Le conseil municipal de Marseille initialement prévu le 10 décembre, s’est finalement tenu jeudi 20 décembre au matin. Si l’objectif affiché lors de ce report était de laisser s’apaiser les colères, il semble qu’il n’en soit rien. En effet le parvis de la mairie a fait office de point de ralliement de plusieurs collectifs citoyens, d’associations, syndicats et partis politiques rassemblés pour exprimer leur mécontentement et revendications. Parmi les voix et personnes présentes, Le collectif du cinq novembre, le Dal (Droit au logement), Un centre ville pour tous, la CGT, La France insoumise ou encore L’assemblée de la Plaine.
Les personnes présentes ont d’abord déploré la façon dont la mairie a procédé à l’attribution des places permettant d’assister au conseil municipal en tant que spectateur. Selon eux, ce fut un moyen de filtrer l’accès et de les exclure du débat.
De nombreuses revendications
L’une des revendications unanimement partagée était l’application immédiate de l’ordonnance du 11 octobre 1945, qui prévoit la réquisition des logements vacants et leurs attributions aux personnes mal-logés ou sans-abri. Cette ordonnance est applicable sur proposition du maire, qui en vertu de l’article 2212-2 du code général des collectivités territoriales peut prononcer la réquisition de locaux vacants en cas d’urgence et à titre exceptionnel. La durée totale de réquisition applicable est d’un an maximum, renouvelable jusqu’à cinq ans.
Sébastien Regnault membre de Dal considère cette application de l’ordonnance de 1945 comme incontournable.
« Selon la fondation Abbé Pierre 36 000 logements seraient vacants à Marseille et 72 000 dans les Bouches-du-Rhône, avec un constat comme celui-ci il est incompréhensible que l’on compte autant de sans-abris, d’autant qu’un dispositif légal existe déjà avec l’ordonnance de 1945, mais il n’est pas appliqué.»
L’association « Un centre ville pour tous » soulève d’autres critiques. Notamment une insuffisance du nombre de logements sociaux ainsi que la politique de construction qui contournerait la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain). Cette loi datant du 13 décembre 2000 prévoit en effet que toutes les communes de plus de 3500 habitants doivent disposer d’un parc de 25 % de logements sociaux. En outre une autre disposition issue de la loi Duflot de 2013 stipule l’obligation pour les promoteurs de proposer 20 % de logements sociaux dans la construction de programmes neuf.
Gentrification, PPP, cantines scolaires
Ce rassemblement réunissant quelques centaines de personnes était l’occasion d’entendre des revendications plus générales. Ici on dénonce une volonté de « gentrification du centre-ville et de vouloir faire un Marseille sans les Marseillais », une ville conçue pour les croisiéristes au détriment des couches populaires historiques. Autre cible des critiques, les partenariats public privé « PPP » qui se feraient systématiquement à l’avantage du privé au détriment de l’intérêt public. Certains vont jusqu’à évoquer le manque de transparence autour de ce type de transactions et des suspicions de clientélisme.
Plus généralement, une demande de renforcement des services publics, notamment municipaux est clairement revendiquée. Par le recrutement de personnels en particulier dans les cantines scolaires dans lesquelles une grève est observée depuis le 10 décembre. La CGT présente sous les fenêtres de l’hôtel de ville annonce d’ailleurs la poursuite du mouvement jusqu’aux vacances de Noël et au-delà.
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