Avec plus de 39% des suffrages exprimés lors du premier tour des législatives de 2017, et deux députés de la majorité envoyés à l’Assemblée Nationale, Aix-en-Provence fait figure de terre d’élection pour la République en Marche. A ce titre, la deuxième ville du département attise la convoitise. Et dans le contexte fragile dans lequel se retrouve la majorité Joissains en cette fin de mandat, les élections municipales sont très attendues du côté du parti présidentiel. Si attendues que le bal des prétendants a déjà bien commencé.
Deux députés en lice pour un seul fauteuil
Mohamed Laqhila est, dès septembre 2018, le premier à avoir fait publiquement acte de candidature. Lors de ses derniers voeux, en janvier 2019, il a confirmé officiellement qu’il se lançait dans la bataille des municipales « Je suis pour ma part candidat sur Aix-en-Provence et nous travaillons sur un programme et avec tous ceux qui le souhaitent. Je n’ai qu’une limite, j’exclus les extrêmes, je n’ai rien à faire avec le Rassemblement national ou la France Insoumise. Et, si une autre tête de liste est choisie je n’aurais aucun problème à la soutenir ». Le député Modem reste donc prudent. Bien qu’au moment de cette déclaration, il était le premier à se lancer, il se doutait déjà qu’il ne serait pas le seul dans son camp.
L’autre députée d’Aix, Anne-Laurence Petel (LREM), a elle aussi fait acte de candidature. Dans une vidéo postée sur Twitter, elle déclare regarder sa ville « avec l’envie de la transformer et de l’améliorer”. Elle va même jusqu’à prononcer le voeu de « retrouver la fierté d’être Aixois », sous-entendant que les citoyens l’ont perdue durant la mandature actuelle. Elle parle de « redonner un nouvelle souffle à Aix » pour l’inscrire pleinement au sein de la métropole et dans le XXIe siècle. Avec la loi sur le non-cumul des mandats, les députés ne peuvent plus occuper cette fonction en même temps que celle de maire. Si l’un d’entre eux est élu, il sera donc dans l’obligation de laisser son suppléant siéger au Palais Bourbon. Mais selon un militant LREM, « avec la réforme des institutions, le nombre de circonscriptions va se réduire, il n’y aura probablement plus qu’un député sur Aix-en-Provence.» Les parlementaires Aixois chercheraient-ils à prévoir l’avenir ?
Charlotte de Busschère se lance en campagne
La conseillère municipale d’opposition Charlotte de Busschère, élue en 2014 sur la liste Démocratie Pour Aix (PS et société civile), qui a depuis rejoint La République en Marche, s’est également lancée dans la course aux municipales directement, sans passer par la case investiture. Déclarant officiellement sa candidature le 18 mai dans La Provence, elle a présenté son mouvement issue de la société civile “Aixpression Démocrate”. Parmi les membres de ce groupe, Didier Bonfort, expert judiciaire près de la cour d’Appel d’Aix-en-Provence, qui avait déjà accompagné Charlotte de Busschère dans son collectif “Aix en Arbres”, ou encore Monique Faillard, artiste peintre, qui a fréquenté un temps le parti socialiste aixois. Contactée, elle nous explique que ce mouvement « c’est pas tant pour prendre de la distance vis-à-vis de LREM mais pour être plus libre.» Pour qui s’intéresse à la politique aixoise, cette candidature de la conseillère municipale peut étonner. Assez proche de Mohamed Laqhila, elle nous avait confié il y a deux semaines que « si vraiment on veut battre le clan Joissains, il est suicidaire de placer une candidature après Mohamed Laqhila » faisant à l’époque référence à la candidature d’Anne-Laurence Petel.
Charlotte de Busschère a déjà publié deux vidéos sur YouTube au nom de son nouveau mouvement dans lesquelles elle évoque des sujets locaux à l’instar de la chaufferie municipale installée à Encagnane, quartier pour lequel elle est particulièrement engagée. La conseillère municipale n’est probablement pas la dernière à se déclarer candidate. Selon Françoise Cauwel, militante active LREM, par ailleurs ancienne adjointe du maire divers droite de Fréjus entre 2008 et 2014, « les gens se dévoileront après les européennes et en fonction du délibéré du procès en appel de Maryse Joissains » , ajoutant « je suis tout cela de très très près…»
Charlotte de Busschère a par ailleurs lancé une charte, qui doit être acceptée par toutes les personnes souhaitant rejoindre son mouvement “Aixpression Démocrate”. Dans ce document que nous nous sommes procurés, l’accent est mis sur la loyauté : « Nul ne peut venir avec des intentions déguisées ou pour rechercher des avantages personnels. Chacun s’oblige à protéger la confidentialité des débats tenus. » Avec de telles précautions, les prétendants au fauteuil de maire se préparent à une campagne particulièrement serrée.