Alors que le rapport Spinetta risque de bouleverser le fonctionnement de l’entreprise et que la Région met la pression sur l’ouverture à la concurrence, la SNCF poursuit ses investissements sur le réseau régional. L’an dernier, la compagnie a dépensé 183 millions d’euros sur les voies de Provence-Alpes Côte d’Azur et elle prévoit une année encore plus chargée avec un budget à 227 millions d’euros. Parmi les chantiers phare de cette année, le doublement de la voie entre Marseille et Aix-en-Provence doit enfin démarrer au mois de juillet. Et ce malgré le recours déposé par la maire, Maryse Joissains, contre la déclaration d’utilité publique du chantier : « Nous avons des juristes qui travaillent sur ce dossier mais le recours n’est en aucun cas suspensif donc nous maintenons le calendrier des travaux », a déclaré jeudi 22 février, Jacques Frossard, le directeur de SNCF Réseau Paca lors de sa conférence de presse annuelle.
Plus de 100 trains par jour entre Marseille et Aix en 2021
Attendu depuis plus de dix ans, ce chantier au long cours doit augmenter le trafic de trois à quatre trains par heure entre Marseille et Aix-en-Provence, soit un total de 100 trains par jour. SNCF Réseau a provisionné 180 millions d’euros pour ces travaux qui concernent 3,5 km de voies ferrées. Cet été, une interruption de circulation de deux mois entre juillet et août entre Aix-en-Provence et Gardanne permettra la suppression de passage à niveau 110, la sécurisation de tranchées rocheuses entre Luynes et Gardanne et la modernisation des voies de la gare d’Aix-en-Provence. Le chantier se poursuivra jusqu’en 2021 avec la création d’une nouvelle halte ferroviaire à Plan-de-Campagne et l’allongement des quais sur les gares de Saint-Antoine, Aix et Simiane. Au total, la SNCF prévoit des coupures 11 mois de coupures de lignes réparties sur les saisons estivales. Durant les travaux, la vitesse sera limitée à 40 km/h entre Aix et Gardanne.
Sur la Côte Bleue, un coup de jeune pour une ligne centenaire
Sur la Côte Bleue, la ligne centenaire va enfin être renouvelée. Le confortement des parois rocheuses à la pointe des fèves et à Méjean doit se terminer dans dix jours et les travaux sur la ligne pourront enfin entrer dans le dur. Cette année, le passage à niveau 22 à Sausset-les-Pins sera remis aux normes pour s’adapter aux évolutions du trafic routier. Pour le renouvellement des voies, l’État a validé un investissement de 10 millions d’euros sur un budget global de 35 millions d’euros. Les travaux sont programmés sur 2019/2020 et provoqueront une fermeture totale de la ligne pendant six mois.
Inscrites au Contrat Plan État-Région (CPER) 2015-2020, les études lancées en 2016 sur la réouverture de la ligne Aix-en-Provence-Rognac se poursuivent en 2018. L’objectif est de relancer deux TER par heure sur cette ligne. Il faudra pour y parvenir réaliser deux nouvelles gares à Plan d’Aillane et Velaux et traiter près d’une dizaine de passages à niveau. Le coût prévisionnel de l’opération est estimé à 85 millions d’euros et sa poursuite doit être décidée en 2019. Si le projet est validé, les travaux seront financés dans le cadre du prochain CPER. SNCF Réseau poursuit également les études sur le doublement de la cadence entre l’Estaque et Marseillle par Arenc. Avec un budget estimé à 46 millions d’euros, ce chantier pourrait démarrer en 2023 si sa réalisation est validée par les études.
« Nous partageons globalement le diagnostic du rapport Spinetta »
Une semaine après la publication du rapport de Jean-Cyril Spinetta, la SNCF Réseau reste prudente sur les conséquences à venir sur l’avenir de l’entreprise. Officiellement, la compagnie attend les préconisations du gouvernement pour engager une véritable réflexion : « Edouard Philippe doit se prononcer la semaine prochain pour dire ce qu’il retient du rapport Spinetta. On verra ce qui en ressort », répond prudemment Jacques Frossard. Si le dirigeant ne se positionne évidemment pas sur les questions de statut des salariés, il semble tomber d’accord sur la plupart des constats du documents. Il en utilise d’ailleurs certains pour expliquer ses choix : « Nous avons un réseau qui est trop ancien. Les composants en fer ont en moyenne 30 ans en France contre 15 ans en Allemagne pointe le rapport Spinetta », avance-t-il. Sur le surcoût de certaines petites lignes trop peu fréquentées, Jacques Frossard partage également l’avis de l’ancien patron d’Air France-KLM : « Aujourd’hui, 10 % du linéaire de lignes en France transporte seulement 2 % des voyageurs. Il faut savoir faire des choix et prioriser les lignes les plus fréquentées », prévient-il. Un discours qui pourra inquiéter les zones rurales et les plus petites lignes comme Briançon-Marseille par exemple.