Présentée en décembre dernier, la nouvelle centrale de thalassothermie de Dalkia, filiale dʼEDF, a été mise en service vendredi 13 octobre sur le grand port maritime de Marseille. Elle utilise une technologie désormais connue. Elle pompe de lʼeau de mer à quatre mètres de profondeur, puis à travers un échangeur, les calories sont transmises à un réseau d’eau tempérée d’une longueur de 1 400 mètres qui dessert lʼilôt Alar, alias Smartseille, lʼécoquartier en cours de réalisation au sein de la zone Euroméditerranée 2 dans le 15e arrondissement de Marseille.
Un système unique de transfert dʼénergie entre les immeubles
Le président dʼEDF, Jean-Bernard Lévy, venu inaugurer lʼinstallation, se félicite de cette prouesse technique : « Notre solution permet de transférer de lʼénergie dʼun immeuble à lʼautre. Par exemple, la chaleur dégagée lors de la production de froid destinée aux bureaux est récupérée pour permettre de chauffer les appartements. À notre connaissance, cʼest une première mondiale », assure-t-il. Cette particularité est la principale différence de Massiléo avec la centrale Thassalia construite par Engie un peu plus haut sur le port pour alimenter Euroméditerranée 1.
Si lʼeau est pompée au niveau de la porte 4, les trois pompes à chaleur ont été installées au plus près de Smartseille pour fournir directement les bâtiments en chauffage, eau chaude sanitaire et froid. Chaque îlot doit disposer de ses propres centrales de production. Actuellement, la capacité est de 2,5 mégawatts mais de nouvelles centrales seront progressivement construites pour monter à 21 mégawatts pour desservir à terme 500 000 mètres carrés de logements et bureaux.
« Si lʼimpact sur la facture est minime », avoue Charles-Antoine Raclet, le directeur du projet chez Optimal Solutions, la filiale de Dalkia, Massileo, permet surtout de réduire les émission de CO2 de 80 % par rapport à une solution classique de chauffage. Cette solution écologique a largement été soutenue par l’État et les collectivités locales.
La caisse des dépôts détient 50 % de la société Massiléo
Lʼinstallation actuelle a nécessité un investissement total de 8 millions dʼeuros dont 941 000 euros apportés par la Région via les fonds européen Feder et 780 000 euros par lʼagence de développement et de maîtrise de lʼénergie (Ademe). L’État a décidé dʼinvestir massivement dans Massileo, via la Caisse des dépôts et consignations qui détient 50 % du capital de la société. Elle a injecté pour lʼoccasion 13 millions dʼeuros. « Nous croyons fortement en cette solution dʼavenir qui est non seulement rentable pour lʼenvironnement mais le sera également financièrement », avance Nicolas Chung, directeur de la mission Programme dʼinvestissements dʼavenir (PIA) à la Caisse des dépôts. Pour parvenir à sa pleine capacité, le coût global avoisinera à termes les 28 millions dʼeuros. Les prochaines centrales seront réalisées à partir du deuxième semestre 2018 pour raccorder l’îlot des Fabriques de Smartseille.
Chiffres clés :
55 000 m² d’aménagement
Production simultanée de 2,6 MW de chaud et de 2,3 MW de froid
4 kWh restitués en chaud ou froid pour 1 kWh électrique consommé
75% d’énergies renouvelables et de récupération
616 tonnes de CO2, soit 80% des émissions, sont économisées chaque année par rapport à une solution énergétique issue des énergies fossiles.