Entre installations, invitations et cartes blanches, la Friche Belle de mai est passée en mode été contemporain. Au programme, pas moins de cinq expositions simultanées parmi lesquelles 40 ans après, la photographie contemporaine au Cambodge. L’occasion de découvrir une scène photographique créative et libre d’expression.
Direction le Cambodge, en passant par la galerie de la salle des machines, au rez-de-chaussée de la Friche, où sont présentées les photographies de cinq artistes, réunis par Christian Caujolle, commissaire d’exposition, fondateur de l’Agence Vu et du festival Photo Phnom Penh.
Mak Remissa a cinq ans lorsque les Khmers rouges entrent dans Phnon Penh. Il n’en garde aucun souvenir et évite le sujet, comme la plupart des Cambodgiens. Jusqu’au jour où, faisant appel à la mémoire de sa mère, il décide de matérialiser ce tragique pan de l’histoire. Pour cela, il réalise d’étonnantes photos montage, Left 3 days, à partir de papiers découpés qu’il noie dans une brume de fumée. Quarante ans après, le visiteur voit défiler devant lui ces moments où la vie de milliers de Cambodgiens à basculer. « Mak Remissa est le photographe le plus connu du Cambodge. Il a d’ailleurs commencé par le photojournalisme pour gagner sa vie. Il s’agit pour moi de la première génération de photographes contemporains, marqués par les massacres. Il y a d’allers perdu son grand-père, son père et ses oncles », raconte Christian Caujolle.
Il faut préciser que Christian Caujolle a fondé, il y a vingt ans, le premier atelier de photographie au Cambodge « avec trois élèves, dont Mak Remussa, qui apprenaient la photographie pour trouver un travail », puis le festival Photo Phnom Penh qui fêtera en octobre ses dix ans de rencontres et d’expositions, et grâce auquel l’école s’est considérablement développée.
À la lumière d’un phare
« Aujourd’hui la photographie est, avec la danse et le cinéma, un des domaines artistiques les plus riches du pays, poursuit Christian Caujolle. Dans des styles très divers, ils ont commencé à s’exprimer sur l’identité, à analyser, à critiquer la société mais aussi à regarder vers l’avenir ».
Philong Sovan a parcouru la ville sur sa motocyclette, repéré des scènes qu’il a, par la suite, recréées à la seule lumière de son phare. Qu’attendent ces jeunes hommes ? Et qu’est ce que dehors signifie pour cette famille ? Une vie insoupçonnée, difficile, est révélée par ce travail en clair-obscur.