Anciens contre Modernes, conservateurs contre progressistes, « néo-réac » contre réformistes… les débats ont été vifs hier entre Eric Zemmour et quatre personnalités invitées par la Cepac. Où va-ton ? Tous étaient là pour exposer leurs points de vue, parfois diamétralement opposés, sur la situation sociale et économique actuelle. Florilège.
Eric Zemmour, écrivain, journaliste, auteur du « Suicide français »: « Nous avons les inconvénients de tous les systèmes. On est allé dans un excès de libéralisme, par exemple en faisant entrer la Chine dans l’OMC, ce qui a ruiné des millions d’emplois, et dans un excès de socialisme en développant l’assistanat financé par l’endettement. »
« Les Allemands s’en sortent mieux que la France parce qu’ils ont une politique industrielle. Et parce qu’ils ne font plus d’enfants. Cela fait moins de monde à intégrer sur le marché du travail ».
Aurore Sun, directrice de Spark Relations Publics: « So what ? qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce vraiment nécessaire de savoir où l’on va pour y aller ? »
« En France le problème c’est que si l’on n’a pas de CDI on ne peut rien faire. Ce n’est pas le cas au Canada où il n’y a ni CDI, ni CDD, mais un contrat unique ».
Didier Raoult, virologue, directeur de l’URMITE (Unité de Recherche en Maladies Infectieuses et Tropicales Emergentes) : « La plupart des grands changements sont imprévisibles. Chez nous scientifiques, nous avons les mêmes conservateurs que dans le reste de la société.
Le monde change tout le temps, cela génère une angoisse du changement. Je ne sais pas comment les gens sensibles au stress sont encore vivants !
On paie parfois par le chômage le fait d’avoir plus d’enfants que les Allemands, mais cela nous projette davantage dans l’avenir.
Si vous voulez savoir à quoi va ressembler le monde, il faut aller voir ceux qui ont investi dans la connaissance et non pas dans le dépit. »
« Les pays francophones, l’Afrique recèlent des viviers de talents exceptionnels.
Denis Philipon, fondateur et PDG de Voyage Privé.com : «Je pense qu’en France on a un gros problème d’autorité. Si on n’avait pas tout lâché depuis deux siècles on n’en serait pas là.
Le problème c’est qu’on ne sait pas comment relancer la machine, l’investissement, les idées… comme dans cette métropole et ces villes d’Aix et Marseille où l’on est en panne de vision.
Education, recherche, compétitivité : tous ces clignotants sont au rouge. Quand vous payez 35% de charges de plus que vos voisins, vous n’avez aucune chance de vous en sortir.
Est-ce que l’on doit essayer de relancer grâce à nos ingénieurs, à nos pépites, un grand plan comme a essayé de nous vendre le gouvernement il y a trois ans, la French Tech- malheureusement il n’y avait rien dedans- pour essayer de contrer Londres et Berlin ? On doit trouver une idée qui sera notre relai de croissance demain.
Nicolas Colin, co-fondateur et PDG de The Family: « Aujourd’hui nous vivons des tensions comparables aux conséquences du ‘fordisme ‘ » dans les années 30 : on voit les entreprises qui souffrent, la souffrance au travail, les nouvelles formes d’emplois non couvertes par une protection sociale adaptée… Pour éviter de passer par une catastrophe comme la deuxième guerre mondiale, il faut aider les entreprises numériques à émerger.
Les entrepreneurs ont une force extraordinaire : ils découvrent les problèmes les premiers et imaginent les solutions pour les résoudre ».
Alain Lacroix, président de la Cepac, a conclu la soirée :
« A un moment où notre modèle bascule dans un nouveau paradigme, nous avons eu au moins le courage d’avoir ouvert ce débat, et c’est à Marseille qu’il a eu lieu. …], « les média donnent une image parfois caricaturale de notre ville. Ils ignorent qu’elle est un pôle d’excellence dans les industries les plus en pointe : recherche médicale, biotech, informatique, aérospatiale… En bref, de ces activités qui participent à la 4ème révolution industrielle. »
Lien utile: Alain Lacroix commente les résultats 2015 de la Cepac