Alors que la situation des femmes en Afghanistan est critique, l’exposition “Ce que les Afghanes ont à nous dire” parcourt la France pour leur rendre la parole. Du 28 avril au 13 mai 2022, c’est à la Ville de Marseille d’accueillir cet événement organisé par le Mouvement pour la paix et contre le terrorisme (MPCT), produit par l’association Femmes ici et ailleurs et soutenu par le Collectif 13 droits des femmes. L’occasion de découvrir les oeuvres de cinq artistes photographes contraintes à l’exil et de leur permettre de s’exprimer sur leur situation et celle de leur pays.
Une table ronde d’inauguration était organisée le 28 avril à 18h00 dans l’auditorium de la mairie du premier secteur. La maire Sophie Camard accueillait l’une des photographes, Fatimah Hossaini, l’écrivain et militante pour la laïcité Djemila Benhabib, ainsi que les représentantes des associations pour un moment important d’échange et de sensibilisation. Une façon, pour la ville, de témoigner son soutien aux résistantes qui descendent dans la rue à Kaboul et dans d’autres villes afin de défendre leurs droits et libertés.
Faire porter un autre regard sur l’Afghanistan
Fatimah Hossaini ne souhaite manquer aucune occasion de parler de la situation des Afghanes. Titulaire d’un Bachelor en photographie obtenu à l’université de Téhéran, la jeune femme de 29 ans est fondatrice de l’organisation Mastoorat, un lieu de résidence et d’exposition à Kaboul mais également lauréate du prestigieux prix international Hypatie. En août 2021, elle est contrainte de fuir et d’abandonner ses rêves en Afghanistan.
Son travail se concentre sur les questions d’identité et de féminité à travers des photographies mises en scène représentant des femmes dans les rues de Kaboul. En transmettant des récits de beauté, d’espoir et de résilience, c’est avant tout montrer une image différente de l’Afghanistan qui motive Fatimah. « Les médias ne transmettent pas une image du pays dans sa globalité. Les femmes ne portent pas toutes la burqa », s’offusque l’artiste.
Contrairement aux idées reçues, « les Afghanes ne sont pas des victimes mais des résistantes », insiste-t-elle épuisée de cette victimisation constante. Alors qu’elles ne participent pas à cette guerre et en subissent toutes les conséquences, elles font le choix de rester fortes. Fatimah s’engage à célébrer ces femmes et refuse d’oublier la culture de son pays. La diffusion de son art et celui d’autres artistes à travers le monde, est aujourd’hui la seule opportunité de montrer comment vivent réellement les Afghanes.
Accompagner le combat sur la scène internationale
Alors que le pays s’enfonce dans une crise économique grave, les associations souhaitent maintenir un niveau d’alerte maximum en France et en Europe sur la situation d’enfermement à nouveau vécue par les Afghanes et appellent à ne pas soutenir le régime taliban. Les représentantes du Collectif 13 droit des femmes et du MPCT se rejoignent pour affirmer que « le soutien aux femmes doit se propager à travers l’art qui est totalement censuré en Afghanistan ». Mais cette solidarité doit être internationale et remettre en cause l’image erronée transmise par les médias.
De son côté, Djemila Benhabib, lauréate du Prix de la laïcité, ne cache pas sa détermination. « En recevant cette exposition et ces femmes, Marseille montre bien qu’elle est une ville engagée et sensible à la résistance », salue-t-elle avec émotion. L’Afghanistan est un pays riche de sa jeunesse et de son engagement. Et bien que les talibans fassent la démonstration de leur haine, ils connaissent des difficultés à gouverner car ils se heurtent à une jeunesse qui proteste. Cette même jeunesse qui a connu la démocratie en Afghanistan et qui doit fuir comme Fatimah. Mais l’abandon de la société internationale et la corruption du régime afghan constituent d’autres défis. Ce combat doit aujourd’hui placer les États face à leurs responsabilités.
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