La raison et la passion… C’est peut-être ce qui amène Jacques-Henri Eyraud à proposer une véritable révolution à l’OM : le changement de culture d’entreprise vis-avis de la formation des joueurs. La raison d’abord. En bon businessman, il décrit, devant les convives réunis par Alumni Sciences-Po et le réseau des anciens des grandes écoles le Greco, les différentes sources de revenus d’un club de football. Le sponsoring, les droits télé – « 800 millions d’euros en France quand en Angleterre ce sera bientôt 5 milliards » – et la billetterie – « À Marseille, on ne peut pas proposer des tarifs au stade comme ceux pratiqués à l’Emirates stadium d’Arsenal ».
« La 4e source de revenu, elle est un peu particulière : c’est la vente de joueurs. Et là, il y a tout à faire. Parce-que quand vous lisez et regardez l’histoire de l’Olympique de Marseille depuis 40 ans, vous voyez très facilement que la formation n’a jamais été dans l’ADN de ce club. Y compris dans ses grandes années, les années Tapie, les années Champions League, ce club a tout le temps choisi de recruter des stars, des stars souvent à l’étranger et de ne pas miser, absolument pas miser sur la jeunesse marseillaise.»
Changer la culture d’entreprise, « le plus difficile »
Et Eyraud fixe un nouveau cap sans nier le défi qu’il représente : « Nous allons essayer de changer les choses. C’est très difficile parce que l’on touche à ce qu’il y a de plus sensible dans une entreprise, changer sa culture, changer le projet, changer la façon dont on bâtit son modèle économique. » Jacques-Henri Eyraud souligne un autre écueil en s’engageant dans la voie qu’avait un temps évoqué Vincent Labrune en prenant comme référence le club allemand de Dortmund. Cette stratégie de formation au club « ne portera pas ses fruits dans les 18 ou 24 mois qui viennent, mais dans trois, cinq ou dix ans. Donc, ce travail commence aujourd’hui. Et évidemment, face à des marchés qui sont prêts à acheter des jeunes joueurs très cher (Angleterre, Allemagne, Espagne) c’est très important de pouvoir être en mesure d’éduquer de former d’accompagner des jeunes, dès leur plus jeune âge, à travers l’école de football, à travers un pré-centre de formation, puis un centre de formation. »
Et pendant le mercato, nos U8 se coltinent les U9 de Plan de Cuques. Ça ne rigole pas. Notre #5 = gros potentiel… pic.twitter.com/Zttv5dS0Wh
— Jacques-Henri Eyraud (@jheyraud) 14 janvier 2017
« Nous ne voulons pas un mais plusieurs Maxime Lopez »
Voilà la nouvelle ligne et elle est très ambitieuse : « Je ne vous cache pas qu’il y a dans notre projet sportif le fait de proposer au public, marseillais notamment, plusieurs Maxime Lopez. Aujourd’hui, vous avez un Maxime Lopez qui a 19 ans et qui est issu de la filière de formation de l’OM. Bien sûr que l’OM pourrait vendre Maxime Lopez dans 2, 3 ou 5 ans. Notre projet sportif c’est quand même de bâtir une équipe, bien évidemment autour de stars incontestées du football comme Dimitri Payet, mais aussi de la bâtir en se reposant sur des jeunes joueurs qui ont été aux Caillols, qui se sont entrainés au Burel, ont grandi à Air Bel, à l’ASPTT ou à Gemenos, Luynes ou dans d’autres clubs de l’agglomération. »
Honoré de recevoir des grands clubs formateurs marseillais. L’avenir de l’OM se joue aussi avec eux. #collaboration pic.twitter.com/WsoNjPc9p3
— Jacques-Henri Eyraud (@jheyraud) 4 décembre 2016
Et l’on sent poindre la passion et l’admiration pour ce vivier footballistique, cette culture locale, si fervente et qui pourrait bien effet devenir une véritable fabrique à champions. Et cette fois le ou les futurs Zinedine Zidane, enfant de la cité Castellane, commenceront bien leur carrières professionnelles à l’OM.
Lire nos précédents volets :
Jacques-Henri Eyraud, président de l’OM : le discours et la méthode de la conquête (1/5)
Reconstruire l’OM : la priorité au foot et aux résultats pour Jacques-Henri Eyraud (2/5)
Développement international de l’OM : Jacques-Henri Eyraud met le cap sur l’Asie et l’Afrique (3/5)Demain
Jacques-Henri Eyraud veut un OM engagé dans la cité « qui donne autant qu’il reçoit » (5/5)