S’il est difficile de proposer aux jeunes et aux adolescents de nous accompagner au musée, les deux expositions – It’s more fun to compete et Hip Hop : Un âge d’or 1970-1995 – qui se tiennent actuellement au musée d’art contemporain (Mac) de Marseille devraient faciliter la tâche. Scénographie dynamique, interprétations amusantes pour l’une, objets collectors pour l’autre : entre sport et musique, voici une belle l’occasion d’agrandir leur champ culturel. Le tout avec air climatisé… Go !
Graffiti, Rap, Breakdance… inventés par une jeunesse qui veut faire la fête
En moins de deux décennies, le Hip Hop est devenu une culture mondiale, sortant de son ghetto originel – le Bronx – pour traverser les États-Unis vers l’Ouest mais également l’océan Atlantique, direction l’Europe. Comment est-il né ? Qui étaient ces artistes des rues, musiciens, danseurs, peintres… ? Le musée d’art contemporain de Marseille retrace l’histoire richement illustrée de ce phénomène qui arriva également jusqu’à Marseille. De travée en travée, on revit, pour les anciens, l’expansion de cette culture et, pour les plus jeunes, l’occasion de comprendre comment cette « formidable énergie et l’inventivité des DJ, des maîtres de cérémonie, des graffeurs et writters, des break dancers et de leurs crews a pris la rue, les clubs et la jeunesse du monde. Une jeunesse qui rêve d’exister invente de nouvelles formes de survie, de faire la fête, de danser, de marquer l’espace urbain, de défier l’establishment par la parole et le geste. » comme l’exprime Thiery Ollat, directeur du Mac.
On aime tout ce travail de recherches effectué par Claire Calogirou et par le musicien producteur Sébastien Bardin-Greenberg dit SBG/SibaGiba. Des objets et outils collectors inédits, des clins d’œil à cette nouvelle culture populaire qui vont du dessous d’un plateau du fast food Mc Donald pour une compétition de Rap, en 1985, avec comme prix l’enregistrement d’un morceau, à l’énorme trousseau de clefs qui donnait accès la nuit au réseau de trains new-yorkais, en passant par les blousons graffés, les bijoux… Toute une panoplie, un style de vie qui gagna « de quartier en quartier, de métros en trains, de fêtes clandestines en nightclubs, d’expositions improvisées dans les lieux les plus cheaps jusqu’aux galeries d’art branchées de downtown. »
Les « graffiteurs » à l’apogée du Hip Hop
Dans les années 1980, la Metropolitan transportation Authority (MTA) – la société qui gère les transports publics de New-York – parvient à protéger les wagons des graffeurs et ceux-ci sont désormais privés de leur principale galerie itinérante. L’ambiance change, la période devient plus cruelle pour ceux que la reconnaissance oublie. Certains vont se rapprocher du monde de l’art mais seuls les plus pertinents ou talentueux réussiront à en vivre. On célèbre les Jean-Michel Basquiat, Keith Haring ou Kenny Scharf.
En même temps, le Hip Hop arrive sur la côte Ouest et prend une nouvelle dimension. « Les labels signent les groupes transformant les MC’s en stars et les majors hollywoodiennes se décident à exploiter le nouveau filon » poursuit Thierry Ollat. C’est l’arrivée de ceux qu’il nomme « les graffiteurs ». Le marketing s’y met et le succès des rappeurs est fulgurant « devenus des idoles qui ont effacés les DJs et les MCs. » Preuve en est ces produits dérivés exposés dans la dernière travée du Mac.
Marseille, scène internationale inventive
À cette période, émergent des groupes en Europe et Marseille produira, dans les années 90, « l’une des scènes les plus inventives, connectée aux States et rayonnante jusqu’au tournant du siècle » grâce à deux formations de talent : IAM et Massilia Sound System. Un âge d’or marseillais qui semble loin déjà mais dont on peut se remémorer les grands moments grâce aux videos clips de Jean-Pierre Maero.
Et comme cette exposition se termine sur la côte Ouest des États-Unis, là où le skate prend la relève, derrière le mur du Mac, place à la deuxième exposition It’s more fun to compete.
Informations pratiques
Hip Hop : Un âge d’or 1970-1995 et It’s more fun to compete
> jusqu’au 14 janvier 2108 – du mardi au dimanche, de 10h à 19h
> Musée d’art contemporain (Mac) – 69 avenue de Haïfa, Marseille 8e
> Tarifs : 5 € et 3 €, gratuit pour les moins de 18 ans
> Accès gratuit pour tous le 1er dimanche du moisGraff en Méditerranée, qui se tient au Mucem jusqu’au 14 janvier 2018, est une suite de l’exposition Hip Hop : Un âge d’or 1970-1995 . Lire notre article précédent