Avec une quarantaine de films à l’affiche, tous formats confondus, les Rencontres internationales du cinéma d’Aflam, organisées par l’association éponyme, témoignent à nouveau de la créativité et de la vitalité des réalisateurs et artistes originaires du monde arabe et plus particulièrement du Moyen-Orient et du Maghreb. Hommage au réalisateur égyptien Youssef Chahine, disparu il y a dix ans, focus sur le cinéma serbe, débats, café-cinés, en présence de cinéastes, d’universitaires et de spécialistes, sont également au programme de cette 6e édition.
Une édition sous le signe de la famille
Pour ce nouvel opus, l’équipe d’Aflam a choisi de porter un regard particulier sur la famille, un sujet qui résonne plus que jamais avec l’actualité : « Dans ce monde en bouleversement, les vies basculent entre espoir et désillusion. Des familles se séparent, se divisent, ou tentent de se retrouver. Les liens et les repères se délitent et ce sont d’autres modèles autrefois imposés par les sociétés qui prennent forment. », nous disent les organisateurs.
Cette réflexion s’exprimera principalement au travers des oeuvres, fictions et documentaires, des cinéastes originaires de sept pays – Algérie, Egypte, Irak, Liban, Maroc, Palestine, Serbie, Syrie, et Tunisie. Nul doute que leurs angles de vue apporteront un éclairage passionnant sur un des sujets phares du cinéma méditerranéen et moyen-oriental.
Parmi la sélection, citons, entre autres, le film d’ ouverture Le Déjeuner de Lucien Bourjeily. Dans ce premier long-métrage, le réalisateur, figure de la scène artistique libanaise, retrace avec un réalisme grinçant les tensions et la dislocation d’une famille réunie autour du repas de Pâques. Dans un autre registre, avec Benzine de Sarra Abidi, la réalisatrice et actrice tunisienne exprime le désarroi d’une famille ébranlée par le départ inopiné de leur enfant, ou encore Of Fathers and Sons de Talal Derki, un documentaire qui dresse le portrait de deux fils aînés d’une famille radicalisée dans la province d’Irbid où le cinéaste syrien s’est fait passer pour un sympathisant de la cause djihadiste. À noter que Talal Derki déjà multi-récompensé avec Retour à Homs (2013) animera une Master class où il sera question de ses films et sa démarche de filmer en zone de conflit.
Youssef Chahine, un cinéaste, un parcours
L’un des temps forts de ces nouvelles Rencontres sera l’hommage qui sera rendu à Youssef Chahine, réalisateur, acteur, scénariste et producteur, à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition. Figure de proue du cinéma égyptien engagé, Youssef Chahine, révélé au public avec Gare Centrale (1958), célébré au Festival de Cannes en 1997 pour l’ensemble de sa carrière, sera ainsi l’objet de rencontres et d’une rétrospective composée de douze longs-métrages, à l’instar de Gare Centrale, Le Destin, Alexandrie encore et toujours ou encore Le Sixième jour. À cette occasion l’auteur Tewfik Hakem dédicacera au Mucem l’ouvrage qui lui a consacré “Youssef Chahine, le révolutionnaire tranquille”. Quant à la rétrospective, elle se déroulera à Marseille mais également à l’Institut de l’image d’Aix-en-Provence, à l’Eden de La Ciotat et jouera les prolongations, entre le 8 et le 29 avril, au cinéma Le Méliès de Port de Bouc.
Focus sur le cinéma serbe
Enfin dans la section “Au-delà des frontières », un focus sur le cinéma contemporain de la Serbie mettra à l’honneur des productions rarement diffusées en métropole à travers une sélection de cinq films récents parmi lesquels le poétique Vent de la réalisatrice Tamara Drakulic (jeudi 4 avril au Vidéodrome 2, Marseille). Autre film à découvrir, L’envers du décor de Mila Turajlic. La réalisatrice dont le premier long métrage Cinema Komunisto (2010) avait été largement salué par la critique dans maintes festivals, retrace 70 ans de la vie de sa famille et de son pays à travers le témoignage de sa mère, figure de proue de la résistance contre le régime de Slobodan Milosevic puis secrétaire d’Etat du premier gouvernement démocratique serbe, et des archives exceptionnelles. La projection aura lieu le vendredi 5 avril au cinéma La Baleine, à Marseille, présentée par Irina Bilic, cinéaste également et fondatrice du festival L’Europe autour de l’Europe.
Une pléïade de rencontres
Cette semaine donnera lieu à des rencontres avec une vingtaine de cinéastes parmi lesquels Lucien Bourjeily (Le Déjeuner), Shiri Abu Shagra (What Happens to a Displaced Ant), Nora Adel (Marche arrière), Muayad Alayan (The Reports on Sarah and Salem) Malek Bensmaïl (La Bataille d’Alger, un film dans l’histoire) Stéphanie Brockhaus et Andreas Wolff (The Poetess), Talal Derki (Of Fathers and Sons), Sofia Djama (Les Bienheureux) Madhi Fleifel (I Signed the Petition) Ghassan Halwani (Erased_Ascent of the Invisible), Mohamed Jabarah Al-Daradji (Baghdad Station), Farah Kassem (Nettoyer Shaerbeerk), Faten Matmati (Révélation), Ameen Nayfeh (La Traversée), Romuald Rodrigues Andrade (Trace ta route), Ahmed Fawz Saleh (Poinonous Roses), M. Siam (Amal).
La nouvelle génération de réalisatrices
À noter également la table ronde du dimanche 7 avril à la Fabulerie sur la place et l’image de la femme dans l’industrie du film arabe en présence de cette nouvelle génération de réalisatrices qui, selon les organisateurs, « bousculent notre vision des sociétés arabes et dont le nombre grandissant serait-il en train de changer l’image de la femme à l’écran. ». La deuxième partie de cette table ronde abordera également la question du genre dans l’industrie du film de la région Maghreb-Mashreq. Rendez-vous le 1er avril pour de beaux moments d’échange et de découverte en perspective !
Informations pratiques :
> Association Aflam – 42, rue Saint Saens – 13001 Marseille
> Tél. 04 91 47 73 94
> Courriel : contact@aflam.fr
> Le détail du programme sur le site de l’événement