« Monsieur le Président de la République. Nous nous permettons de vous écrire aujourd’hui au titre de la Métropole Aix-Marseille Provence (AMP) et de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence (CCIMP), et de notre souhait de mettre nos institutions au service de la croissance économique de la France ». Ainsi débute le courrier adressé à Emmanuel Macron, le 15 mars 2018, signé de Jean-Claude Gaudin, président de la Métropole Aix-Marseille Provence et de Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence. Ensemble, ils ont décidé d’interpeller le Président de la République sur la spécificité de ces écosystèmes métropolitains et sollicitent un statut propre aux CCI métropolitaines pour qu’elles puissent co-piloter au quotidien avec les Métropoles. Ils demandent également l’intégration de la dimension territoriale métropolitaine dans la stratégie des organismes d’Etat, parmi lesquels Business France*, BPI France et la Caisse des Dépôts, pour une meilleure prise en compte des tissus économiques locaux.
Pour motiver leurs demandes, ils mettent en avant les forces du territoire, le lancement de « l’Agenda économique » et les actions communes menées entre AMP et CCIMP pour l’accompagnement des entreprises, « de la phase de création à celle de l’accélération, comme l’innovation et l’internationalisation. Cela se traduit très concrètement par notre portage commun d’Aix-Marseille French Tech, écosystème métropolitain qui rayonne chaque année au CES de Las Vegas », citent-ils à titre d’exemple.
Une « task-force » économique métropolitaine
Sur le champ de l’attractivité, ils exposent les résultats obtenus grâce à l’agence métropolitaine Provence Promotion (en charge du marketing territorial et de la prospection d’entreprises à l’international), co-pilotée par la Métropole AMP et la CCIMP. « Ce sont annuellement une soixantaine de projets aboutis avec plus de 1200 emplois créés ». Parmi les derniers succès en date l’implantation du chinois Quechen à Fos-sur-Mer dont ils se félicitent. « Plus vieille CCI de France et parmi les plus jeunes métropoles de France, CCI Marseille et Métropole Aix-Marseille Provence ne manquent pas de projets concrets pour servir notre Nation. Ces initiatives que nous souhaitons inscrire dans la stratégie de votre gouvernement sont permises par les lois Maptam et NOTRe accordant d’importantes compétences économiques à la Métropole. Nous pensons que ce cadre décentralisée doit se traduire aujourd’hui, par un statut propre à la CCI métropolitaine. Les CCI métropolitaines ont en effet un devoir économique particulier, car elles représentent des écosystèmes performants et complexes, qu’elles peuvent aisément co-piloter au quotidien avec les métropoles ».
Dans ce sens, ils formulent plusieurs propositions : ajouter dans les statuts des CCI une nouvelle prérogative des CCI métropolitaines qui devrait s’accompagner d’un cadre juridique et financier spécifique ; permettre aux CCI métropolitaines avec leurs Métropoles respectives de conclure un schéma économique métropolitain commun, en lieu et place et schéma régional de la CCI régionale et du SRDEII (schéma régional de développement économique, d’innovation et et d’internationalisation) « tout en restant dans une logique de prise en compte et de coordination entre les schémas métropolitains et régionaux. Cette autonomie et ce recentrage sur une task force métropolitaine auraient l’avantage de la réactivité et de la connaissance fine du terrain et des entreprises pour conduire à un pilotage plus performants avec les outils et agences de l’Etat (…) C’est pourquoi nous voulons partager avec vous notre conviction de la pertinence d’établir un droit dérogatoire sur l’échelle métropolitaine pour les CCI et les Métropoles ».
Repères
Le plan du gouvernement pour muscler les exportations.
Edouard Philippe a annoncé le 23 février 2018 son plan pour le commerce extérieur français, sur le campus de l’Edhec Business School, à Croix, dans le Nord. L’une des mesures de cette stratégie est la réorganisation du dispositif public de soutien à l’export, le premier Ministre évoquant le fait que « trop d’acteurs agissent de manière dispersée et concurrente ». Business France, qui aide les PME (petites et moyennes entreprises) et les ETI (Entreprises de taille intermédiaire), à mieux se projeter à l’international et les chambres de commerces seront désormais ensemble la tête de pont du dispositif, et certaines de leurs équipes seront fusionnées. Un guichet unique (une plateforme informatique commune) va être créé servant de point d’entrée pour toutes les entreprises de France, et un contrat passé avec les Régions. Le premier Ministre a évoqué un dispositif « pilote » en Normandie et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Le premier Ministre a évoqué un dispositif « pilote » en Normandie et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le deuxième volet porte sur le financement des PME essentiellement. L’idée est de renforcer BPIFrance dans son rôle de financeur public. La formation complète le dispositif, avec un parcours de formation à l’export spécifiquement dédié aux TPE, PME et EIT pour les aider à s’internationaliser. L’Etat pourra également financer une certification (Toeic ou Toefl, certification d’anglais) internationalement reconnue qui sera généralisée dans les BTS ou licences professionnelles ayant une dimension internationale.
L’intégralité de la lettre des MM Gaudin et Chauvin au président de la République