« Voilà, c’est la bête ! Impressionnant non ? » Les présentations sont faites. Il suffit d’un simple regard vers le bas pour être littéralement happés par les profondeurs. En quelques secondes seulement, nous voilà dans l’antre de ce mastodonte de béton et d’acier façonné par la main de l’homme… A 30 mètres sous terre. Dans cette immensité, seules quelques voix et un goutte-à-goutte lointain perturbent le silence religieux. Un spectacle saisissant rythmé par un jeu d’ombres et de lumières pour sublimer cette œuvre colossale à 54 millions d’euros. Il fallait donc en profiter. Dans quelques jours, personne ne pourra plus rejoindre l’abîme de ce titan souterrain voué à la préservation des fonds marins. Une ambiance qui tranche avec la surface où règne l’effervescence des grands jours. Et c’est un grand jour ! Un événement célébré comme il se doit pour marquer la fin du chantier du bassin de rétention Ganay, construit par SUEZ.
« Un chantier d’une impérieuse nécessité »
« Cette cathédrale souterraine », comme beaucoup la surnomme aujourd’hui, c’est bel et bien un bassin de stockage des eaux usées et pluviales : 50 000 m3, presque 56 mètres de diamètre et 30 mètres de profondeur et doté d’un tunnel de 300 mètres sous l’une des artères les plus utilisées de Marseille : le boulevard Michelet. Tous ceux qui ont participé de près ou de loin à ce projet sont unanimes pour dire que c’est une « réalisation remarquable ». Elle a nécessité près de trois années de chantier qui se termine néanmoins six mois avant la date annoncée. Un soulagement pour les riverains pour lesquels Guy Teissier, président du Conseil de territoire Marseille-Provence a formulé des excuses, avant d’ajouter qu’il s’agissait d’un « chantier pénible et long mais d’une impérieuse nécessité ». C’est un constat.
Malgré la station d’épuration Géolide dotée d’un degré de performance élevé et innovante, celle-ci n’a pas permis de répondre à toutes les problématiques écologiques et sanitaires liées aux épisodes pluvieux. Problématiques rendues encore plus évidentes et sensibles avec la création du Parc national des Calanques. « Il fallait donc agir », a exprimé Laurent Roy, directeur général de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.
« Une stratégie métropolitaine »
Cette action, la Métropole l’a prise à bras le corps dans le cadre d’un contrat signé en 2014, avec l’Agence de l’eau. Un contrat de 185 millions d’euros au total « extrêmement ambitieux sur le volet du traitement de l’eau de pluie et qui fait référence sur le plan national, a précisé Laurent Roy. Et de poursuivre : C’est la première fois en France qu’une agglomération de cette importance adopte un projet complet de traitement des effluents en temps de pluies pour éviter ces problèmes de conformité écologique et sanitaire. On s’est donné les moyens ensemble de réduire le problème à la source. » Une satisfaction pour Jean-Claude Gaudin qui a souligné cet état de fait : « Avec cette mise en eau, nous avons une preuve très concrète et tangible de la nécessité d’une stratégie métropolitaine de la gestion de notre territoire telle que la loi et les directives l’exigent désormais. Sans la Métropole, sans la puissance d’investissement de cette institution et son savoir-faire technique nous n’aurions peut-être pas été en mesure de réaliser, dans de tels délais des travaux de cette ampleur », a déclaré le sénateur-maire de Marseille et président de la métropole Aix-Marseille-Provence.
Un outil aussi monumental qu’invisible
« Une cohérence de la stratégie » saluée par le préfet de Région, Stéphane Bouillon, pour qui la célébration de cette mise en service, « c’est aussi saluer l’effort de Marseille pour se dépolluer et se protéger des pollutions ». Réaffirmant le soutien de l’Etat dans les prochaines batailles environnementales, il a déclaré que si « celle-ci n’est pas visible de l’extérieur elle est importante ». En effet, cet outil aussi monumental qu’invisible du grand public, sera enterré sous le futur stade de foot synthétique, entièrement réhabilité par la Ville.
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Cette bataille environnementale, Jean-Louis Chaussade, directeur général de SUEZ, dont la filiale SERAMM a construit ce nouveau bassin, estime y contribuer activement. « Nous avons le sentiment que nous faisons avancer la problématique de l’eau et de la pollution de l’eau à Marseille. Ce bassin de stockage de 50 000 m3 et ses systèmes intelligents de gestion en temps réels des épisodes pluvieux sévères permettront de minimiser les impacts de ces épisodes sur la vie des Marseillais ». Plus qu’une fierté, « une réussite » pour le patron de SUEZ, puisque cet édifice permettra la réduction de moitié des rejets des eaux non traitées dans le Parc national des Calanques, soit un million de mètre cube d’eaux usées chaque année.
Opérationnel courant 2018 pour une « mare nostrum » plus propre
La phase test débutera en fin de semaine. Six mois devraient être nécessaires avant d’être totalement opérationnel dans le courant de l’année 2018. Cet équipement concrétise l’un des projets les plus ambitieux du Contrat d’Agglomération et du Contrat de Baie d’Aix-Marseille-Provence, qui prévoient la construction de cinq nouveaux bassins afin de collecter à terme 140 000 m3 d’eaux pluviales.
A travers cet équipement d’envergure la Métropole s’inscrit dans une dynamique de restauration et de revitalisation de la faune et de la flore littorale et sous-marine. Une volonté que le préfet de Région a mis en exergue en portant le sujet encore plus haut : « Grâce aux directives que nous appliquons tous, l’Europe a refait de la Méditerranée, notre bien commun. Alors pour le nombre de fois où l’on critique l’Europe et ses directives, remercions la de construire une « mare nostrum » propre. »
REPERES
Bassin Ganay : chiffres-clés et liens utiles
> 30 mètres de profondeur.
> 56 mètres de diamètre.
> 1 million de m3/an d’eaux usées retenues.
> 50 000 m3 de capacité de stockage.
> 300 mètres de tunnel reliant l’émissaire du boulevard Michelet au bassin Ganay.
> 6 300 m2 de parois moulées.
> 80 000 tonnes de béton coulé.
> 4 000 tonnes d’acier utilisé.
> 600 jours de travail pour construire le bassin.
> 55 personnes (40 Compagnons + 15 encadrants) sur le chantier pendant 3 ans.
> Retrouvez le fil d’actualités lors de la cérémonie de fin de chantier sur Twitter sur #bassinganay
> Retrouvez la vidéo des discours et déclarations des personnalités présentes.