Ce n’est plus un secret pour quiconque, la qualité de l’air est un enjeu central de ces prochaines années. « Cette question est bien sûr liée à à l’environnement et au climat, mais elle a aussi un impact sur la santé et sur l’économie », rappelait le président d’AirPaca, Pierre-Charles Maria, lors d’une conférence le 11 mai 2017. Depuis 2000, la quantité de dioxyde d’azote – l’un des principaux polluants – dans l’air a diminué de 20% en moyenne dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mais si certaines zones, comme Istres et Arles, ont connu une forte baisse, les grands axes, eux, restent très pollués. En Paca, près de 86% de la population est soumise à un dépassement des recommandations de l’OMS (Organisation mondiale de la santé).
Les émissions du Grand Port de Marseille en baisse
À Marseille, 33% des émissions d’oxyde d’azote sont issues du trafic non routier, dont une très grande partie correspond au trafic maritime. Une étude du projet européen Caimans s’est également intéressée aux rejets d’ozone, en simulant les effets du passage à un carburant propre : le GNL. « Si on passait la flotte des navires marchands au GNL, on aurait un gain considérable en terme de qualité de l’air », résume Dominique Robin, directeur d’AirPaca (à gauche sur la photo avec Christine Cabau-Woehrel, la présidente du directoire du port de Marseille-Fos, crédit AD).
Depuis plusieurs années, on assiste à un renforcement de la réglementation de l’Organisation maritime internationale et de l’Union Européenne. « Depuis 2010, les émissions de soufre au port de Marseille ont diminué de 40% », précise Christine Cabau-Woehrel. Mais le port n’a pas attendu les réglementations pour commencer ses efforts en terme d’amélioration de la qualité de l’air, et a rejoint l’association AirPaca dès 2004. Depuis 2015, le port fournit ses données de trafic maritime à l’association, afin qu’elle modélise la qualité de l’air. « Une carte d’AirPaca qui donne une représentation de la qualité de l’air dans la zone du port est désormais accessible sur notre site internet », ajoute Christine Cabau-Woehrel.
Innover pour moins polluer
Après l’installation d’un dispositif de branchement électrique des navires à quai, le port continue à innover pour améliorer la qualité de l’air. D’ici la fin de l’année, cinq navires MSC seront équipés de scrubbers fixes, des filtres à fumée que l’on dépose dans les cheminées du navire. « Cela représente deux enjeux pour les armateurs, explique Christine Cabau-Woehrel. Il faut acheter une nouvelle flotte qui rejette peu de polluants, et équiper l’ancienne flotte ». Le port étudie également la pertinence technique et opérationnelle de scrubbers mobiles. Costa, de son côté, opte pour la stratégie du carburant GNL. « Leurs premiers navires au GNL sont attendus pour 2019 », annonce la présidente du directoire du port de Marseille Fos.
Pour inciter les armateurs, le port accordera à partir du 1er juillet 2017 une prime aux « navires vertueux », dont les performances environnementales vont au-delà de la réglementation. « La prime pourrait aller jusqu’à 10% de réduction sur les droits de port », précise Christine Cabau-Woehrel. Un panel de mesures ambitieuses pour limiter la pollution, salué par le directeur d’AirPaca.