La société communautaire Marseille Gyptis International (MGI), filiale du Grand port maritime de Marseille (GPMM) et de l’Union maritime et fluviale (UMF), fête ses 37 ans avec un nouveau binôme à sa tête : Rémi Julien, le président du directoire depuis 2019 et Denis Liotta –dirigeant de Mediaco Vrac et par ailleurs président de la pépinière de start-up Marseille Innovation – fraîchement élu président du conseil de surveillance. Au sein de MGI, le duo compte développer l’intrapreneuriat et les levées de fonds autour de projets innovants pour le port. Interview croisée de Rémi Julien et Denis Liotta, réalisée le 28 juin au musée Regards de Provence.
En 2018, vous avez créé le logiciel « Ci5 » qui connecte 15 métiers de l’industrie maritime pour suivre la marchandise en temps réel. Combien avez vous d’utilisateurs ?
Rémi Julien : Nous avons déployé l’outil« Ci5 » en 2018 sur 10 places portuaires (Marseille-Fos, Sète, Guyane…) et on l’améliore en permanence pour donner plus de fluidité et de traçabilité à nos clients. Plus de 250 sociétés sont clientes, ce qui se traduit en 6 000 utilisateurs au quotidien.
Denis Liotta : Mes équipes (Mediaco Vrac, société de stockage en vrac de liquide, Ndlr) utilisent cet outil tous les jours, toutes les heures pour tracer les conteneurs en logistique et en transit. C’est un outil indispensable aujourd’hui, sans lequel on ne pourrait pas travailler. On économise beaucoup de délais et de matière grise. MGI c’est plus qu’une communauté, c’est un écosystème.
Cette année, vous avez développé un nouveau logiciel « DA5 ». A quels besoins répond-t-il ?
R.J : Notre nouvel outil « DA5 » est une extension de« Ci5 » qui analyse la performance et la part de marché des clients dans le Port, pour in fine les aider à une meilleure prise de décision.
D.L : Plus les entreprises réalisent de gros volumes, plus elles doivent comprendre leurs données et interagir facilement avec tous les métiers de la place (les transitaires, douaniers, dockers…) Nous avons besoin d’indicateurs de performances (KPI) pour optimiser la logistique. Aujourd’hui, quand vous commandez chez Amazon, et que vous recevez votre paquet en 24h, c’est qu’au départ il y a MGI dans le port. Sinon, Amazon ne pourrait pas faire ça.
Vous êtes un nouveau binôme. Quelle vision partagez-vous pour les années à venir ?
D.L : Nous allons essayer de construire un binôme qui amène le côté innovation. Nous voulons fédérer la communauté portuaire pour lever des fonds sur des projets innovants. Nous allons également encourager l’intrapreneuriat en renforçant notre service MGI Lab.
R.L : Les technologies, nous les avons déjà. Notre objectif est plutôt d’innover dans les usages. Nous avons la chance de pouvoir recueillir les besoins simplement via le service assistance de la plateforme. Nous allons aussi réfléchir à apporter des réponses aux questions de réglementations douanières qui évoluent souvent. Il faut voir comment nous pouvons nous appuyer dessus plutôt que de les subir.
Que représente votre élection à la présidence du conseil de surveillance de MGI, Denis Liotta ? Vous qui travaillez dans la place portuaire depuis près de 30 ans ?
D.L : J’en suis très fier. Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir d’accompagner une pépite comme celle-ci. Elle réalise 8,1 millions de chiffres d’affaires et emploie 50 collaborateurs à Marseille. Personne n’en parle mais c’est une start-up qui a 37 ans ! Et elle se renouvelle tout le temps. Je souhaite vivement apporter de nouveaux outils pour que cette PME, très agile, puisse rendre nos clients encore plus performants, moins polluants… Et aujourd’hui, la performance ne peut passer que par les plateformes.
R.J : Nous avons un rôle d’orchestrateur dans cette une économie. Nous sommes capables d’attirer l’ensemble de la communauté portuaire sur notre plateforme et de lui offrir rapidement un service à l’écosystème du Port. Et éventuellement nous pourrions les proposer ailleurs…
MGI réinvestit tous ses bénéfices car la communauté nous fait confiance.
Rémi Julien
De sorte à vous diversifier ? Quels sont objectifs chiffrés ?
R.L : Non, nous ne souhaitons pas nous diversifier. Nous voulons consolider et améliorer nos outils et proposer plus de services innovants. Notre ambition est, avant tout, de résoudre les problèmes pour tout l’écosystème. Nos actionnaires, qui sont nos clients, ont l’intelligence de ne pas nous piloter uniquement sur la création de valeur monétaire. Ils souhaitent contribuer à un projet qui fait sens. Aujourd’hui, on peut le dire, MGI réinvestit tous ses bénéfices car la communauté nous fait confiance.
D.L : Ça aussi c’est innovant dans l’usage ! Le chiffre d’affaires est réalisé par la communauté portuaire et cet argent est réinvesti pour l’innovation de l’économie portuaire. C’est pour ça que j’ai dit oui. C’est ça que j’aime. J’ai dit oui pour cet écosystème très soudé que tu ne retrouves pas ailleurs.
R.L : Nous ne sommes pas que dans l’intérêt pratique, il y a une dimension sociale importante. On voit ça dans les plus petites places portuaires comme en Guyane. Mais Marseille-Fos, c’est singulier. Malgré les flux très importants, tout le monde est très soudé. Surtout depuis quelques années.
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