Au bal des ego, le tango est roi
La pratique des chaînes d’info continue à aggraver leur cas. Un micro, un ersatz d’idée, quelques secondes et le tour est joué et voici quelques politiques de troisième division qualifiés pour la ligue des champions. On rétorquera que le succès est inégal sur nos petits écrans. Prenons la série Marseille de Netflix. Elle s’est rapidement soldée par un fiasco. Sans doute parce que la fiction n’a pas pu rattraper l’affliction dans laquelle les Marseillais ont été souvent plongés avec les diverses gouvernances locales. A contrario « Les Marseillais » commedia dell’arte de 26ème zone perdure, sur W9 depuis novembre 2012, une mandature dont la ville se passerait bien vue l’affligeante image qu’elle donne des… Marseillais. La concurrence est donc aussi rude qu’inégale sur nos écrans. Laurence Sterne estimait que « si la cause est bonne c’est de la persévérance. Si la cause est mauvaise c’est de l’obstination ». Ils sont sans doute sur les rives du Vieux Port quelques-uns à avoir entendu l’écrivain. Samia Ghali, habituée de BFM, CNews et autres LCI, qui a pris ses distances avec le PS ne s’interdit toujours rien et s’appuie sur sa « connaissance approfondie » de sa ville pour prétendre au fauteuil de maire. Christophe Madrolle ex-Modem devenu écolo (mais en conflit ouvert dans l’UDE) se positionne lui comme un recours possible si La République en Marche faisait du sur place pour désigner un leader. Bruno Gilles enfin, seul contre une grosse partie de sa famille politique qui assure que sa volonté peut renverser les sept collines sur laquelle la ville est bâtie. Au poker on appelle la manœuvre « suivre pour voir ». Aux échecs c’est plus compliqué. Mais tant qu’on passe à la télé…
Les spécialistes de la spécialité
La photographie a dû en faire sourire quelques-uns. On y voit Martine Vassal entourée des experts à qui elle a confié le soin de bâtir un projet pour Marseille. Des spécialistes dont l’expertise peut pour certains être discutée, mais comme on ne doit pas désespérer Billancourt il n’est pas charitable de saper les bonnes volontés. D’autant que la protégée de Jean-Claude Gaudin et de sa garde rapprochée assure être en capacité d’attirer à elle toutes les forces vives et créatives que compte Marseille. La preuve 400 Marseillais ont été sollicités pour produire des idées comme naguère on interrogeait les CIQ. On n’évoque plus cependant le rêve qu’un Jean-François Mattei (ex-ministre et adjoint au maire) imaginait au début des années 90 plaçant la ville au cœur d’une Californie française. On a l’ambition généreuse mais encore générique : en finir avec la pollution, faire reculer la voiture, régénérer le centre-ville, doper les quartiers… et puis et surtout faire de Marseille une capitale européenne. Penser de l’Atlantique à l’Oural en passant par Marseille. Attention le projet est ficelé mais il reste quelques nœuds à défaire. « Rassembler son camp » comme le radote à l’envi Gaudin. Ecarter quelques nuisibles atteints par l’âge ou les scandales, sans le crier sur les toits. Gommer quelques scories du passé en ravalant la façade du centre-ville. Penser métropole mais, mezzo voce, pour ne pas effaroucher le Mimétain, le Vitrollais, ou le Gardannais. Se réclamer de LR mais suffisamment bas pour ne pas être placé en cœur de cible. Utiliser la puissante communication du conseil départemental mais avec l’habileté du funambule. Et puis et surtout taper dans l’héritage en faisant discrètement en famille un tri préalable. Pour qualifier la démarche, on utilisera sans réserve un adjectif et un substantif : nouveau et renouveau. Ceux qui ont les lèvres gercées par le Mistral sont priés de s’adresser à une pharmacie. Martine Vassal a fait lors de sa déclaration le service minimum. Du passé elle n’assume que sa délégation aux emplacements. Pour son concurrent Bruno Gilles, elle l’a eu au téléphone et ils se sont écoutés sans pour autant s’entendre. Pour demain elle abandonnera élue la présidence du conseil départemental mais pas de la Métropole. Elle a choisi de s’exprimer entre Mucem et cathédrale devant un horizon de carte postale. L’envers du décor, on verra plus tard.