Taubira, Cazeneuve, Hidalgo, Aubry… A une dizaine de jours des élections européennes, quelques membres de « l’ancienne gauche » et ministres de François Hollande ont exprimé à la liste menée par Raphaël Glucksmann, le leader de Place publique, un mouvement créé en 2018. Un soutien émanant de personnalités nationales donc, qui a fait écho lors du meeting qui se déroulait vendredi 17 mai, à Marseille, au Parc Chanot, et auquel ont assisté des élus locaux et environ 300 militants.
Les conseillers municipaux (PS), Patrick Mennucci, Henri Jibrayel, Marie-Arlette Carlotti ou encore Benoît Payan étaient présents pour accueillir le trio de tête de la liste PS-Place publique, Raphaël Glucksmann, Sylvie Guillaume (2e), Eric Andrieu (3e), ainsi que Pierre Larrouturou (5e), Nora Mebarek (6e), seule représentante de la région sur la liste avec Claire Nouvian (78e). Olivier Faure, secrétaire général du Parti Socialiste (PS) était également sur place.
Michel Vauzelle, ancien garde des Sceaux (1992-1993) et ancien président socialiste de la Région Paca a tenu, lui aussi, à soutenir Place publique et plus particulièrement Nora Mebarek, secrétaire départementale du PS, dans une courte vidéo diffusée en début de soirée : « Cela me fait plaisir de vous voir placer en si bonne position dans cette liste. J’ai travaillé avec vous, je connais vos qualités humaines, votre courage, votre perspicacité, vos connaissances des dossiers. Je suis ravie qu’une arlésienne défende notre culture ». Standing ovation.
« C’est l’histoire d’un réveil de la gauche pro-européenne »
Raphaël Glucksmann est venu « raconter une histoire », explique-t-il, « celle d’un réveil de la gauche pro-européenne ». Le chef de file veut « inverser les politiques menées à Bruxelles » en mettant en place « un programme de rupture avec les traités de libre-échange, avec le culte des 3% de déficit et avec une certaine forme de capitulation qui a été celle de la gauche face au néo-libéralisme ». Il évoque alors le « dégoût des peuples européens pour l’Europe », qui selon lui est justement dû à une politique « socialement injuste » et à « un culte du libre-échange ».
L’essayiste rappelle alors à ses partisans les deux piliers de son projet « qui seront les piliers de la gauche du 21e siècle » : justice sociale et transformation écologique. Avant de pointer du doigt, « les compagnies comme Total, les actionnaires les plus riches », lesquels « doivent être taxés parce qu’ils ne le sentiront pas passés ». Raphaël Glucksmann souligne donc le « fondement » de son programme.
Il voit dans ces élections européennes, l’occasion « de changer notre société dans un sens plus juste ». Selon lui, ce « sentiment d’injustice » crée le besoin d’une gauche et l’enjeu principal « n’est pas de savoir qui gagnera le duel entre le Rassemblement national et la liste Renaissance mais de savoir si l’Europe va basculer à gauche ». Il évoque alors le triomphe de Pedro Sanchez, leader du parti socialiste en Espagne, aux législatives. Selon Raphaël Glucksmann, cette victoire est due aux « mesures symboliques » annoncées par le socialiste espagnol, telless que l’augmentation du Smic de 22% ou encore le congé parental paritaire. « Il faut revenir aux sources. Nous n’avons pas de capital électoral, certes, nous devons seulement suivre nos convictions. Nos désirs de justice. Nos principes. La gauche doit à nouveau mobiliser. »
« La gauche n’est pas morte, elle vibre, elle existe »
Les colistiers du fondateur de PS-Place publique ont tous évoqué lors de leur discours sur scène face aux élus et militants « le renouveau d’une gauche », notamment Sylvie Guillaume, qui a tenu à remercier Raphaël Glucksmann : « Je sens dans cette fin de campagne, quelque chose qui se passe autour de nous, à gauche. Enfin ! Merci Raphaël !»
Pour les militants, les élus locaux ou les candidats de la liste PS-Place publique, la dernière élection présidentielle semble avoir laissé des séquelles. « Autour de vous, de nous, il y a une forme de résignation, d’haussement d’épaules qui existe. Ce fatalisme est lié à des déceptions, des défaites, des renoncements, des cicatrices qui ont du mal à disparaître. Ce fatalisme est contagieux », dénonce la tête de liste, avant d’ajouter : « L’enthousiasme aussi est contagieux. L’enthousiasme, c’est notre richesse. On a conscience que ce sera dur et long, Mais partout où on est allés, on a rencontré des gens qui avaient la même attente. La gauche n’est pas morte, elle vibre, elle existe ».
La gauche est pourtant divisée en six listes pour les élections européennes (NDRL : LFI, EELV, PS-Place Publique, PCF, Générations, LO) et son électorat semble déçu comme en témoigne une jeune fille qui, à l’issue du discours de Raphaël Glucksmann, lui indique : « Je suis hésitante. C’est vraiment dommage que vous ne vous alliez pas à Benoît Hamon ». Le chef de file lui répond que « c’est déjà une bonne hésitation ». Selon lui, il faut cesser « ce chantage qui nous dit que chaque élection est un deuxième tour des présidentiel. Là, on essaie de nous voler l’élection européenne […] La gauche ne peut pas mourir, ne doit pas mourir ».
Samedi 18 mai, Harris Interactive et Epoka ont publié la dernière édition de leur sondage quotidien « 2019 Opinions ». Le Rassemblement national (23,5%) et LREM (22,5%) arrivent en tête. Les listes de la France Insoumise, Europe Ecologie-Les Verts et PS/Place publique recueillent respectivement 9,5%, 7% et 5% des voix. Lee seuil nécessaire pour obtenir des eurodéputés est fixé à 5%. Le chef de file de PS-Place publique se donne « huit jours pour lancer l’aventure ».
Repère :
Un ralliement de Ségolène Royal à la liste LREM ?Tandis que PS-Place publique et des « figures » du Parti socialiste s’efforcent de faire « renaître » une gauche divisée et appellent au rassemblement, Ségolène Royal, l’ancienne ministre et candidate PS à la présidentielle, pourrait, selon Les Echos, apporter son soutien à la liste Renaissance, menée par Nathalie Loiseau. « Les gens font ce qu’ils veulent. Elle fait ce qu’elle veut. Par contre, après deux ans de politique d’Emmanuel Macron et avec des alliances avec les ultras libéraux du parlement européen, on ne peut pas soutenir Emmanuel Macron tout en se disant de gauche », confie Raphaël Glucksmann, à Gomet’.