Un observateur assidu de la vie politique marseillaise nous confiait qu’il voyait le conseil municipal “sans grande surprise”, les grandes mesures étant déjà été annoncées lors du déjeuner presse de jeudi 09 avril. La hausse des impôts locaux de 4.9% était donc largement attendue. Ce qui l’était moins, c’est la présence des parents d’élèves à l’entrée du conseil municipal. Ce rassemblement d’une vingtaine de personnes munies de pancartes et banderoles a échauffé les esprits, au point de faire passer au second plan les autres décisions.
Les rythmes scolaires : tension et amélioration
La manifestation des parents d’élèves dès l’ouverture du conseil municipal, qui a perduré jusqu’à la fin de celui-ci, a remis le sujet sur le devant de la table. L’équipe Gaudin et plus spécifiquement Mme Casanova, l’adjointe à l’Education, étaient attendues au tournant. Les parents d’élèves ont dressé pancartes et banderoles jusqu’à l’intérieur du conseil municipal. Ainsi, de nouvelles mesures ont été prises concernant l’éducation, dans le sens de l’apaisement. La plus importante reste la gratuité des temps d’activités périscolaires pour l’année 2015-2016, “geste exceptionnel” de Jean-Claude Gaudin qui permettra de “connaître le vrai coût de cette réforme”.
Sortie à la fin du conseil municipal, Mme Casanova est venue se confronter aux parents d’élèves en colère. Elle leur a annoncé qu’ “un nouvel appel d’offres a été lancé” concernant le personnel des temps d’activité périscolaires afin de pallier les imperfections de l’ancien. De plus, le personnel recruté travaillera “20 heures par semaine”, et “accompagnera l’enfant tout au long de la journée” de la garderie à l’étude. Ainsi, “les enfants connaitront les noms des animateurs” qui “effectueront un travail sur le long terme en étant intégrés à l’équipe pédagogique”.
Par ailleurs, durant ces temps d’activité périscolaires qui auront lieu les mardis ou jeudis après-midi de 13h30 à 16h30 selon les secteurs, les enfants pourront, selon l’élue, effectuer des “visites culturelles”, comme se rendre “dans le parc national des Calanques, ou au musée d’histoire de Marseille” et ce “avec la gratuité des transports en commun”. Enfin, les casiers judiciaires des animateurs recrutés seront vérifiés dans le cadre du nouveau marché public. Par rapport au paiement de ces temps d’activités périscolaires, qui semblent enfin organisés, les parents ne seront pas mis à contribution lors de la rentrée prochaine, mais celle d’après.
Les avancées sont telles que même l’opposition se réjouit. Ainsi, Annie Lévy-Moziconacci, conseillère municipale socialiste en charge des questions d’éducation est “positive sur un certain nombre de choses.” : “en un an on a fait évoluer cette ville comme jamais en vingt ans. C’est déjà une révolution que Mme Casanova parle d’harmonisation du temps de la journée de l’enfant”.
Néanmoins, l’élue socialiste regrette que l’adjointe “n’ait pas acquis la culture d’un projet éducatif de territoire : la mairie ne veut pas entendre la concertation”. Celle-ci souhaite poursuivre le travail après cette année d’expérimentation en “élargissant le projet éducatif de territoire aux adjoints au sport, à la santé, à la culture. Tous les acteurs doivent être interpellés. Or, aujourd’hui, en régie publique, c’est le néant”.
Marseille aura son “Broadway” tandis que les impôts flambent
La création d’un cinéma en lieu et place de la mairie du premier secteur a été actée par la majorité municipale. Porté logiquement par Sabine Bernasconi (maire des 1er et 7eme arrondissements), ce projet vise a transformer la Canebière en “Broadway” marseillais. L’élue évoque par là sa volonté de rendre plus attractive la célèbre avenue marseillaise en ajoutant des espaces culturels a ceux déjà existants (Théâtre de l’Odéon, du Gymnase, cinéma les Variétés).
D’autre part, la majorité de droite a entériné une hausse des impôts locaux de 4.9%, alors que l’opposition de gauche comme d’extrême droite était vent debout contre cette mesure. Stéphane Mari, porte parole des élus PS, fustige une mesure liée “à la gestion de la ville” faisant référence au financement de l’extension du Stade Vélodrome via un partenariat public-privé qui, selon Benoit Payan (PS), “a engendré un surcoût de 93 millions d’euros”. Stéphane Ravier (FN) aurait préféré “une politique de rigueur” à travers une réduction des dépenses pour éviter aux Français une “overdose fiscale”. Dans tous les cas, Jean-Claude Gaudin a brisé sa promesse de campagne de ne pas augmenter les impôts. Yves Moraine (UMP) défend le maire considérant la hausse des impôts comme “due au gouvernement socialiste” ; argument difficile à entendre quand la majorité de droite vote juste après une subvention de 250 000€ au cercle des nageurs de Marseille.
A côté de ces délibérations centrales qui ont polarisé le débat entre les élus marseillais, la dotation de la police municipale en armes est passée dans un consensus certain. A moins, qu’à l’image des rythmes scolaires, sa mise en application ne soit l’objet de discussions sans fin.