Gaudin refait un carton
François Fillon le Républicain christique et son équipe ne s’attendaient pas à se faire sermonner par le pape de Marseille. Tout est parti d’un carton d’invitation, sur lequel les nordistes, proches de Fillon, ignoraient superbement les sudistes, proches de Sarkozy. Une guerre de sécession déclarée, pour créer notamment dans les Bouches-du-Rhône des comités de soutien au vainqueur de la primaire de droite qui en a, il est vrai, un urgent besoin. Gaudin qui n’avait pas participé jusque-là à la curée contre Fillon, a mal digéré que les fillonistes installent sur son territoire une organisation militante, sans le consulter. Mais Fillon n’est pas un as du volant pour rien. Braquage, coup de frein, contre braquage, demi-tour et voilà, en trombe, le sénateur-maire de Marseille à nouveau placé en majesté comme co-président des comités Fillon, aux côtés de son ennemi le plus cher Guy Teissier. Bon, de là à penser que le madré septuagénaire va foncer à tout berzingue pour remonter la pente des sondages sur laquelle glisse dangereusement son nouvel ami, il y a un pas qu’il serait bien imprudent de franchir. Fillon peut prendre un gadin à la présidentielle, les élus Les Républicains prendront eux Gaudin comme paratonnerre aux législatives.
Balles au centre
Bruno Genzana et Maurice Di Nocéra tous deux élus de l’UDI, réclament dans la perspective d’une victoire présidentielle de la droite, leur part de butin aux législatives qui suivront. Di Nocéra sait ce que communiquer veut dire, lui qui détient le record absolu de photos dites en rang d’oignons parues dans la presse locale. Il n’en finit pas de canonner sur son ennemi de la majorité, candidat officiel des Républicains, Yves Moraine. Les deux veulent emporter cette Vème circonscription au nez, mais pas à la barbe, d’Arlette Carlotti, sortante socialiste. Plus au nord, c’est Bruno Genzana du parti créé par Jean-Louis Borloo, qui ferraille, mais tout en finesse lui, contre Richard Mallié des Républicains. En jeu la Xème qu’a arrachée en 2012 à Mallié, l’écologiste François-Michel Lambert. Là-bas, pour prendre un peu d’altitude, Genzana cite Antoine de St Exupéry. «Il n’y a pas de citadelle inattaquable, il n’y a que des citadelles mal attaquées », reprend à son compte (Facebook) le conseiller général d’Allauch. Mais puisqu’il citait Citadelle, il aurait pu aussi trouver dans ces belles pages cet autre extrait : « Seule la direction a un sens. Ce qui importe, c’est d’aller vers et non d’être arrivé, car jamais l’on n’arrive nulle part, sauf dans la mort. » Un peu de philosophie en cette période de brutes pour calmer les ardeurs.
Cultivons nos jardins
Marseille opte pour une deuxième année de la culture. Ce sera en 2018. Du coup tout le monde met la main à la poche et l’Etat est sollicité. C’est une bonne chose, lorsqu’on regarde les retombées positives enregistrées après 2013. Une équipe est en train de phosphorer et on y retrouve tous ceux qui tiennent le haut du pavé, de la Criée au Gymnase en passant par d’autres organisations périphériques. On se dit que si la ville avait montré un peu plus d’enthousiasme, on aurait pu utilement associer les écoles. Las, les activités périscolaires sont loin dans notre bonne ville d’avoir produit des espaces créatifs, comme on le constate dans de nombreuses grandes villes. On se souvient que le sénateur-maire a regimbé longtemps, avant de faire les efforts qui convenaient pour occuper ce temps libre. Aux opposants parents d’élèves il avait même lancé, en colère, un retentissant « occupez-vous de vos enfants ! » Bon gré, mal gré, le périscolaire s’est installé dans les écoles et elles pourraient, peut-être, être mises à contribution pour 2018. Certains sont sceptiques. Comme ce parent qui nous confiait « à part la balle au prisonnier, ils ne font pas grand-chose ! » En même temps si leur petit finit aux Baumettes, ça peut servir.
La belle idée de Bertrand
Il s’est rendu compte que son institution avait à disposition un nombre de véhicules supérieur à ses réels besoin. Il a donc écouté cet habitant qui lui avait dit « qu’il ne pouvait pas travailler, car il n’avait pas de voiture. Lorsque j’ai été élu à la région, je me suis aperçu qu’il y avait une centaine de voitures en trop, j’ai décidé d’en vendre 60 et d’en garder 40 pour lancer ce dispositif.» L’élu qui parle ainsi s’appelle Bertrand, Xavier de son prénom, à ne pas confondre avec un homonyme marseillais, directeur de cabinet de Jean-Claude Gaudin. Le président de la région Les Hauts de France a décidé de mettre à la disposition de ceux qui trouvaient un emploi mais ne pouvaient se déplacer, des véhicules pour deux euros par jour. C’est vrai qu’on aurait pu penser ici au parc automobile municipal où il y a eu jusqu’à deux milles véhicules, avant que le maire ne se sépare de cette casserole roulante.
Restauration et saleté rapide
La Canebière en son débouché sur le Vieux-Port va accueillir un nouvel établissement de restauration rapide. On s’en réjouit, autant qu’on en est désolé. Il suffit de regarder les abords de ces commerces. Un exemple à la gare où une de ces échoppes donne à la fois dans le hall d’attente et sur le parvis. A l’extérieur, c’est une véritable porcherie avec poubelles vomissant leur trop-plein, papiers gras livrés au vent, flaque ou tache de boisson gazeuse sur le marbre. Si le paysage est imprenable avec Notre-Dame dominant la ville au-dessus de l’escalier monumental du XIXème siècle, et si on peut aussi se réjouir en regardant les quelques photos de Marseille prises par satellite que nous offrent le CNES et la SNCF associés, on est accablé par la saleté des lieux. Ne peut-on imaginer que l’hygiène de ces espaces concédés, soit prise en charge par ces spécialistes de la restauration rapide et massive. Des galeries marchandes comme celle de Grand Littoral, de la Valentine ou encore du Centre-Bourse ont survécu à l’assaut des hamburgers sauce ketchup et des frites, pourquoi la gare nationale et internationale ne s’engagerait-elle pas sur cette voie-là.
Tout fout le camp
Tous les chemins mènent à Riom. C’est un peu ce que doit se dire François Girard qui vient de reconnaître devant cette juridiction, en appel, qu’il était parfaitement informé du projet d’assassinat du juge Michel, en 1981. A 68 ans après avoir purgé près de 30 ans de détention celui qu’on appelait « le blond » va retrouver la liberté. L’administration, qui l’avait en charge dans la prison de Moulins dans l’Allier, parle d’un détenu exemplaire. Il savait faire respecter l’ordre dans le bâtiment où il était détenu, dit-on aussi. Une de ces figures à l’ancienne qui savait que le silence est d’or. A son procès lorsqu’un témoin à charge passa devant lui, il murmura « fromage que tu es » pour signifier à l’homme qu’il puait en dénonçant les autres. Le président Fayolle aurait aimé, cet après-midi-là, que Girard répète cette insolite expression. Il ne le fit pas. Depuis du sang est passé sous les ponts du grand banditisme. On ne tue plus les juges, mais on règle ses comptes en pleine ville ou sur l’autoroute. La french connexion n’existe plus, mais le trafic de drogue n’a jamais été aussi florissant. On dit aussi que les nouvelles générations ne savent donner la parole qu’aux seules armes. Silence on tue.