Vers 1838, les tours du fort Saint-Jean, comme le Vieux-Port de Marseille, Turner les voit rouge vermillon… La vieille Major de même ! Les contemporains de ce peintre le trouvent excentrique, sinon atteint de “la fièvre jaune.” Ses admirateurs, en revanche, le tiennent comme un magicien, ou un alchimiste. Lui a beaucoup travaillé sur la question de la lumière, pour conclure : « un rayon suffit à illuminer le monde. »
Talent précoce
Fils d’un barbier perruquier londonien, Joseph Mallord William Turner est né en 1775. Dès l’âge de 15 ans , ses premières aquarelles s’affichent en vitrine de la boutique paternelle, dans le quartier de Covent Garden. Ce grand voyageur, à pied surtout, n’a pas 30 ans lorsqu’il effectue une première visite au Louvre, à Paris, en 1802. Pour voir de près l’œuvre des maîtres qu’il admire : de Rembrandt à Poussin, du Titien au Lorrain. C’est précisément l’année où la France découvre le bleu de cobalt. L’anglais poursuit la promenade jusqu’au Mont blanc. Toute sa vie sera consacrée à observer la nature, les paysages les plus divers, à restituer les formidables variations chromatiques des cieux qui les dominent.
Peindre l’éther !
Selon Camille Pissaro, Turner fut le premier à savoir « faire flamboyer les couleurs dans leur éclat naturel. » Son pinceau vaporeux parvient même à représenter l’éther brumeux qui nimbe Venise (1844). Il s’est longuement exercé à cela dans les brouillards britanniques. Un flou dont Claude Monet s’inspirera, au soleil levant, comme sur la Seine ou la Tamise. Radicalement original, ce fou de couleur et de lumière passe quelques heures à Aix en 1828, sans lâcher papier ni crayon. Pourtant, entre Nîmes et Avignon, il s’avoue accablé par la chaleur, mais garde en mémoire les scènes rencontrées, des Arènes au Palais des papes, voire à Sisteron… Et plus tard, de retour à l’atelier, il grave ce qui l’a marqué.
Enseignement
L’artiste lit aussi. Goethe publie en 1812 un Traité des couleurs, à l’époque où Turner enseigne l’art au sein de l’Académie royale britannique. Il réfléchit en particulier à la fluctuante apparence des reflets de couleur sur l’eau en mouvement. D’après l’un de ses successeurs en palette remarquable, Henri Matisse, ce créateur joue une sorte de moment charnière « entre la tradition et l’impressionnisme. » Avant de s’éteindre, en 1851, William Turner signera une “Plage de Calais à marée basse, <poissards> ramassant des appâts”. C’est l’ultime tableau présenté hôtel de Caumont, après une centaine d’autres, huiles ou aquarelles.. Tout cet été à Aix.
Lien utile :
> Jusqu’au 18 septembre, ouvert tous les jours, de 10 à 19h, le vendredi jusqu’à 20h30
Tarif de 9,50 à 12 €
> www.caumont-centredart.com
(Illustration capture d’écran : Calais Sands at Low Water, Poissards Collecting Bait – Joseph Mallord William Turner – © Bury Art Museum, Greater Manchester UK).