On n’en attendait pas moins de lui. Et il fut une nouvelle fois au rendez-vous. Philippe Langevin (chroniqueur réguilier de Gomet’), économiste et membre du conseil de développement de Marseille Provence Métropole était chargé, début juillet à Martigues, au nom de l’ensemble des conseils de développement de la métropole, de présenter la réflexion de ces organes, regroupant des membres de la société civile ,sur un sujet d’actualité : quelle agriculture voulons-nous ? Avec sa gouaille truculente et chantante, Philippe Langevin parvient avec des mots simples et directs à illustrer une réalité parfois bien cruelle. Que faire donc face à cette « société de beaufs » qui s’étale à longueur de pavillons, de barbecues et d’hypermarchés alors que le trésor d’ici, « l’agriculture de proximité » crève sous nos yeux ?
[pullquote]Des menaces nombreuses comme la banalisation du paysage métropolitain comme marqueur identitaire.[/pullquote]Ainsi s’alarme le rapport « Préserver l’agriculture périurbaine dans la métropole Aix Marseille Provence », les reculs de superficies exploitées sont considérables entre 2000 et 2010. Les hectares consacrés à la courgette ont ainsi perdu 43%. La mission interministérielle en charge du projet métropole relève aussi : « L’extension de la péri-urbanisation se réalise essentiellement sur des terres agricoles : plus de 1500 hectares dont 900 hectares pour la future métropole qui perd près de 500 hectares de zones naturelles par an, disparaissent chaque année à l’échelle des Bouches-duRhône du fait de l’artificialialisation. L’agriculture à fort potentiel, qui pèse plus de 40% de l’activité agricole du département, est sous pression. Son grignotage contribue à la banalisation du paysage métropolitain, mettant en danger le marqueur identitaire du territoire. »
Et pourtant martèle le professeur Langevin, c’est une chance formidable de disposer ici de nombreux produits et de qualité. Le département des Bouches-du-Rhône, est l’un des premiers départements français en matière de productions fruitières et maraîchères. Bien se nourrir, une alimentation saine, n’est-ce pas le début et le fondement de la vie ? Face à ce défi de maintenir cette activité si fondamentale dans nos zones péri-urbaines, face à la pression foncière des industriels et des promoteurs, les conseils de développement recommandent une série d’actions. Ils édictent des principes généraux et une série de déclinaisons pour relever les enjeux techniques, économiques et fonciers, citoyens et sociaux et environnementaux…
[pullquote]De nombreuses initiatives déjà prometteuses qui demandent à être amplifiées.[/pullquote]Des dizaines de propositions comme par exemple la sanctuarisation de parcelles, la surveillance des fausses donations visant à contourner les préemptions de la Safer, le développement les jardins familiaux, le maintien de l’élevage en zones péri-urbaines, l’encouragement de l’agroforesterie, négocier avec les grandes surfaces des contrats d’approvisionnement, etc. Un véritable programme politique, qui s’inspire des nombreuses incisives prometteuses (Amap, paniers Marseillais, Halle Terre de Provence, plate-forme paysanne, marchés bio, réseau Bienvenue à la ferme, épiceries paysannes,…) déjà en place et qui est à la disposition de la future majorité métropolitaine. Salutaire !
Vidéo :
Un extrait de l’intervention de Philippe Langevin.
Haro sur le barbecue et la Laguna des beaufs !
L’intégralité du rapport de l’avis des conseils de développement sur l’agriculture périurbaine.
La semaine prochaine la suite des propositions des conseils de développement.
Quelle place et rôle pour les conseils de développement dans la future métropole ?
Relire notre précédent article :
[Débat métropolitain] Futurs conseils de territoire : les cinq questions subversives des conseils de développement