire
C’est probablement la première fois dans l’histoire de la députation que l’électorat du treize se voit offrir, parmi les 265 candidats, les noms de presqu’autant de femmes que d’hommes : 125 (47%) contre 140. Parfois l’égalité est parfaite, comme autour du Vieux Port (10 et 10), à Istres ou Vitrolles (7 contre 7 dans les 12 et 13e circonscriptions). Sur le littoral marseillais, douze dames disputent à cinq messieurs le siège jusqu’ici chevauché par le premier adjoint au maire.
En revanche, autour du bassin minier de Gardanne, trois femmes seulement en compétition avec quatorze hommes. La cinquième de Marseille, (entre Camas et Saint-Pierre), suscite le plus de convoitise (23 candidats et autant de suppléants), alors qu’à Saint-Rémy, dans les Alpilles, le dentiste-maire de Chateaurenard n’aura que dix adversaires.
Record de longévité
Au chapitre des records, la palme revient au septuagénaire salonais Kert, qui vise un septième mandat. Si ce Républicain est reconduit, trente ans après sa première élection (en 1988), il devra au palais Bourbon se prononcer sur la loi limitant la durée cumulative des mandats. Son aîné de deux ans, Guy Teissier est élu à Marseille depuis 35 ans. Au terme de la nouvelle législature, si la population lui accorde sa préférence, il aura 78 ans. Quant à son voisin Patrick Mennucci , lui siège au même conseil municipal depuis 1983.
Enfin, petit rappel, député est un métier à risque. Lors d’une visite ministérielle, en mars 2016 dans le 15e arrondissement, Henri Jibrayel se fait agresser. Verbatim du Canard enchaîné sur le récit de l’incident, de la bouche même de la victime : « Con de sa mère, il m’a mis un taquet, c’t’enculé »..
[sic transit gloria mundi]… Ainsi va la gloire du monde.