A-La famille, première société naturelle
L’Eglise a toujours rappelé l’importance de la famille aussi bien pour la personne que pour la société, le mariage comme fondement de la famille et la place irremplaçable de l’amour qui « s’exprime aussi à travers une attention prévenante envers les personnes âgées qui vivent dans la famille : leur présence peut revêtir une grande valeur » 222*. Le récent synode des évêques sur la famille a posé les questions des nouvelles formes de la famille très représentées sur le territoire métropolitain : familles monoparentales, familles recomposées, familles éclatées, familles divorcées car « l’Eglise n’abandonne pas à eux-mêmes ceux qui, après un divorce, se sont remariés »- 226. Elle rappelle par ailleurs le devoir d’éducation, le droit des enfants et les exigences de solidarité familiale. Sur le territoire métropolitain la part des familles monoparentales et des familles recomposées est l’une des plus élevée du pays.
B-Le travail humain
C’est à partir de « Rerum Novarum », « défense chaleureuse de l’inaliénable dignité du travailleur »- 268 que l’Eglise a toujours défendu la valeur du travail comme « participation à l’oeuvre non seulement de la création, mais aussi de la rédemption » 263. La traduction juridique du travail est l’emploi, signifiée par un contrat de travail. « Les problèmes de l’emploi interpellent les responsabilités de l’Etat auquel il revient de promouvoir des politiques actives du travail »- 291. Il manque dans la métropole environ 70 000 emplois pour se situer dans la moyenne nationale. Si « la subjectivité confère au travail sa dignité particulière » 270, la dégradation des conditions de travail interpelle les employeurs du territoire métropolitain à savoir garantir la dimension sociale du travail. La doctrine sociale de l’Eglise note par ailleurs que « le travail, de par son caractère subjectif ou personnel, est supérieur à tout autre facteur de production : ce principe vaut, en particulier, par rapport au capital » 276.
C-La vie économique
La capacité de production d’un territoire doit être « mise au service de l’homme et de la société » 326 et les biens, même légitimement possédés « conservent toujours une destination universelle ; toute forme d’accumulation indue est immorale car en plein contraste avec la destination universelle assignée par le Dieu Créateur à tous les biens » 328. L’exigence d’une économie responsable pour la métropole est ainsi clairement reconnue. Au-delà c’est bien la connotation morale de l’économie qui est affirmée car « la distinction nécessaire entre morale et économie ne comporte pas une séparation entre les deux domaines mais, au contraire, une réciprocité importante »- 331. [pullquote]L’efficacité économique est inséparable de la promotion d’un développement solidaire. [/pullquote]
Les entreprises du territoire métropolitain sont ainsi invitées à « servir le bien commun de la société grâce à la production de biens et de services utiles » 338. C’est pourquoi « le marché revêt une fonction sociale importante » et que « le devoir de l’Etat en matière économique est de définir un cadre juridique capable de régler les rapports économiques »- 352
D-La communauté politique
L’opposition des maires à la construction de la métropole, principalement pour des raisons fiscales (ils refusent de partager leurs recettes) et locales (ils veulent garder la maîtrise de leur urbanisme) peut être interprétée, malgré la nécessité du partage et de la mutualisation, comme une forme de repli sur soi qui ne relève pas de l’intérêt général. Or, « la communauté politique est constituée pour être au service de la société civile, dont elle découle » 417. [pullquote] La société civile partage l’ambition métropolitaine du territoire.[/pullquote] La société civile partage l’ambition métropolitaine du territoire. Les associations et les milieux économiques l’ont constamment reconnue. Si « la communauté politique est tenue de régler ses rapports vis à vis de la société civile selon le principe de subsidiarité » 419, elle doit entendre la voix des habitants contraints et des entrepreneurs limités dans leurs activité par un découpage administratif qui remonte à la Révolution française.
La doctrine sociale de l’Eglise précise que « ceux qui exercent des responsabilités politiques ne doivent pas oublier ou sous- évaluer la dimension morale de la représentation » 410. « La communauté politique est constituée pour être au service de la société civile dont elle découle » 417.
E-La communauté internationale
La dimension internationale de la métropole relève notamment de son histoire et de sa position géographique, riveraine de la Méditerranée. Les lendemains difficiles des révolutions arabes et la montée des islamismes radicaux donnent à la métropole une responsabilité particulière dans la construction d’un espace d’échanges et de paix entre les deux rives de la « Mare Nostrum ». Car « le caractère central de la personne humaine et la disposition naturelle des personnes et des peuples à nouer des relations entre eux sont les éléments fondamentaux pour construire une vraie Communauté internationale dont l’organisation doit tendre au véritable bien commun universel » 433.
[pullquote]Un rôle particulier vis-à-vis des pays du sud de la Méditerranée.[/pullquote] La situation politique et économique des pays de la rive sud de la Méditerranée invite les territoires de la rive nord, et notamment Aix-Marseille-Métropole, à faciliter la marche vers la démocratie et le développement par ce que « la solution du problème de développement requiert la coopération entre les différentes communautés politiques » 446
F-Sauvegarder l’environnement
Le territoire métropolitain bénéficie d’un environnement de qualité mais d’une grande fragilité entre son littoral maritime, ses massifs et collines, ses plaines et ses rivières qui subissent les conséquences de la pression démographique, de l’emprise des grandes voies de communication, de ses zones d’activité et de ses centres commerciaux. Ce territoire est aussi consommé par la périurbanisation qui érode ses espaces naturels et diminue ses terres agricoles. Le Magistère souligne que « La protection de l’environnement constitue un défi pour l’humanité toute entière : il s’agit d’un devoir commun et universel, de respecter un bien collectif » 466 et « la responsabilité à l’égard de l’environnement, patrimoine commun du genre humain, s’étend non seulement aux exigences du présent, mais aussi à celles du futur » 467
Demain le quatrième et dernier volet de la chronique de Philippe Langevin :
Appel aux catholiques métropolitains
Lire aussi les précédents volets de la chronique de Philippe Langevin.
[Chronique] Une lecture d’Aix-Marseille-Provence-Métropole à la lumière de la doctrine sociale de l’Eglise (1/4)
[Chronique] Les principes de la doctrine sociale de l’Eglise (2/3)
[Chronique] Les principes de la doctrine sociale de l’Eglise : société et économie (3/4)
* Les citations en italiques sont extraites du « Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise » du Conseil Pontifical Justice et Paix- Les numéros renvoient à ces citations. Editions du Cerf- 2013