La démission de Corinne Versini, référente départementale LREM des Bouches-du-Rhône était imminente. Attendue depuis la semaine dernière, elle se précisait de jour en jour. Ainsi après deux ans d’engagement au sein du mouvement, la fondatrice de Genes’Ink depuis 2010, a décidé de quitter sa fonction évoquant des « raisons personnelles ». Si elle explique sa décision par « un projet déterminant d’expansion de (sa) société », son évincement à ce poste semblait inéluctable… Elle était dans le viseur des marcheurs, militants comme députés, depuis déjà de longs mois.
Souvent contestée dans ses rangs, Corinne Versini a eu grand mal à fédérer depuis qu’elle a pris ses fonctions de référente départementale. Après l’élection d’Emmanuel Macron, dont elle à mener la campagne détermination dans le département, à Marseille, notamment, le mouvement n’a jamais véritablement réussi à se structurer localement. Il y a quelques mois, nous avions d’ailleurs rencontré des militants et adhérents de comités locaux marseillais (il en existe 300 dans les Bouches-du-Rhône). Ils disaient regretter un « manque d’organisation », « d’action », mais plus encore de visibilité. « A part, les députés, les gens de LaREM ne sont pas identifiés. Il faut montrer qu’on est capable de véhiculer un message, d’exister, se structurer c’est le BAba de l’ancrage… », nous confiaient-ils, sans vouloir que l’on divulgue leur identité ; car selon les statuts, seul le référent départemental est habilité à s’exprimer au nom du mouvement.
Pour tenter d’expliquer ce manque de cohésion et de structuration, nombre d’adhérents ont avancé la jeunesse du parti : « le mouvement est en train de grandir, de trouver ses marques, tout s’est construit autour d’un seul homme c’est compliqué ». Mais à l’approche des municipales, les marcheurs de la première heure, ne veulent plus perdre de temps. « Hors période électorale, il faut faire de la pédagogie, expliquer les mesures, faire du porte-à-porte… On a le temps de s’organiser, de se doter d’une machine la plus opérationnelle possible pour aller à la rencontre des Marseillais… On ne saura pas qui est candidat, mais en attendant, on se doit d’assurer la relève. On doit structurer le mouvement en tenant compte des spécificités et de la méthode. Tout cette opacité autour de l’organisation départementale est un handicap », nous confiait Hassen Hammou. Ancien relais de secteur LREM pour les 15e, 16e, 14e et 13e arrondissements, il a pris depuis la responsabilité du MoDem marseillais, répondant « mieux à son engagement ».
En attendant Christophe Castaner
Cette voix des militants, les députés En marche l’ont entendu. Certains d’entre eux, n’ont jamais caché leur insatisfaction concernant le mode de gestion de Corinne Versini et en ont d’ailleurs fait état, le 11 juillet dernier, au délégué général En marche, Christophe Castaner. La rencontre visait à trancher le conflit entre la référente du mouvement et les parlementaires. Si rien n’a fuité de cette rencontre, Saïd Ahamada nous avait toutefois indiqué qu’ils attendaient que « Christophe Castaner bouge». Le député souhaitait une meilleure cohérence et des objectifs plus clairs, préférant « parler de projet et non de choses internes». Idem pour Cathy Racon-Bouzon qui aspirait à « l’émergence d’un projet local ».
Lors de la visite récente du patron des marcheurs à Aix-en-Provence, Alexandra Louis nous confiait aussi son insatisfaction face à l’organisation départementale. Selon elle, « il faut une dynamique de projets sur le département, et ce n’est pas suffisamment le cas ». A la suite de la démission de Corinne Versini, elle se disait également « persuadée qu’elle trouvera sa place » dans ses autres fonctions pour le parti présidentiel : « Elle sera peut-être plus compétente et plus à l’aise dans son prochain rôle », a-t-elle ajouté, assurant que « ce qui importe ce ne sont pas les personnes mais les projets». De son côté Saïd Ahamada estime que Corinne Versini « a tiré les conclusions de sa difficulté à structurer localement le mouvement », se déclarant impatient de « travailler avec le ou la nouvelle référent(e) ».
Merci à Corinne Versini pour son engagement dans les Bouches-du-Rhône depuis le premier jour.
Alors qu’elle quitte sa fonction de référente pour se consacrer au développement de son entreprise, nous la remercions pour le travail qu’elle a accompli et lui souhaitons le meilleur.
— En Marche (@enmarchefr) 10 septembre 2018
Le ou la prochain(e) devrait être désigné(e) dans les prochains jours. Jean-Pierre Serrus, vice-président de la Métropole Aix-Marseille Provence, en charge de la mobilité, qui a adhéré au mouvement en janvier 2018, serait en bonne position pour prendre la relève.
Corinne Versini, elle, reste membre du Conseil présidentiel des territoires, auprès du président de la République, et assure que son « engagement auprès d’Emmanuel Macron et de La République En Marche reste évidemment entier et inconditionnel».
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