Le printemps est là, bientôt vont fleurir les publicités enjoignant à préparer son corps pour l’été… avec leur cortège de jeunes gens minces, bronzés et séduisants ou supposés tels. Mais attention à ne pas franchir la ligne rouge entre corps jugé séduisant et corps « irréaliste », imposant une pression au consommateur et au citoyen. On a vu la polémique autour de la publicité d’Yves Saint Laurent mettant en scène de jeunes femmes maigres dans des positions dégradantes… Les publicitaires se souviennent aussi des effets de la campagne « Are you Beach ready » dans le métro de Londres, ayant amené le maire de la ville à interdire les images de corps « irréalistes » dans les transports en commun…
Pour éclairer les professionnels, le Conseil de l’Ethique publicitaire, instance associée à l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP), vient de publier un nouvel avis sur l’« Image du corps dans la publicité », rédigé par Pascale Marie, directeur général du Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM), sous la direction du président du CEP, Dominique Wolton.
Continuer à faire rêver
« Si un consensus existe aujourd’hui pour prohiber une publicité “dégradante” ou “sexiste”, le CEP s’est interrogé, dans le cadre de ce nouvel avis, sur la signification, la portée et les enjeux de l’injonction grandissante de “normalité” faite à la publicité, sommée par certains représentants de la classe politique ou du monde associatif de représenter le corps dans sa banalité, mais aussi dans sa diversité, qu’elle soit d’âge, d’état (le handicap) ou de filiation. Il ne s’agit plus seulement d’une demande légitime de conformité des visuels à la réglementation et aux règles partagées de l’autodiscipline publicitaire, mais de l’intention politique, cachée sous l’argument de la protection des populations fragiles, d’une publicité qui porte le projet collectif d’une société meilleure, et plus ouverte », explique l’instance dans un communiqué.
Comment concilier le besoin de faire rêver et l’exigence sociale de « normalité » ? Le CEP plaide pour la liberté des publicitaires : « le corps publicitaire ne peut pas être le corps de tout le monde », estime en conclusion l’instance d’auto discipline de la profession. Tout en soulignant sa confiance dans la capacité critique du consommateur.
A noter que concernant la campagne de publicité d’Yves Saint Laurent, le jury de déontologie publicitaire (JDP) a rejoint l’analyse de l’ARPP, en estimant que « ces publicités banalisent et valorisent les comportements sexistes et les idées a priori d’infériorité des femmes dans la société. En outre, en induisant l’idée de soumission, elles dévalorisent l’image des femmes dans la société ».
Consultez le 24ème Avis du CEP « Image du corps dans la publicité »