Après le douloureux retrait des listes qu’il conduisait fin 2015 pour gérer la Provence, Christophe Castaner n’a pas plongé dans l’abattement. Pas mécontent d’avoir permis à la droite estrosienne d’écarter madame nièce Le Pen du pilotage régional, en s’adossant à l’électorat de gauche, il troque son habituel costume cravate contre une tenue de marcheur. La République En Marche n’est pourtant pas encore constituée – mais lui vient de célébrer ses 50 ans. Ainsi accoutré, le député socialiste explore à pied sa circonscription bas-alpine, de Sainte Tulle à Sisteron, sur la rive droite de la Durance. Pas besoin de rasoir dans sa musette, ce Varois ne s’en sert qu’occasionnellement.
Grande gueule
Au lycée déjà, réputé grande gueule et un peu frimeur, le jeune natif d’Ollioules penche vers Rocard. Diplômé en droit, puis en criminologie à l’université d’Aix, Christophe Castaner est recruté par la BNP pour traiter d’affaires juridiques.. Le passage par la banque serait-il un préalable macronien pour rénover la vie publique ?
Sa carrière politique professionnelle débute au sein du cabinet du maire socialiste du Xème arrondissement de Paris. Lors de la cohabitation Chirac-Jospin, la ministre de la culture Trautman l’embauche comme conseiller, puis directeur de cabinet. C’était en 1997, voici 20 ans. Suivra le travail auprès d’un autre ministre, Michel Sapin, chargé entre 2000 et 2002 de réformer l’état et la fonction publique.
Fameux pastis
En 2001, Castaner est élu maire de Forcalquier, où se distille, jure-t-il, le meilleur pastis du monde. En mars dernier, au concours général agricole, une dégustation d’experts le confirme : la maison Bardouin obtient la médaille d’or de cette emblématique nectar. Toutefois, s’il est réélu député en juin qui vient, le parlementaire s’engage à renoncer au fauteuil de maire. Ce montagnard en costume sait tourner la page. Sans état d’âme il a quitté le parti qui l’avait investi pour devenir porte-parole d’Emmanuel Macron. Il fut auparavant rapporteur au Palais Bourbon de la loi portant le nom du futur chef de l’état.
Marié à Hélène, père de deux enfants, ce communicant friand de micros et caméras aura siégé huit ans au Conseil régional de Paca, (entre 2004 et 2012). Afin de mieux connaître la vie réelle de ses concitoyens, il entreprit début 2017 une décade de découverte des métiers bas alpins. Christophe Castaner fut tour à tour pompier à Manosque, boucher ou électricien, serveur et berger, savonnier à Villeneuve et gendarme-secouriste en altitude. En dix jours, dix activités. Imaginatif et volubile l’homme aime le défi, voire la provocation. Ainsi récemment vient-il haranguer une foule marseillaise en arborant une écharpe du PSG. Émeute garantie. Ce fut une des rares fois où le public eût le droit de siffler.
Veste bleue, chemise blanche à boutons de manchette rouges, cet élégant amateur d’opéra ne dédaigne pas une partie de moune [sorte de poker provençal], ni une recherche – cueillette de champignons dans la montagne de Lure. L’automne qui vient risque cependant de ne guère lui en laisser le loisir.
(Illustration : Christophe Castaner avec Emmanuel Macron lors de la cérémonie de passation de pouvoir à l’Elysée dimanche 14 mai 2017. Capture d’écran TF1)