La Ciotat nous laisse bouche bée
A la fin du XIXe siècle les frères Lumière avaient rendu la ville célèbre, avec la projection d’un des premiers films muets. Il s’agissait de « L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat », images qui, en 1895, terrorisaient les foules dit-on, pas encore habituées à voir des photos en mouvement. Mais, décidément, cette ville qui fut longtemps connue à travers l’excellence de sa construction navale, n’a pas fini de nous surprendre, puisque qu’elle vient de rejoindre le club, très fermé, des plus belles baies du monde. A l’instar nous dit la promotion, d’Along ou de San Francisco. Mazette, de quoi tomber de sa chaise tant la barre franchie nous parait haute. Mais on ne peut que se réjouir, comme Patrick Boré, le maire et ancien rugbyman, d’être de cette mêlée-là qui réunit un peu moins d’une cinquantaine de sites. On est d’autant plus heureux de l’information, que La Ciotat ne s’était illustrée depuis quelques semaines que par une poignée de gilets jaunes, plus prompts à enflammer les péages autoroutiers qu’à aider leur ville à se placer sous les feux de la rampe. En dévalant de Bandol et de Saint Cyr, ou dans le sens contraire de Marseille et Aubagne, vous n’aurez donc plus tout à fait le même regard sur ce rocher rouge qui sert de repère, pour pénétrer dans le massif des calanques. Ce label, nous jure-t-on encore, participera à l’attractivité du territoire. Après les terribles années 70 et 80 où une partie de la ville a été engloutie avec le naufrage de la Normed (Chantiers navals Nord Méditerranée), on se réjouit de cette baie ouverte sur l’avenir.
L’amour vache
Les hostilités ont commencé à droite et pas de la meilleure des façons. Alors que des équipes s’affairent à recouvrir tous les panneaux électoraux de la ville des affiches du Sénateur Bruno Gilles, d’autres les suivent pour badigeonner, systématiquement de noir, le visage altier du prétendant au fauteuil de maire. Comme le geste est répété à l’infini, on peut imaginer que ces glorieux artisans de l’ombre veulent ainsi signifier qu’il faut gommer le visage de l’impétrant du paysage politique local, son nom ne bénéficiant pas encore d’une notoriété suffisante pour « parler », aux huit secteurs de la ville. Ainsi va Marseille, à l’heure de l’information en temps réel, où survit encore la dialectique du pot de colle ou de peinture. Il est vrai que les adversaires de Gilles, à l’intérieur de sa famille politique, ont, pour des raisons diverses, quelques longueurs d’avance pour afficher leurs prétentions et accessoirement leurs bobines. Mme Martine Vassal a de ce point de vue creusé l’écart avec une moyenne de 20 à trente photos par semaine, dans la presse locale, suivie de près par Renaud Muselier. Dans ce camp-là, Mme Valérie Boyer député réussit à tirer son épingle du jeu, même si les problématiques qu’elle évoque régulièrement sur les chaînes d’info continue sont d’ordre national ou international. Bon, on l’aura compris, Bruno Gilles a un long chemin à parcourir pour pallier son manque de visibilité. Peut-être s’inspirera-t-il d’un certain Mélenchon, hurlant devant les forces de police et le représentant de la justice, pour faire savoir au bon peuple marseillais « la République c’est moi !». Qu’on se le dise pour Gilles : « Marseille, c’est lui ! ».
La démocratie selon la CGT
Les gilets jaunes avaient presque réussi à faire oublier qu’il y avait des méthodes plus violentes encore, que celles auxquelles ils ont depuis quatre mois recours. Les gilets rouges de la CGT sont venus rappeler le bon vieux temps où à défaut d’argumenter, on interdisait à l’adversaire de s’exprimer. C’est le mouvement En Marche qui en a fait les frais cette semaine à Gardanne, un des derniers fiefs du Parti Communiste. Les syndicalistes inquiets, nous rapportent les gazettes, de l’avenir de la centrale à charbon, condamnée à court terme à la fermeture, sont venus interdire une réunion sur l’Europe. Visiblement, ils étaient chez eux, puisqu’ils ont su, dans le même temps où ils dispersaient les affiches et tracts de la réunion, trouver le local électrique pour couper la lumière et ajouter à la confusion. Les marcheurs n’ont pas, semble-t-il, eu droit à la compassion des élus gardannais à l’exception du député Lambert (Ex marcheur) qui a fait part de son émotion. La centrale doit fermer, parce qu’elle pollue depuis trop longtemps une région déjà lourdement victime de divers rejets dans l’atmosphère ou, pour les boues rouges, dans la mer. Polluer le débat politique, c’est la prime que s’octroie, fidèle à sa tradition, la CGT, sur le dos de la démocratie. Au nom du peuple bien sûr.
Traces de frein
17% de morts en plus sur les routes en raison en partie, affirme le gouvernement, de la destruction par les gilets jaunes des radars. Les victimes du mouvement sont du coup bien plus nombreuses, et certains politiques se rendent compte, à l’exception notoire de la France Insoumise qu’ils s’étaient un peu vite précipités dans le sillage de cette fronde. Dans la région, c’est Eric Ciotti, député des Alpes Maritimes, qui a sonné expressément la retraite des élus LR qui avaient cru un peu vite que les G J étaient le cheval de Troie susceptibles de faire tomber la citadelle macron. On avait vu ainsi le réputé modéré Christian Kert, député honoraire, rejoindre à La Barque les GJ, avant de ramer en sens inverse et de quitter cette improbable embarcation. Ce spécialiste de la sécurité des tunnels a alors compris que celui dans lequel il s’était engagé, comportait plus de périls que de lumières. Laurent Wauquiez, après tout ; premier de la classe ; avait fait de même avant de retrouver sa parka rouge, moins anachronique sur son costume que ce gilet jaune qui avait incendié la sous-préfecture, de sa terre d’élection. Les Républicains ont surtout pris en compte la courbe des sondages, qui leur avait fait prendre les vessies jaunes pour les lanternes, où ils comptaient bien accrocher quelques têtes de marcheurs. Mais ça c’était avant le bilan routier, le saccage des centres villes, et l’opinion de Français désormais majoritairement hostiles aux occupants des ronds-points. On aura compris après ces épisodes, qu’avant de s’embarquer dans la course politique, il fallait s’assurer d’avoir de bons freins.
Cette rumeur qui vient de loin
C’est dans le nord de Paris qu’elle s’est enkystée. Comme une mauvaise métastase, un début de lèpre, une gangrène assurément. La rumeur a encore sévi. Ce n’est pas nouveau puisqu’elle existe depuis que l’homme a commencé à communiquer. Une fois de plus, elle a désigné comme coupable idéal un petit peuple, les Roms, suspects à cause de leur différence, leur art de vivre, leur invisibilité si voyante. Dans le Grand Meaulnes, au siècle dernier, Alain Fournier évoquait déjà ces gens qui filaient dans la brume des campagnes, occupaient la lisière de villes et, finalement, envahissaient l’inconscient collectif où, au même titre que les loups garous, les vampires et les dragons, ils régnaient sur les peurs et les préjugés. On s’étonne aujourd’hui de la violence que cette rumeur a suscitée, avec des chasses aux sorcières et même des lynchages. Il y a dix ans, à Martigues, par les mêmes canaux – les téléphones portables des adolescents – c’est strictement une fake news semblable qui était relayée. Des Roms enlevaient des enfants pour un trafic supposé d’organes. Dans les quartiers nord de Marseille, certains membres de cette communauté ont été sauvagement agressés, pour les mêmes fausses raisons. Rien ne change donc, avec une constance cependant, c’est toujours une minorité qui est visée. Comme si on lui reprochait de survivre et de perdurer en dehors du grand tout. Il est grand temps que la toile du Web, regarde de près les araignées mortelles qui y prospèrent.
C’est à l’étude…
Plus de 50% des écoles primaires et maternelles de Marseille exposées à la pollution aux particules fines. Le constat est aussi affligeant que l’immobilisme des autorités locales. On apprend aussi que les riverains de l’étang de Berre, vont bénéficier d’une étude pour déterminer l’origine de certains cancers et rechercher la part de la pollution dans ces problèmes de santé. On s’attendait à un peu plus de précipitation des autorités, tant il est avéré que la métropole marseillaise est l’une des régions les plus polluées de France. On est en droit de demander des mesures d’urgence, contre les émetteurs identifiés de ces diverses pollutions. Les navires de croisière, le métro, la circulation automobile, la pétrochimie. Certains se targuent de la beauté des sites, et ils en font même des éléments de campagne pour les batailles électorales à venir. Passées les Européennes, il sera question des municipales. On parlera alors d’impôts locaux, d’infrastructures routières, de transports en commun, du bien vivre, du vivre ensemble. Il est de plus en plus impérieux, qu’on rappelle à tous les élus qui ne manquent pas d’air, que la démocratie, comme nos poumons, a besoin d’oxygène.