Le CSA a lancé une campagne de prévention sur la surexposition aux écrans notamment pour les plus jeunes. Le docteur Christophe Cutarella, psychiatre addictologue à la Clinique Saint-Barnabé de Marseille, revient pour Gomet’ sur la gestion de la consommation des écrans par les plus jeunes mais aussi par les adultes, notamment durant les vacances scolaires.
Quelles sont les conséquences d’une exposition trop importante aux écrans ?
Christophe Cutarella : La lumière bleue émise par les écrans stimule la rétine et empêche de dormir. Les effets d’une surexposition sont des troubles du comportement, une frustration… Elle empêche l’enfant de se développer en le privant de l’environnement extérieur. Les jeunes adultes se désintéressent de la vie amicale, amoureuse ou professionnelle pour se replier vers les écrans. Cela peut entrainer des troubles psychiatriques, de l’humeur et des risques de psychose. Dans ces cas-là, un traitement et un suivi doivent être mis en place pour redonner le goût et l’envie aux jeunes.
Quand peut-on parler de surexposition ou d’addiction aux écrans ?
C. C. : Les premières études sur l’exposition aux écrans datent des années 2010. Il y a peu de recommandations aujourd’hui sur ce sujet mais il faut faire preuve de bon sens. Il existe cependant des différences entre l’exposition aux écrans d’un informaticien et celle d’un enfant. Avant de définir le temps optimal devant les écrans il faut étudier les profils. Pour les enfants de moins de trois ans nous recommandons l’absence d’écrans au quotidien. Je reconnais qu’il est difficile de les interdire totalement, notamment en raison de la pression sociale et des nombreux objets connectés qui existent : console de jeu, télévision, téléphone… mais il faut contrôler le temps passer devant. Les problèmes d’addiction se caractérisent par certains symptômes comme le manque ou la pulsion brutale et soudaine. Pour les enfants plus âgés il faut encadrer la consommation. Des limites doivent être posées mais dans un cadre adaptatif reposant sur des bases solides. Par exemple : à partir d’une heure précise les écrans s’éteignent et dans la journée un temps de consommation est défini.
Quelles solutions peuvent être mises en place pour les enfants et les adultes ?
C.C : La première solution est le contrôle parental comme évoqué. Ensuite le dialogue est très important : il faut expliquer les dangers et risques en les illustrant grâce à des cas concrets. Il ne faut pas dire non à tout, mais poser des limites car il y a un risque réel. Certains patients expliquent aussi que leur famille consomme énormément devant les écrans devant eux dès le plus jeune âge. On observe alors un comportement reproductif.
Il existe des « digital detox », ce sont des applications qui permettent de mettre des alertes sur le temps passé devant les écrans. Par exemple, quand le temps est dépassé l’utilisateur reçoit une notification pour l’avertir et les applications se grisent sur son téléphone. Elles sont ainsi moins séduisantes et c’est plus difficile pour y accéder. Une bonne solution est aussi de noter le temps qu’on passe sur nos écrans. Cela a le même effet que de compter le nombre de cigarettes fumées par jour.
Comment adapter la consommation d’écrans pendant la période des vacances ?
C.C : On peut essayer de se déconnecter en vacances. Cela passe par partir un jour après l’arrêt du travail par exemple afin d’être beaucoup plus serein face à cette déconnexion. Le phénomène FoMO (Ndlr: Fear of missing out) consiste lui en la peur de louper la bonne information. Il va avec la déconnexion mais les vacances sont là pour ça ! On peut aussi aller dans un endroit sans wifi ou en ne prenant pas son ordinateur pour être obligé de passer du temps en famille. On sera ainsi plus fatigué physiquement que psychologiquement. L’été est propice à la déconnexion, si on se donne les moyens de le faire !
Liens utiles :
> Le blog du docteur Christophe Cutarella
> Pour plus d’informations par le CSA sur la surexposition aux écrans